Donetsk: Fausses allégations du Comité Humanitaire à l’encontre de MSF
© Francesca Volpi
5 min
MSF dément fermement les fausses accusations proférées par le Comité Humanitaire de la République Populaire autoproclamée de Donetsk (DPR) concernant ses activités médicales et humanitaires.
Cela comprend des déclarations erronées concernant la mauvaise gestion des produits pharmaceutiques tels que les médicaments psychotropes ainsi que des critiques du programme de santé mentale de l’organisation et des accusations non fondées d’espionnage.
Ces 18 derniers mois, Médecins Sans Frontières (MSF) a travaillé avec acharnement à fournir des soins médicaux gratuits essentiels aux personnes affectées par le conflit des deux côtés de la ligne de front. Toutes les activités de MSF, y compris le transport, le stockage et la distribution des médicaments, ainsi que les activités de santé mentale, ont été menées en collaboration et coordonnées en permanence avec les autorités de la DPR.
Alors que MSF a reçu une notification officielle du retrait de son accréditation lui permettant de travailler en DPR le 19 octobre, aucune clarification formelle des raisons expliquant la décision de mettre fin aux activités médicales de l’organisation n’a été apportée. MSF est extrêmement inquiète de cette décision d’annuler son accréditation. Elle met fin à ses activités, ce qui va priver des milliers de personnes d’une aide médicale essentielle. Pour que des soins médicaux indispensables puissent continuer à être apportés à la population, MSF est prête à poursuivre cette collaboration avec les autorités, et réitère sa demande que cette décision soit instamment révisée.
Un soutien en santé mentale indispensable pour aider les personnes souffrant des conséquences psychologiques du conflit en Ukraine
La prise en charge psychologique est un élément clé des activités de MSF dans de nombreuses zones de conflit. MSF gérait un programme de santé mentale en DPR jusqu’en juillet 2015, lorsque le Comité Humanitaire lui a demandé d’y mettre fin. MSF était fortement en désaccord avec cette décision étant donné que le soutien en santé mentale est un élément essentiel des activités médicales pour aider les gens à faire face aux conséquences du conflit. Avant l’interdiction, MSF conseillait les patients sur les réactions émotionnelles qui suivent des événements traumatiques. L’organisation leur enseignait des outils pratiques pour gérer la peur, l’anxiété et les cauchemars. En outre, les psychologues de MSF ont formé du personnel médical et des professionnels de la santé mentale pour améliorer leurs compétences et les aider à se prémunir contre l’épuisement professionnel. En DPR, MSF a mené plus de 3 400 sessions en santé mentale, comprenant le soutien individuel, les sessions de groupe et des formations dans plus de 35 lieux différents.
Les médicaments psychotropes: un élément essentiel des kits médicaux
En accord avec les protocoles médicaux, les médicaments psychotropes sont une composante essentielle des kits médicaux fournis par MSF dans les établissements de santé où les médecins soignent les blessés de guerre, les patients souffrant de maladies chroniques telles que l’épilepsie, et les personnes atteintes de maladies mentales. Chaque kit médical contient tout ce qui est nécessaire au traitement des patients et est distribué selon les demandes formulées par les structures de santé. Les médicaments psychotropes ont été fournis aux structures de santé afin que les patients puissent les obtenir au travers de leur médecin traitant. Toutes les donations de médicaments et de matériel médical sont coordonnées avec les autorités sanitaires et leur sont également reportées.
Plus d’informations sur les activités de MSF en DPR
Depuis le début du conflit en mai 2014, MSF fait dons de médicaments et de matériel médical à 170 structures afin de garantir la prise en charge des blessés et des patients souffrant de maladies chroniques. Depuis mars 2015, en collaboration avec les autorités sanitaires locales, MSF a en outre enregistré plus de 85 000 consultations dans 40 dispensaires mobiles, offrant ainsi des soins aux personnes vivant dans des zones dépourvues de personnel médical et de médicaments. Nous sommes quasiment la seule organisation à fournir des traitements contre la tuberculose en prison, de l’insuline pour les patients diabétiques et des produits d’hémodialyse pour traiter l’insuffisance rénale. Avec la cessation de nos activités d’un jour à l’autre, des milliers de patients souffrant de maladies chroniques potentiellement mortelles recevront peu ou plus d’aide.
MSF couvre actuellement 77% des besoins en insuline des patients diabétiques âgés de plus de 18 ans qui sont dans la région sous contrôle de ladite «DPR». Les équipes fournissent également 90% des produits nécessaires pour les hémodialyses, un traitement vital pour les patients souffrant d’insuffisance rénale. Sans l’approvisionnement continu de ces traitements, de graves complications peuvent survenir pour les patients. Il n’existe pratiquement pas d’alternatives pour ces personnes depuis que MSF a arrêté ses activités.
Dans le système pénitentiaire, environ 150 patients souffrant de tuberculose multi-résistante n’auront désormais plus accès au traitement que MSF leur fournissait depuis 2011. Le risque est très grand que la santé de ces patients se détériore rapidement. Toute interruption de traitement pour les patients souffrant de tuberculose résistante réduit considérablement les chances de guérison, même si elles parviennent par la suite à reprendre leur traitement.
© Francesca Volpi