En moins d’un an, plus de 1100 enfants hospitalisés dans le nouveau projet MSF à Niafounké
© Lamine Keita/MSF
Mali4 min
Depuis le lancement des activités à Niafounké en juin 2021, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec les autorités du district sanitaire, ont soigné plus de 1 100 enfants hospitalisés au centre de santé de référence. Plus de 2 200 consultations médicales ont également été menées par les équipes de santé communautaire auprès des populations affectées par l’insécurité dans la zone du Gourma de Tombouctou.
Mené dans la région de Tombouctou, le projet prend en charge gratuitement les enfants malades âgés de 0 à 15 ans au niveau du service pédiatrique de l’hôpital de Niafounké. Toutes les pathologies pédiatriques sont traitées gratuitement : paludisme, malnutrition, diarrhée, problèmes respiratoires... Les enfants malades et malnutris sévères sont également pris en charge au niveau de l’unité de réhabilitation nutritionnelle intensive du service de pédiatrie, et les nouveau-nés malades sont soignés dans l’unité de néonatologie de l’hôpital.
Au total, 1 152 enfants ont été pris en charge par nos équipes dont 514 admis à la pédiatrie, 350 soignés de la malnutrition, 288 du paludisme. Par ailleurs, 501 transfusions sanguines ont été réalisées.
« Dans le cadre de la gestion intégrée des cas communautaires, nous avons aussi lancé des activités communautaires dans quatre sites nomades, situés dans la zone du Gourma de Tombouctou, déclare Dr Junaid Khan, chef de mission MSF au Mali. L’objectif étant de fournir des soins essentiels curatifs et préventifs à travers des cases de santé fixes pour ces communautés qui rencontrent des difficultés d’accéder aux soins principalement liés à l’insécurité, à la distance et aux coûts. »
En à peine quatre mois, plus de 2249 consultations médicales y ont été réalisées.
Ce projet a été mis en place dans un contexte sécuritaire de plus en plus difficile dans la région, qui affecte durement l’accès des populations civiles aux soins de santé. Depuis le début de la crise en 2012, et en dépit des accords de paix signés en 2015, la stabilité n’est jamais totalement revenue dans les régions du nord du Mali. Cette crise a affecté le système de santé local provoquant ainsi la défaillance au niveau de certaines structures de santé.
Malheureusement, l’insécurité a entrainé une mobilité réduite des patients pour accéder aux soins, ainsi que de nos équipes médicales au niveau de certaines aires de santé.
« Il est très compliqué de procéder aux évacuations et référencements de nos malades dans la zone. Beaucoup de nos patients restent bloqués dans leurs localités en attente d’être évacués. Mais nous ne pouvons malheureusement pas dépêcher d’ambulances pour aller les chercher à cause de l’insécurité. Nous avons été obligés de réduire, voire d’arrêter la mobilité de nos ambulances pour éviter qu’elles soient braquées ou enlevées, comme c’est souvent arrivé dans le passé. », déplore Dr Cissé.
« Actuellement, les équipes des soins intensifs reçoivent en moyenne chaque mois 15 enfants en situation de malnutrition aiguë sévère souffrant de complications. Cette situation est due au contexte sécuritaire qui empêche les paysans de cultiver suffisamment. À cela s’ajoute le faible pouvoir d’achat des populations. Nous craignons que le taux d’enfants malnutris reste élevé dans les prochains mois compte tenu de la mauvaise récolte de cette année, de l’insécurité qui complique l’accès des populations aux services santé, de la flambée de prix des denrées de première nécessité et de la rareté de certains produits nutritionnels sur les marchés locaux », ajoute-t-il.
M.B est originaire d’un village du cercle de Niafounké. Ce jour, elle accompagne son enfant malade à l’unité des soins intensifs de la pédiatrie où travaille l’équipe MSF « M.Y. avait mal au cœur et au ventre depuis sa naissance et les premiers soins au village ne l’ont pas guéri. Sa santé s’était aggravée. Mais aujourd’hui, il va beaucoup mieux, son ventre lui fait moins mal et son cœur aussi ».
Quant à Tinabou. W. elle vit avec ses enfants sur un site nomade situé à une trentaine de km de Tombouctou – « Depuis l’ouverture de la case de santé de MSF sur le site, nous sommes très contents. Cela nous évite de faire de longs déplacements pour aller dans un centre de santé. Avant, on faisait 40 km pour aller dans de le centre de santé le plus proche, malgré l’insécurité ».
La présence de MSF à côté des agents de santé de l’Etat donne un signe d’espoir et contribue à faciliter l’accès des populations aux soins. « Quand on pense à l’état du service de pédiatrie avant leur intervention, on comprend à quel point celle-ci était salutaire. Aujourd’hui, il y a un grand changement en termes d’infrastructures, d’équipements médicaux et de personnel soignant. Cela a considérablement contribué dans l’amélioration de la qualité des soins au niveau de la pédiatrie. Aujourd’hui nous avons un fonctionnement normal pour faire face à la prise en charge des enfants hospitalisés », se réjouit Dr Cissé.
© Lamine Keita/MSF