Sri Lanka: MSF soigne des centaines de blessés en provenance de la zone de combat

Hôpital de Vavuniya, Février 2009.

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Genève/Colombo, 21 Avril 2009. Au cours de ces dernières 36 heures, les chirurgiens de MSF et le personnel du Ministère de la Santé ont travaillé sans relâche pour soigner plus de 400 blessés de guerre arrivés à l’hôpital de Vavuniya, située dans la zone sous contrôle gouvernemental au nord du Sri Lanka.

Alors que nous soignons 200 blessés par semaine depuis un mois, nous en avons reçu 400 aujourd’hui 21 avril. Les patients arrivent de la zone de guerre par bus entiers et sont amenés soit à l’hôpital soit aux camps gérés par le gouvernement. « Les bus continuent d’arriver et déchargent parfois des cadavres car certains blessés sont morts durant le voyage », déclare Karen Stewart, volontaire de MSF actuellement à Vavuniya. Plus de 30 personnes sont décédées au cours de leur trajet vers l’hôpital le lundi 20 avril.
Ces derniers jours, 25 000 à 40 000 personnes auraient quitté la zone de conflit dans la région du Vanni. Néanmoins, des dizaines de milliers de personnes restent prises au piège des combats qui opposent les forces gouvernementales aux forces rebelles des Tigres tamouls. Les blessés arrivant à l’hôpital de Vavuniya ne représentent qu’une partie du nombre total de blessés qui sont sortis de la zone ou qui se trouvent encore dans la zone de conflit, privés d’assistance médicale.
« Tout le monde ou presque a laissé un proche dans la zone de guerre », explique Karen Stewart. « Ils racontent des choses terribles, comme le fait d’être enfermé dans un bunker alors qu’une bombe éclate et tue la moitié des personnes présentes. »
À Vavuniya, l’hôpital est saturé. Rien qu’au mois de mars, 90 % des 800 interventions chirurgicales pratiquées par les chirurgiens de MSF et les chirurgiens de l’hôpital concernaient des personnes blessées par balles ou par éclats d’obus. Plus de 1 200 patients sont accueillis dans un hôpital d’une capacité légèrement supérieure à 400 lits. « La situation est chaotique », affirme Karen Stewart, « les lits collés les uns aux autres ressemblent à un seul lit géant. Au lieu d’avoir une personne par lit, nous en avons deux, auxquelles s’ajoutent un patient sous chaque lit. De nombreuses personnes sont également couchées sur des matelas dans les couloirs. »
Les personnes qui arrivent des zones de combats sont installées dans des camps temporaires gérés par le gouvernement. Les camps ont atteint les limites de leur capacité. Chaque famille est regroupée dans un espace restreint. « Ils arrivent et sont placés dans un camp qu’ils ne peuvent pas quitter et d’où ils ne peuvent pas appeler leur famille », déclare Karen. « Ils sont blessés, amaigris, désorientés et n’ont pas de moyen de communication. Mari et femme peuvent être dans deux camps distincts sans jamais le savoir ».
MSF appelle toutes les parties au conflit à autoriser les organisations humanitaires indépendantes à offrir une assistance médicale aux blessés dans la zone de guerre, et leur demande d’aider à évacuer les victimes vers des hôpitaux où on pourrait les soigner. Des dizaines de milliers de civils restent pris au piège des combats. Il incombe aux deux parties de trouver une solution afin d’épargner les civils et de leur offrir un accès aux soins médicaux.