Bangui : 10 jours après le début des violences, le point sur les activités d’urgence de MSF
© Samuel Hanryon/MSF
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Le 5 décembre 2013, de violents affrontements secouaient Bangui, la capitale centrafricaine, faisant plusieurs centaines de morts. Dès les premières heures, MSF répondait à l’afflux de blessés et continue à le faire. Les équipes se sont également mobilisées pour répondre aux besoins urgents des populations déplacées par les violences.
Dans la matinée du 5 décembre, les équipes de MSF intervenaient à l’hôpital Communautaire de Bangui, principale structure de la ville, en appui au personnel du ministère de la Santé. La semaine précédent les combats les plus violents, MSF y avait réhabilité un bloc chirurgical et pré- positionnée une équipe. Au cours des premières heures, nos équipes ont fait face à un flot ininterrompu de patients, qu’il a fallu parfois stabiliser à même le sol ou sur les bancs de la zone de triage. Plus d’une centaine de blessés ont alors été pris en charge. Dans le même temps, des évaluations étaient menées dans plusieurs quartiers de la ville et des patients blessés transférés vers l’hôpital Communautaire.
Dix jours plus tard, MSF a pris en charge au total 390 blessés à l’hôpital Communautaire où plus de 200 opérations chirurgicales ont été effectuées. Les tensions des premiers jours ont depuis diminué avec, notamment, le départ des hommes en armes qui stationnaient devant la structure. Le flux de blessés a lui aussi régressé avec la diminution, relative, des violences. Sept tentes (100 lits) ont été installées dans l’enceinte de l’hôpital afin de renforcer la capacité d’hospitalisation initiale.
Dès le 7 décembre, MSF est intervenue au Centre de Santé CASTOR, qui faisait essentiellement office de maternité avant la crise. Nos équipes appuient les activités de santé maternelle (consultations prénatales et accouchements) et ont développé des activités chirurgicales, afin de renforcer les capacités de prise en charge des blessés dans la capitale. A ce jour, 124 blessés y ont reçu des soins et une vingtaine d’opérations chirurgicales y ont été effectuées.
Outre la prise en charge des blessés, les équipes MSF ont rapidement été confrontées aux déplacements massifs de populations fuyant les violences et les pillages. Selon le bureau des Nations Unies en charge de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 189 000 personnes seraient actuellement déplacées, soit un habitant de Bangui sur quatre.
Réponse aux besoins médicaux des déplacés
Une quarantaine de sites de regroupement de déplacés ont été répertoriés sur Bangui. MSF travaille dans 3 d’entre eux, en se concentrant principalement sur les besoins médicaux des enfants âgés de moins de 5 ans, des femmes enceintes et des blessés.
20 000 personnes déplacées vivent dans le camp de Don Bosco. MSF y a creusé des latrines, amélioré l’approvisionnement en eau et effectué 548 consultations médicales. Au sein du monastère de Boye Rabe, où 12 000 déplacés se sont regroupés, nos équipes ont aidé à la réorganisation du centre de santé. Depuis le 8 décembre, plus de 1300 consultations y ont été effectuées, la moitié concernait des enfants âgés de moins de 5 ans.
Mais c’est dans le camp de Mpoko, en lisière de l’aéroport de Bangui, que la situation humanitaire est aujourd’hui la plus dramatique. Plus de 45c000 déplacés y vivent dans la boue et sous des bâches de fortune, sans qu’une assistance matérielle suffisante n’y soit déployée. Dès le 7 décembre, MSF y est intervenue et a progressivement installé un dispensaire dans les locaux de la sûreté aéroportuaire. Près de 400 consultations y sont désormais effectuées quotidiennement, contre environ 200 les premiers jours.
Une salle de fortune a été aménagée pour la petite chirurgie, afin de soigner les blessures les moins sévères. On y stabilise aussi les patients les plus critiques avant de les transférer vers les deux structures hospitalières où MSF travaille. Des centaines de blessés ont ainsi été pris en charge. Dans une seconde salle, trois médecins consultent sans relâche. Enfin, une troisième salle a été aménagée pour les accouchements (32 à ce jour). A l’extérieur, trois tentes (dont une fait office de maternité) permettent désormais l’hospitalisation des patients.
Les nombreux cas de paludisme, d’infections respiratoires et de maladies diarrhéiques témoignent de la dégradation des conditions de vie au sein de ce camp. Restés longtemps sans latrines ni assistance alimentaire, dépourvus d’abris et de moustiquaires, les déplacés de l’aéroport survivent sans assistance adaptée, à la hauteur des besoins. Les enfants de moins de cinq ans, les mères isolées et les femmes enceintes sont les principales victimes de cet abandon.
Présente en RCA depuis 1997, MSF gère actuellement sept projets réguliers (à Batangafo, Boguila, Carnot, Kabo, Ndéle, Paoua et Zémio) et quatre projets d’urgence (à Bangui, Bossangoa, Bouca et Bria). De plus, une équipe d’urgence mobile couvre les zones de Bouar, Yaloké et les camps de déplacés de Bangui. D’ici la fin de l’année, MSF espère pouvoir initier des activités dans les hôpitaux de Bangassou et Ouango. Au total, nous offrons aujourd’hui des soins médicaux gratuits à environ 400 000 personnes ; proposons une capacité hospitalière d’environ 800 lits ; travaillons dans 7 hôpitaux, 2 centres de santé et 40 postes de santé ; et comptons plus de 100 personnels expatriés et environ 1100 personnels centrafricains dans nos équipes.
© Samuel Hanryon/MSF