Honduras: Soutien psychologique aux victimes de violences
© Fernando Reyes/MSF
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En 2016, MSF a développé ses activités dans la capitale hondurienne, Tegucigalpa, ainsi que dans la ville voisine de Comayaguela, où elle apporte un soutien mental aux victimes de violences, en particulier de kidnappings, extorsions, attaques, menaces, et autres.
« Nous parlons de personnes qui ont directement subi ces actes cruels», explique Edgard Boquin, superviseur des activités de santé mentale, «mais aussi des proches affectés ou des témoins de violences qui sont souvent forcés de fuir leur foyer pour se cacher. »
En 2015, les équipes avaient apporté un soutien mental à 158 patients victimes de violences, mais en 2016 ce chiffre est monté à 340 personnes – soit une augmentation de 117 pour cent. Vue l’étendue de la violence au Honduras, l’équipe estime que les besoins sont bien supérieurs. « Nous savons que ce n’est que la pointe de l’iceberg », poursuit Edgard.
Les conséquences de la violence
Au Honduras, la violence est si habituelle qu’elle en devient quotidienne. Par conséquent, les personnes ignorent souvent l’impact qu’elle a sur eux et sur leurs vies, que ce soit sur le court ou le long terme.
Les réactions varient d’une personne à une autre, mais beaucoup rencontrent des difficultés à retrouver une vie normale. « Ces évènements peuvent être extrêmement traumatisants et empêcher les gens de fonctionner normalement », explique Edgard. « Certains symptômes apparaissent très rapidement, comme le stress aigu qui se manifeste à travers des sensations d’angoisse. Certaines personnes ont des problèmes de sommeil, comme des insomnies ou des cauchemars. D’autres ont des flashbacks ou des impressions de «déjà vu» qui leur font revivre l’agression pendant la journée. »
Les équipes MSF apportent un soutien pour éviter que leur état ne dégénère. «Lorsque les victimes ne reçoivent pas de soins à temps, ils peuvent développer des symptômes dépressifs, de l’anxiété et des épisodes de stress post-traumatique qui nécessitent un soutien médical ou psychiatrique», explique Juan Carlos Arteaga, conseiller en santé mentale pour MSF.
Les équipes de santé mentale offrent des consultations individuelles, animent des sessions de groupe et des activités comme des ateliers psychosociaux. La plupart des patients sont suivis entre une et huit fois au total.
« Nous essayons de travailler sur les émotions, les sentiments et les pensées entrainées par les situations vécues », raconte Edgard. « Nous utilisons la thérapie comportementale cognitive pour aider ces patients à remplacer des éléments négatifs par des outils favorisant leur résilience, telles que le contrôle de l’anxiété, des techniques de respiration et de relaxation ou en planifiant des choses dans le futur pour leur permettre de se sentir bien dans leur environnement ».
Les réseaux de soutien sont essentiels
Les équipes informent aussi les patients sur les autres types d’assistance disponibles, qui comprennent les lieux de refuge, la relocalisation dans d’autres zones du pays, une protection sociale et un appui juridique.
L’expérience de MSF montre que plus les patients bénéficiant de soutien externe, plus ils ont de chance de s’en sortir. « Les patients quittent la clinique en ayant une vision claire de la manière d’améliorer leur état de santé mentale, mais s’ils rencontrent tous les jours des situations menaçantes, sans alternative, alors il est bien plus difficile pour eux de guérir » confie Edgard. « Aider des patients à identifier un réseau d’assistance, à la fois pour leur santé et leurs besoins immédiats, produit des résultats très positifs sur leur guérison ».
Depuis 2011, MSF a mis en place un système de service prioritaire qui offre, en collaboration avec le ministère de la Santé hondurien, des services médicaux et psychologiques d’urgence aux victimes de violences, en particulier à caractère sexuelle. Cette consultation individuelle gratuite et confidentielle est disponible dans deux centres de santé et à l’hôpital principal de Tegucigalpa.
© Fernando Reyes/MSF