L'intensification de l'offensive sur Rafah contraint un enième hôpital à fermer

Des Palestinien·ne·s une nouvelle fois forcés au déplacement à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, suite aux ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne le 6 mai 2024. Copyright: MSF

Palestine2 min

L'intensification de l'offensive israélienne à Rafah a contraint Médecins Sans Frontières (MSF) à cesser ses activités à l'hôpital indonésien le 12 mai. Les 22 patient·e·s restant·e·s ont été orienté·e·s vers d'autres structures, leur sécurité n’étant plus garantie dans cet hôpital. Depuis le début de la guerre, MSF a été le témoin d’attaques systématiques contre les structures médicales et civiles.

La destruction du système de santé a des conséquences dévastatrices pour les personnes prises au piège dans la bande de Gaza. Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 24 des 36 hôpitaux de Gaza sont désormais hors service. Les hôpitaux de campagne que MSF tente de monter ailleurs sur le territoire ne pourront pas remplacer un système de santé fonctionnel et faire face à un afflux massif de blessé·e·s, ni répondre aux besoins médicaux immenses.

Mise à jour 19 mai 2024

À Rafah, depuis le début de l'offensive terrestre israélienne le 6 mai, ce sont plus de 800 000 personnes qui ont été contraintes une nouvelle fois à s'enfuir.

Ces personnes sont entassées sur d'anciennes terres agricoles dépourvue d'infrastructures appropriées pour les accueillir, notamment en termes d'eau et de latrines.

« Certain·e·s décident même de retourner dans des bâtiments bombardés et instables plutôt que de vivre à nouveau dans une tente sous une chaleur étouffante », partage Sylvain Groulx, notre coordinateur d'urgence à Gaza.

 C'est la douzième structure de santé que nous avons dû évacuer en sept mois de guerre à Gaza, neuf d'entre elles ayant été attaquées. Notre personnel a subi 26 incidents violents, notamment des frappes aériennes qui ont endommagé des hôpitaux, des tirs de chars sur des abris dont les coordonnées GPS avaient été dûment notifiées, des offensives terrestres contre des centres médicaux et des tirs sur des convois.

Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence de MSF

Avant cette évacuation, MSF offrait des soins post-opératoires aux blessé·e·s de guerre à l'hôpital indonésien de Rafah depuis mi-décembre 2023. Les services d'hospitalisation comprenaient 60 lits, une unité de soins intensifs et un bloc opératoire où étaient réalisées 35 procédures chaque semaine. Les soins hospitaliers et ambulatoires y étaient dispensés six jours par semaine, avec environ 130 consultations par jour, des changements de pansements, de la kinésithérapie et des soins psycho-sociaux. Le ministère de la Santé a également été contraint de suspendre ses activités dans l'hôpital indonésien de Rafah entrainant la fermeture totale de l’hôpital indonésien de Rafah.  

Certain·e·s Palestinien·ne·s ayant fui Rafah sont retourné·e·s à Khan Younes. Dans cette ville, MSF a repris ses activités à l'hôpital Nasser.

Certain·e·s Palestinien·ne·s ayant fui Rafah sont retourné·e·s à Khan Younes. Dans cette ville, MSF a repris ses activités à l'hôpital Nasser, que notre personnel avait été contraint d’évacuer mi-février en laissant les patient·e·s sur place après la frappe d’un obus sur le service orthopédique. Les forces israéliennes avaient ordonné l'évacuation de l'établissement avant d’y donner l’assaut.

© MSF

Le 14 mai, selon les Nations unies, au moins 360 000 Palestinien·ne·s ont fui Rafah depuis que les forces israéliennes ont étendu leur offensive sur la ville. De plus, le blocage prolongé de l'aide à Rafah paralyse encore davantage la réponse humanitaire et met en danger la population piégée à Gaza. Les réserves de carburant s'amenuisent, alors que les personnes ne peuvent ni quitter ni entrer dans l'enclave.

Alors que la population de Gaza est confrontée à une nouvelle campagne de bombardements, de violences et de destruction aveugle, MSF appelle de nouveau à l'arrêt de cette offensive qui entraine des déplacements massifs et qui rend impossible le déploiement d'une assistance humanitaire et médicale essentielle.