Sud Soudan: des milliers de civils fuient les combats

MSF dénonce fermement l’attaque ciblée contre des structures médicales neutres et impartiales.

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Juba / Bruxelles, 3 Janvier 2012 – Un nouvel épisode de violences intercommunautaires dans l'Etat de Jonglei, au Soudan du Sud, a contraint des milliers de familles à fuir en brousse. Deux structures médicales de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été ciblées et l'organisation humanitaire médicale a dû suspendre temporairement ses activités, alors que les besoins médicaux sont criants dans le district de Pibor.

« Des milliers de personnes ont fui Lekongole et Pibor la semaine dernière. A présent, ils se cachent en brousse et craignent pour leur vie », a déclaré Parthesarathy Rajendran, chef de mission de MSF au Soudan du Sud. « Ils ont fui à la hâte et n'ont ni eau ni nourriture, certains d'entre eux sont probablement blessés alors qu’ils sont isolés, loin de toute assistance humanitaire. »
Le village de Lekongole a été rasé et une équipe de MSF, qui a évalué la situation à Pibor le 28 Décembre, décrit une « ville fantôme », la population ayant fui dans la campagne environnante. Les habitants étant cachés en brousse, nous n’avons pas la possibilité de soigner les blessés, traiter les malades et fournir des soins de santé primaires. Plus ils resteront en brousse, plus la situation des blessés ou des malades va s’aggraver.
Au cours des violences, deux structures médicales de MSF ont été pillées et endommagées : le dispensaire du village de Lekongole, le 27 décembre, et la clinique de la ville de Pibor, le 31 décembre. A notre connaissance, une troisième clinique MSF, située dans le village voisin de Gumruk, n'a pas été touchée. Ces trois installations médicales sont les seuls centres de santé disponibles pour les quelque 160 000 personnes du district de Pibor, l’autre établissement médical le plus proche se trouvant à plus de 100 km.
MSF dénonce fermement l’attaque ciblée contre des structures médicales neutres et impartiales. Présente au Soudan depuis une trentaine d’années, l’organisation fournit une aide médicale neutre dans le pays, et travaille auprès de différentes communautés, prodiguant des soins sans distinction d’appartenance ethnique, religieuse ou politique. Pourtant, ces deux récents incidents ne sont pas les premiers: une autre structure médicale de MSF à Pieri, dans le nord du Jonglei, a également été pillée et brûlée en août dernier. Suite à cet incident, MSF avait soigné 157 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
Dix membres expatriés de MSF avait déjà été relocalisés à Juba le 23 décembre, juste avant l’éruption du dernier épisode de violence. Quant aux 156 personnels nationaux de l’équipe, il leur avait été fortement conseillé de quitter leur ville ou village et de trouver refuge ailleurs dans la région.  Bien que MSF ait pu établir le contact avec certains d’entres eux, la grande majorité de ceux qui ont fuit dans le sillage de leurs familles et voisins restent injoignables. On ignore précisément où ils se trouvent et MSF s’inquiète vivement de leur sort.
Nos équipes se tiennent néanmoins prêtes à retourner sur place et reprendre leurs activités de soins d’urgence le plus tôt possible.
« Le Soudan du Sud est actuellement en proie à plusieurs situations d’urgence », ajoute Rajendran. « Nos équipes médicales interviennent également auprès des réfugiés qui fuient le Soudan voisin. Tous ces événements nous rappellent concrètement que malgré l’indépendance, le Soudan du Sud reste dans une situation d’urgence aiguë où l’aide humanitaire d’urgence demeure une priorité absolue. »
MSF travaille au Soudan depuis 1978 et mène des activités dans la région devenue le Soudan du Sud depuis 1983. MSF travaille aujourd’hui dans 8 des 10 états que compte le Soudan du Sud, fournissant des soins médicaux au sein de 15 projets grâce à quelque 2500 employés nationaux et 200 employés internationaux.
MSF et les structures qu’elle soutient au sein de différentes communautés apporte des services de santé gratuits et ouverts à tous. En 2010 les équipes de MSF ont mené 588 000 consultations à travers le pays, soigné 37 000 patients du paludisme, prodigué 20 000 accouchements, pris en charge 18 000 patients hospitalisés et traité près de 26 000 enfants malnutris de moins de cinq ans.