Kenya: un hôpital-conteneur pour sauver des mères et leurs bébés à Likoni
© Yann Libessart/MSF
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Lorsque Lena Makunye, enceinte de son deuxième enfant, a ressenti les premières contractions, elle ne se doutait pas que sa vie et celle de son bébé allaient dépendre d'une intervention chirurgicale d'urgence.
« Le travail durait depuis longtemps déjà, mais le bébé n'arrivait pas. Lorsque les médecins m'ont annoncé qu'ils m'emmenaient au bloc opératoire, j'étais terrorisée : je n'avais jamais vécu cela. J'avais mal, j'étais désespérée, mais les médecins ont parlé avec moi et m'ont donné la force de supporter cette épreuve. Peu de temps après, je tenais mon fils dans mes bras. »
Au Mrima Health Centre de Likoni, les femmes enceintes comme Lena ont désormais accès à des soins obstétriques d'urgence. Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec le service de santé publique du comté de Mombasa, a modernisé le bâtiment. Toute femme dont la grossesse présente des complications peut venir y accoucher en toute sécurité, gratuitement. Un bloc opératoire a été construit dans des conteneurs de transport et accueille depuis le mois de janvier les femmes qui doivent subir une césarienne. Elles peuvent ainsi accoucher plus près de chez elles. Il s'agit là toutefois d'une mesure provisoire en attendant que le bâtiment définitif soit terminé.
Avant le mois de janvier, il n'y avait aucun service d'urgences obstétriques dans le sous-comté de Likoni. En cas de complications lors de l'accouchement, les femmes étaient envoyées dans un autre hôpital accessible uniquement par ferry. Les délais d'attente étaient longs, ce qui mettait en danger la vie de nombreuses mères et de leurs bébés.
Depuis que le centre de Mrima a été rénové pour pouvoir assurer des urgences obstétriques, les femmes enceintes sont mieux prises en charge. « Cette rénovation a sauvé des vies dans la région », affirme Josephine Masikini, sage-femme et coordinatrice de projet pour MSF à Likoni. « Les femmes savent qu'en cas d'urgence, elles pourront tout de même donner naissance à leur bébé en toute sécurité, avec l'aide d'une accoucheuse qualifiée. Ça les rassure. »
Réduire les taux de mortalité maternelle et néonatale
Le Kenya est parvenu à diminuer ses taux de mortalité maternelle au cours des dernières années. Toutefois, les complications qui interviennent lors de la grossesse et de la naissance sont encore et toujours à l'origine de près d'un cinquième des décès des femmes en âge de procréer. Environ 40 % des femmes accouchent ailleurs que dans un établissement médical, sans l'aide d'une accoucheuse qualifiée.
Dans de nombreuses régions du pays, les taux de mortalité maternelle sont bien plus élevés que la moyenne nationale et les infrastructures sanitaires sont trop éloignées ou trop chères pour de nombreuses femmes.
On estime qu'en 2015, 34 000 bébés sont décédés avant l'âge d'un mois au Kenya.
Des médicaments et des équipements adéquats et l'aide d'accoucheuses professionnelles pourraient toutefois sauver la vie de nombreuses femmes et de leurs bébés.
« Lorsque le Mrima Health Centre aura été agrandi et rénové, nous espérons qu'il servira d'exemple à d'autres comtés du Kenya, où les taux de mortalité maternelle et néonatale restent importants», poursuit Mme Masikini. «Nous commencerons en 2018 à former des professionnels de la santé d'autres comtés afin de tenter de diminuer le nombre de décès de mères et de leurs bébés dans ces régions. »
En janvier et février 2017, 737 bébés sont nés au Mrima Health Centre, dont 143 par césarienne. Les équipes médicales ont par ailleurs procédé à 2 273 consultations prénatales.
MSF est arrivée à Likoni en février 2016. Là, les collaborateurs de l'organisation ont apporté leur assistance lors des accouchements, tout en confiant les femmes souffrant de complications au Coast Provincial General Hospital. La construction du bloc opératoire en conteneurs a débuté fin 2016. Officiellement opérationnel le 27 janvier 2017, c'est également ce jour-là que les médecins y ont procédé au premier accouchement par césarienne.
MSF est aussi active dans d'autres régions du Kenya, notamment dans le quartier Eastlands de Nairobi ainsi qu'à Kibera, où elle travaille depuis vingt ans. Des équipes médicales sont par ailleurs présentes dans le camp de réfugiés de Dagahaley, à Dadaab, dans le comté de Homa Bay et dans le sous-comté de Ndhiwa. Enfin, un programme de traitement et de gestion des maladies non transmissibles est en cours d'élaboration avec les autorités du comté d'Embu.
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