La malnutrition, une lutte toujours critique
Les causes de la malnutrition sont multiples. Cette pathologie peut être causée par un apport inadéquat d'aliments ou bien par une mauvaise assimilation des nutriments essentiels, comme les protéines, les vitamines, les minéraux et autres. Le corps ne reçoit pas assez d'énergie ou de nutriments essentiels ce qui ralentit la croissance et affaiblit les défenses immunitaires du sujet contre les maladies les plus courantes.
Lorsque les équipes MSF détectent des enfants souffrant de malnutrition sévère, et selon leur état de santé, elles proposent une prise en charge ambulatoire – dans des centres nutritionnels thérapeutiques ou dans des cliniques mobiles – ou une hospitalisation.
Les pays les plus touchés sont ceux du Sahel, de la corne de l’Afrique et de l’Asie, avec des taux de malnutrition aigüe globale supérieurs à 10% chez les enfants de moins de cinq ans.
Les symptômes de la malnutrition sévère
- un rapport poids/taille insuffisant calculé selon une table de référence universelle
- des œdèmes nutritionnels (gonflements des chevilles ou du visage)
- un périmètre brachial inférieur à 115 millimètres (mesuré avec un bracelet MUAC)
La malnutrition n’est habituellement pas citée comme l’une des causes principales de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans le monde. Or elle est associée aux autres pathologies pour 45 % des décès.
Quelles sont les formes de malnutrition ?
La première forme de malnutrition, la malnutrition aigüe, s’installe rapidement et si elle n’est pas prise en charge immédiatement, peut entraîner la mort. La seconde, la malnutrition chronique, s’inscrit dans la durée et se caractérise par un retard de croissance. Celle-ci ne peut malheureusement pas être traitée, on peut seulement agir en amont par de la prévention. Enfin, les carences en micronutriments sont une autre forme de malnutrition aussi appelée « faim cachée ». Lorsque les signes apparaissent, le stade est déjà très avancé. Ses conséquences peuvent être graves puisque ces carences impactent l’immunité et peuvent entraîner, par exemple, une cécité.
Pourquoi et quand mettre en place un programme nutritionnel?
L'objectif de ces programmes est de réduire la mortalité et la morbidité dues à des états de malnutrition. Leur mise en place est toujours précédée d'une évaluation nutritionnelle, dont les résultats permettent d'estimer les besoins et de définir les stratégies de prise en charge.
Les évaluations sont habituellement réalisées auprès d’enfants de moins de cinq ans, qui sont les premiers touchés par la malnutrition. L'analyse de leur état nutritionnel s'effectue, entre autres, par la mesure de la circonférence du bras (bracelet MUAC) ainsi que la détection d’œdèmes nutritionnels.
Les programmes nutritionnels sont une des bases de l'assistance médicale d'urgence, plus particulièrement dans le cadre de conflits, de catastrophes naturelles comme la sécheresse, d’épidémies et de déplacements de populations. Dans ces situations, l’accès à la nourriture est souvent inadéquat voire inexistant.
Prise en charge les enfants malnutris?
Lorsque les équipes MSF dépistent des enfants souffrant de malnutrition sévère, elles proposent une prise en charge ambulatoire ou à l’hôpital selon leur état de santé. Dans les centres nutritionnels thérapeutiques ambulatoires, les enfants sont suivis de semaine en semaine à travers une consultation médicale. A chaque visite, ils reçoivent une ration hebdomadaire d’aliments thérapeutiques prêts à l'emploi, faciles à gérer, ne nécessitant pas de préparation et se conservant longtemps. Ces aliments thérapeutiques comprennent tous les nutriments (protéines, vitamines, minéraux,…) nécessaires à la renutrition et la croissance de l’enfant. Les familles peuvent ainsi traiter les enfants à la maison, avec un suivi hebdomadaire au centre de santé. Cette prise en charge ambulatoire permet de traiter un nombre important de patients avec moins de contraintes pour les familles.
En cas de complications médicales (ou de pathologies associées telle que déshydratation sévère, infections), les enfants peuvent être accueillis dans une structure appelée «centre nutritionnel thérapeutique hospitalier». La première phase du traitement consiste à réhabituer leur organisme à la digestion, tout en soignant leurs complications médicales. Pendant leur prise en charge, ils sont aussi vaccinés contre la rougeole, une maladie contagieuse qui entraine fréquemment la malnutrition. Les enfants entrent ensuite dans une phase de réhabilitation nutritionnelle qui a pour but de les «renutrir» progressivement. A ce stade, ils peuvent être suivis dans un centre nutritionnel thérapeutique ambulatoire, plus proche de chez eux.
Il est rare que MSF prenne en charge des cas de malnutrition modérée, préférant concentrer ses activités sur la prise en charge de la malnutrition sévère, dont le risque de mortalité est bien plus élevé, ainsi que sur les stratégies de prévention. Par exemple, dans les zones vulnérables et pendant les périodes de «soudure», les équipes MSF peuvent être amenées, en l’absence d’autres acteurs, à procéder à des distributions à grande échelle d’aliments nutritionnels supplémentaires prêts à l’emploi destinés à prévenir la malnutrition des enfants. Dans certains contextes, les équipes peuvent aussi distribuer des rations alimentaires d’urgence à haute teneur énergétique pour les populations déplacées ou réfugiées.
Quelles sont les évolutions et les défis à venir ?
MSF travaille en collaboration étroite avec le personnel de santé local, formé par les équipes MSF. Aujourd’hui, le protocole et les stratégies d’intervention continuent d’évoluer, par exemple avec la formation des agents communautaires et des mamans afin qu’elles puissent dépister le plus tôt possible si leur enfant souffre de malnutrition et parfois même assurer une prise en charge de la malnutrition, en partie au niveau communautaire, pour les villages trop éloignés des centres de santé.
Les défis à venir pour MSF porteront notamment sur la prise en charge nutritionnelle des femmes enceintes et allaitantes afin de limiter les risques de complications, mortalité et morbidité, tant pour la mère que pour l’enfant. Cette prise en charge nutritionnelle en amont chez les femmes enceintes permet aussi de prévenir la malnutrition chez l’enfant.