Cabo Delgado : vivre dans la peur après cinq ans de conflit

Vertriebene aufgrund des Konflikts

Mozambique3 min

Près d'un million de personnes sont déplacées dans le nord du Mozambique après avoir fui leur foyer en raison du conflit qui a débuté dans la province de Cabo Delgado en octobre 2017. De nombreuses personnes ont été déplacées plusieurs fois, laissant derrière elles leurs biens, leurs moyens subsistance, leurs proches et leurs communautés. Survivre au cœur d’un conflit qui se prolonge, avec peu ou pas de perspective d'un avenir stable, a de profondes conséquences sur la santé mentale.

Cinq ans plus tard, certaines communautés de Cabo Delgado vivent toujours dans une peur constante et continuent de subir des violences et des traumatismes. Beaucoup ont été témoins de meurtres, d'autres ont perdu le contact avec leurs proches. « Nous sommes séparés de notre famille et du reste de notre peuple », déclare un chef communautaire de Mocímboa da Praia, un district du nord de Cabo Delgado. Il a dû repartir de zéro à maintes reprises, et vit actuellement dans un campement temporaire dans le district de Palma. Tatiane Francisco, responsable des activités de santé mentale, explique que, dans nos projets de santé mentale, les gens consultent principalement à cause de stress aigu et d'anxiété dus à l'incertitude, ainsi que de deuil. « Les histoires que les populations nous rapportent concernent des mères qui ont dû laisser leurs enfants alors qu’elles tentaient de fuir, et elles ne savent pas comment ils vont aujourd'hui », explique Tatiane.

Tatiane Francisco, responsable des activités de santé mentale MSF ©Mariana Abdalla/MSF

Tatiane Francisco, responsable des activités de santé mentale MSF ©Mariana Abdalla/MSF

Maria Maleve, originaire d'Ancuabe, est arrivée dans la ville de Montepuez en juillet après une flambée de violence qui a fait fuir plus de 80 000 personnes. « Lorsque la guerre a éclaté, nous avons couru dans tous les sens, raconte Maria. Je suis arrivée ici seule, avec un enfant que j'ai trouvé en chemin. Son père a été abattu. Sa mère a été enlevée. J'aimerais que la guerre soit terminée pour que nous puissions retourner sur notre terre. » Comme Maria, de nombreuses personnes rêvent de rentrer chez elles et de reconstruire leur vie en tant qu'agriculteurs, pêcheurs et membres de la communauté.

« Je suis arrivée ici seule et avec un enfant que j'ai trouvé en chemin. Son père a été abattu. Sa mère a été kidnappée. » - Maria Maleve, personne déplacée d'Ancuabe vivant actuellement à Montepuez.©Mariana Abdalla/MSF

« Je suis arrivée ici seule et avec un enfant que j'ai trouvé en chemin. Son père a été abattu. Sa mère a été kidnappée. » - Maria Maleve, personne déplacée d'Ancuabe vivant actuellement à Montepuez.©Mariana Abdalla/MSF

« Certaines personnes ont le courage et le désir de retourner d'où elles viennent, mais d'autres, en raison du type d'événements qu'elles ont vécus, préfèrent ne pas prendre le risque rentrer tant qu'elles ne sont pas sûres que les choses sont rentrées dans l’ordre, explique Josuel Moreira, psychologue MSF à Palma. On ne peut même pas parler de stress post-traumatique, car le traumatisme est toujours là. »

Josuel Moreira, psychologue MSF à Palma, mène une consultation de santé mentale.©Mariana Abdalla/MSF

Josuel Moreira, psychologue MSF à Palma, mène une consultation de santé mentale.©Mariana Abdalla/MSF

Alors que le conflit à Cabo Delgado se poursuit, les problèmes de santé mentale, ainsi que l'accès aux services de base restent un combat pour beaucoup. Depuis 2019, les équipes MSF travaillent en réponse à cette crise. Rien qu'en 2021, plus de 52 000 cas de paludisme ont été traités, près de 3 500 consultations individuelles en santé mentale ont été réalisées et plus de 64 000 personnes ont participé à des sessions de groupe en santé mentale. L'aide humanitaire est distribuée de manière disproportionnée à Cabo Delgado, une plus grande partie de l’assistance étant fournie dans le sud de la province, considéré comme plus stable. Dans certains des districts où nous travaillons, comme Macomia, Palma et Mocímboa da Praia très peu d’organisations sont présentes. Davantage doit être fait pour que les personnes vivant dans des zones difficiles à atteindre aient accès à une aide vitale. « Beaucoup de gens ont perdu non seulement leurs biens, leurs familles, mais aussi leur dignité », explique Josuel Moreira.

MSF travaille au Mozambique depuis 1984, démarrant des activités pendant la guerre civile. À Cabo Delgado, nos équipes mènent des projets à Macomia, Mocímboa da Praia, Palma et Mueda et dans les districts voisins grâce à des cliniques mobiles, comme Muidumbe, Nangade et Meluco. Notre soutien comprend des consultations de soins de santé générale, des services de santé mentale, l'amélioration de l'eau et de l'assainissement, le soutien aux hôpitaux locaux pour les soins hospitaliers et la distribution de kits de biens de première nécessité.