Syrie: Bombardement d’un marché près de Damas, 550 blessés

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MSF exhorte les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies à faire cesser les massacres en Syrie.

Médecins Sans Frontières (MSF) annonce qu'au moins 70 personnes ont été tuées et 550 autres blessées lors d'un raid aérien sur un marché de la zone assiégée de Douma, près de Damas, en Syrie. L'hôpital de fortune le plus proche ayant été lui aussi bombardé la veille, les personnels médicaux peinent à faire face à l'afflux de blessés. MSF craint que l'intensification des bombardements observée dans le nord et le centre de la Syrie depuis octobre dernier provoque d’autres carnages dans les zones assiégées autour de Damas, où près d'un million de personnes vivent piégées, sans aucune possibilité de fuite, ni d'évacuation médicale.
Après les premiers raids aériens, les équipes médicales tentant de venir en aide aux blessés ont été prises elles aussi sous les feux des bombardements, ce qui a encore compliqué les secours. Environ 250 patients ont besoin de soins chirurgicaux et 300 autres ont été pris en charge dans d’autres services. Les équipes médicales sur place ont dit n'avoir jamais vu un tel carnage.

Le nombre blessés dépassait les capacités de l’hôpital

«Le bombardement a été extrêmement violent» rapporte le directeur d'un l'hôpital situé non loin du marché. Cette structure, soutenue par MSF, a pris en charge la première vague de blessés. «Les blessures étaient pires que tout ce que nous avons pu voir auparavant ; il y a eu beaucoup de morts. Nous avons dû procéder à de nombreuses amputations. Beaucoup de blessés perdaient énormément de sang, ce qui signifie que nous avions besoin de grandes quantités de perfusions intraveineuses et de poches de sang. Nous avons fait de notre mieux pour faire face, mais le nombre de blessés dans un état critique allait bien au-delà de ce que nous pouvions faire avec nos moyens limités.»
Depuis le début de la guerre, le bombardement des hôpitaux en Syrie est tellement répandu que nombre de structures médicales évitent de concentrer tous leurs services au même endroit, ou les installent au sous-sol pour limiter leur exposition. Le 29 octobre dernier, l'entrée principale de l'hôpital de fortune de Douma avait elle-même été touchée par des bombardements qui ont fait 15 morts et 50 blessés. Parce que les services de cette structure avaient été récemment répartis sur plusieurs bâtiments, l'hôpital de Douma a été en mesure de prendre en charge une partie de l'afflux de blessés du marché. Mais le nombre de victimes du bombardement d'hier est tel qu'aucun hôpital seul ne peut y faire face. Six autres hôpitaux de fortune ont donc déclenché des plans de prise en charge d'afflux massif de blessés.

Les populations civiles sont délibérément ciblées

Depuis le début de l'année 2015, les bombardements sur les infrastructures civiles, comme les hôpitaux ou les marchés, se sont nettement intensifiés dans les zones assiégées autour de Damas. A ce jour, près de 40% des victimes de guerre, tuées ou blessés, et prises en charge dans les hôpitaux et centres médicaux soutenus par MSF dans la zone de l'Est-Ghouta sont des femmes et des enfants âgés de moins de 15 ans. Ce pourcentage très élevé de civils tués ou blessés s'explique par le ciblage répété de zones densément peuplées et aussi par le fait que, dans les zones assiégées, les populations sont devenues des cibles humaines captives, sans échappatoire.
«Ce bombardement massif sur un marché bondé et la destruction répétée des rares installations médicales en état de fonctionnement enfreignent les règles de la guerre» dénonce Brice de le Vingne, directeur des opérations pour MSF en Syrie. «Dans deux des quartiers assiégés de l'Est-Ghouta, des hôpitaux de fortune ont été très fréquemment bombardés ; pour la quatrième fois depuis le début de l'année, MSF apporte un soutien financier et logistique essentiels à la remise en état de ces structures. Avec les snipers qui empêchent les personnes de s'échapper des zones assiégées, une campagne d'attaque aérienne signifierait le massacre immédiat de la population prise au piège».

Une demande: «cessez le massacre»

Juste après le bombardement du marché, MSF a envoyé des poches de perfusion intraveineuse à l'hôpital de Douma et a aussi assuré un approvisionnement en essence aux équipes ambulancières ayant pris en charge les blessés. MSF pourrait également faire d'autres donations médicales d'urgence et assurer des consultations médicales pour les personnels de santé.
MSF exhorte les membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies à respecter le mandat de protection qui leur a été confié et à faire cesser immédiatement les massacres liés à l'intensification des campagnes de bombardement en Syrie.
MSF gère six structures médicales dans le nord de la Syrie et soutient directement plus de 150 postes de santé et hôpitaux de campagne à travers le pays, et plus particulièrement dans les zones assiégées. Il s'agit la plupart du temps de structures de fortune, sans personnel MSF, mais à qui l'organisation fournit un soutien matériel et des formations à distance afin d'aider les médecins syriens à répondre aux très importants besoins médicaux. Ce réseau de soutien a été construit sur les quatre dernières années.