Syrie: la pénurie de carburant met en danger les structures de santé dans le nord du pays

«Avec de nombreux hôpitaux qui risquent désormais de fermer, les vies de nombreux syriens sont encore plus en danger.»

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La pénurie de carburant impacte lourdement les services quotidiens aux civils, en particulier les activités médicales de secours dans le nord de la Syrie, dit l’organisation humanitaire internationale MSF.

De nombreuses structures de santé et organisations d'aide humanitaire ont dû stopper ou fortement réduire leurs activités en raison du manque de carburant pour alimenter les générateurs d'électricité et les moyens de transport. Avec la coupure des routes d’approvisionnement du carburant ces derniers jours en raison de combats entre groupes armés au nord de la Syrie, le diesel est de plus en plus difficile à obtenir depuis le 14 juin, et les prix ont augmenté de près de 500%. Parallèlement, les prix des autres produits sur les marchés ont également augmenté, et la pénurie de carburant a interrompu la production de produits alimentaires de base comme le pain.
A Hama et Idlib, les administrations sanitaires ont respectivement lancé un appel de détresse urgent les 15 et 16 juin, annonçant que leurs structures de santé réduisaient leurs activités en raison de la pénurie de carburant et qu'ils pourraient être contraints de fermer dans les prochains jours si aucun carburant n’était disponible. Des hôpitaux dans d'autres zones ont également appelé à l'aide, tandis que la Défense civile syrienne a averti que ses activités d'aide pourraient s’arrêter à Alep, Hama, Idlib et Lattaquié en raison du manque de carburant.
«La situation médicale dans le Nord de la Syrie était déjà difficile pour la population», déclare Dounia Dekhili, responsable des programmes Médecins Sans Frontières (MSF) pour la Syrie. «Avec de nombreux hôpitaux qui risquent désormais de fermer, les vies de nombreux syriens sont encore plus en danger. Le carburant est indispensable pour faire fonctionner les pompes à eau pour l'eau potable, pour faire fonctionner les incubateurs pour les nouveau-nés et pour les opérations de secours des ambulances.»
Alors que l'hôpital de MSF à Atmeh dans le gouvernorat d’Idleb, a des quantités de carburant suffisantes pour encore quelques semaines, les équipes sur place ont dû prendre des mesures pour réduire la consommation. MSF a reçu plusieurs demandes de carburant d'un certain nombre d'hôpitaux soutenus par l’organisation dans le nord de la Syrie et a commencé à faire des donations de carburant. 6200 litres de diesel ont jusqu'ici été fournis à 15 structures de santé situées dans les gouvernorats d’Alep, Idlib et Hama, tandis que 880 litres d'essence ont été fournis pour les services d'ambulance.
MSF évalue les besoins des autres hôpitaux qu'elle soutient dans le nord de la Syrie et continue de suivre la situation, même si la communication avec certains hôpitaux où les générateurs sont déjà à l’arrêt est devenue impossible.
«Le soutien que nous apportons n’aura qu’un impact à court terme», explique Dounia Dekhili. «Nous appelons à une mobilisation de l'assistance en carburant qui réponde aux besoins massifs et immédiats de la population syrienne, pour permettre aux services essentiels tels que les hôpitaux, les ambulances et les boulangeries de continuer de fonctionner.»
MSF gère cinq installations médicales à l'intérieur de la Syrie et apporte un soutien direct à plus de 100 cliniques, postes de santé et hôpitaux de campagne. MSF prend également en charge les patients en provenance de Syrie qui ont fui le pays vers la Jordanie, le Liban et l'Irak.