RD Congo: Exactions contre la population civile dans le territoire de Masisi

Le territoire de Masisi est le théâtre de violences récurrentes et d’une insécurité permanente, qui forcent les populations à fuir leurs villages.

3 min

Vendredi 27 septembre 2013, des groupes armés se sont affrontés dans la chefferie Osso-Banyungu, dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC)

Des attaques à l’encontre de la population ont également eu lieu dans les localités de Butemure, Lwibo, Bikudje, Majengo et Katiri. Médecins Sans Frontières (MSF) a immédiatement organisé des cliniques mobiles afin de procurer des soins d’urgence aux personnes affectées par ces violences et appelle les groupes armés à respecter les populations civiles conformément au droit international humanitaire.
L’attaque de vendredi dernier aurait fait plusieurs dizaines de victimes, y compris des femmes et des enfants. Plusieurs personnes seraient blessées. Il est difficile de confirmer le nombre de morts, de blessés et de disparus car de nombreux villageois ont pris la fuite dans la brousse par peur de nouvelles attaques. « J'ai entendu les voisins qui criaient que la milice arrivait. J'ai couru jusqu'au champ pour rejoindre mon mari. Mais en arrivant sur place, aucune trace de lui. Je n’ai trouvé que son chapeau et ses outils tâchés de sang », a confié une villageoise. D’autres ont déclaré au personnel de MSF que près de 46 élèves et 3 enseignants auraient été enlevés après que leur école ait été incendiée.
Au cours du raid armé, un pont a été détruit alors que des habitants l’empruntaient pour prendre la fuite. « J’ai vu mon fils tomber du pont. Des hommes armés ont donné des coups de machette pour casser les derniers cordages qui maintenaient le pont. Juste avant, sur le plateau, ils ont égorgé des hommes et les ont jeté dans l’eau », relate un habitant de Lwibo.

Violences récurrentes

Au lendemain de l’attaque, MSF a soigné plus de 80 patients dans la localité de Lwibo et pris en charge 9 victimes de violences sexuelles. Une équipe s’est également rendue dans la localité de Bikudje où ont été rapportés deux blessés et une trentaine de disparus.  Les équipes MSF essayent encore d’évaluer l’ampleur de ces attaques et le nombre de blessés afin d’adapter leurs réponses médicales. « Plusieurs villages ne sont accessibles qu’à pied et nous craignons d’arriver trop tard. Néanmoins Il apparait déjà de manière évidente que des exactions ont été commises contre la population civile et nous ne pouvons rester silencieux face à cela », s’indigne Bertrand Perrochet, chef de mission MSF en RDC. « Les groupes armés présents dans la région doivent respecter les populations civiles conformément au droit international humanitaire » ajoute-t-il.
Le territoire de Masisi est le théâtre de violences récurrentes et d’une insécurité permanente, qui forcent les populations à fuir leurs villages. En août, plus d’un million de personnes déplacées ont été dénombrées dans le Nord Kivu.
MSF soutient l’hôpital général de référence de Masisi depuis 2007 et y offre des soins de santé primaires et secondaires gratuits. Entre janvier et août 2013, MSF y a hospitalisé plus de 8800 patients, effectué 1717 interventions chirurgicales et plus de 86000 consultations.MSF développe également des cliniques mobiles dans la région en fonction de l’évolution des besoins.