Émergence de nouvelles tendances dans les soins aux patients
© William Daniels
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Les activités médicales de MSF en Haïti reprennent lentement la voie de la "normalité" en traitant dans ses hôpitaux et ses cliniques des pathologies et des maladies plus courantes.
Vu les lacunes considérables du système de santé avant le séisme, les structures médicales d’urgence de MSF fonctionnaient déjà à plein régime. Avec l’interruption des soins médicaux les plus élémentaires, à la réalisation continuelle de pansements pour des blessures causées par le tremblement de terre s’ajoute maintenant un flot de patients souffrant de pathologies diverses.
Dans l’hôpital de Martissant à Port-au-Prince, on constate que de plus en plus d’enfants admis souffrent de diarrhée ou d’infections respiratoires. Dans la petite ville de Léogâne, les services accrus fournis par les cliniques mobiles de MSF couvrent maintenant 350 patients par jour, dont un grand nombre est admis pour des consultations plus « normales ». Dans la capitale, à l’hôpital de Chancerelle, le nombre de cas liés à la grossesse et aux problèmes obstétriques est en augmentation. L’équipe en place a transformé une petite salle d’entreposage de l’hôpital en salle de maternité supplémentaire, de manière à faire passer la capacité de 18 à 40 lits. On y met au monde 12 enfants par jour en moyenne. Ce phénomène pourrait s’expliquer par le fait que le message, selon lequel il s’agit d’un centre spécialisé en bon état de fonctionnement, circule de plus en plus au sein des habitants de la ville.
Les traumatismes psychologiques qui touchent tant de survivants de la catastrophe constituent les pathologies liées au séisme que MSF constate de plus en plus lors de ses consultations. À Léogâne et à Port-au-Prince, près de 20% des patients qui se tournent vers les cliniques mobiles souffrent de problèmes de santé mentale. Les symptômes courants sont l’anxiété, le désespoir, l’insomnie, voire la colère. Les symptômes physiques découlant du refoulement de ces émotions sont plus ou moins visibles selon la culture des personnes touchées. En Haïti, la stigmatisation liée à ces sentiments est relativement faible et par conséquent, les psychologues et psychiatres MSF rapportent que les indicateurs physiques se limitent à des maux de tête et un manque d’appétit.
Les activités en santé mentale se sont d’abord concentrées sur les personnes amputées. Quant aux soins plus généraux, ils continuent d’être une priorité en Haïti en raison du manque de lits pour les cas nécessitant des soins à plus long terme. MSF a transféré les 20 premiers patients de l’hôpital Saint-Louis vers le « village de tentes » de soins post-opératoires dans le quartier voisin de Delmas 30. L’hôpital de Bicentenaire, pour sa part, dispose maintenant de 60 lits. Les équipes mettent également sur pied une salle de traitement dédiée aux patients atteints du tétanos afin de prodiguer les soins intensifs nécessaires pour traiter cette maladie dangereuse.
Avec des besoins criants en eau et en installations sanitaires, les conditions de vie restent particulièrement difficiles pour les personnes qui ont perdu leur domicile et ont trouvé refuge dans des campements de fortune. MSF a récemment formé le projet d’approvisionner quelque 7 000 personnes vivant dans des campements près de l’hôpital Saint-Louis. À son tour, une autre équipe a identifié entre 20 et 30 sites dans la ville où elle assurera la distribution d’eau par camion et mettra en place des latrines. Au total, ce sont près de 40 000 déplacés des environs de Port-au-Prince et de Léogâne qui bénéficient d’un meilleur accès à l’eau et à l’hygiène grâce à l’aide de MSF. L’organisation a aussi assuré ou prévoit d’assurer la distribution de biens de première nécessité, comme des couvertures et des bidons, pour environ 7 000 familles.
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