Sommet mondial de l’alimentation voué à l’échec si les gouvernements continuent de négliger le financement de la malnutrition infantile

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Rome/Genève, le 11 novembre 2009 - Selon un rapport publié aujourd’hui par MSF, les fonds versés par les pays riches pour combattre la malnutrition demeurent inchangés depuis sept ans. Ils représentent à peine trois pour cent des fonds nécessaires pour réduire les 3,5 à 5 millions de décès causés chaque année par la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.

Le rapport révèle également un énorme gaspillage au sein du système de l’aide alimentaire. Selon MSF, le manque de financement accordé à la nutrition pourrait être comblé en réattribuant une partie des fonds existants au groupe le plus vulnérable, à savoir, les enfants de moins de cinq ans.
Ce rapport, publié avant le Sommet mondial de l’alimentation à Rome, indique comment un effort international visant à prévenir la malnutrition infantile a tout simplement été privé de financement, alors que cette maladie peut provoquer des handicaps à vie, si ce n’est la mort. Les pays riches ne dépensent que 350 millions de dollars US par an au lieu des 12,5 milliards de dollars US nécessaires, selon la Banque mondiale, pour combattre adéquatement la malnutrition dans les 36 pays sévèrement touchés par ce fléau et les 32 pays à forte prévalence.
 « Ce serait une erreur colossale, si, au Sommet mondial de l’alimentation, les efforts visant à stimuler la production alimentaire locale ne s’accompagnent pas d’un engagement à améliorer et à intensifier les programmes nutritionnels », déclare Stéphane Doyon, responsable de la nutrition pour MSF et co-auteur du rapport. « Ce rapport montre bien que les interventions ayant un réel impact positif contre la malnutrition restent gravement sous-financées. »
MSF s’est servie des données de l’OCDE, de la Commission européenne, de la Banque mondiale, de la Fondation Gates et d’UNITAID pour analyser les flux de financement des principaux bailleurs de fonds internationaux. Bien que des milliards de dollars alloués à l’aide internationale aient été soi-disant consacrés à l’ « aide alimentaire pour le développement ou sécurité alimentaire» ou à l’« aide alimentaire d’urgence », moins de deux pour cent sont octroyés aux interventions ciblant spécifiquement la réduction de la malnutrition infantile. Qui plus est, les fonds existants sont gaspillés à cause de pratiques inefficaces, comme la politique gouvernementale des États-Unis d’envoyer à l’étranger une aide alimentaire en nature, ce qui, selon les estimations, a coûté 600 millions de dollars US de plus que si les denrées alimentaires avaient été achetées sur place.
« A cause d’un manque d’efforts ciblés, de jeunes enfants reçoivent une alimentation inappropriée qui ne contient pas les nutriments essentiels dont ils ont besoin pour prévenir une malnutrition sévère », explique Stéphane Doyon. Il serait possible d’augmenter même partiellement les financements rien qu’en améliorant l’efficacité des politiques des gouvernements contributaires. »
Aujourd’hui, les auteurs du rapport expliquent que les gouvernements peuvent améliorer l’aide alimentaire en utilisant des denrées alimentaires plus récentes et plus chères, mais présentant un apport nutritionnel adapté aux jeunes enfants. Les organisations internationales, y compris MSF, ont prouvé que la malnutrition sévère peut être évitée et soignée à une très grande échelle.
En 2008, MSF a soigné plus de 300 000 enfants mal nourris dans 22 pays. La malnutrition réduit les résistances immunitaires et augmente le risque de mourir de pneumonie, de diarrhée, du paludisme, de la rougeole ou du Sida.