MSF étend son assistance en Libye

Joseph Akah, de la Côte d’Ivoire, anime le programme de santé mentale dans le camp de réfugié de Shousha.

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MSF travaille dans les villes de Misrata, Benghazi et Zintan, ainsi que dans les camps situés à la frontière entre la Libye et la Tunisie et sur les îles italiennes de Lampedusa et de Sicile.

Les violents affrontements continuent en Libye. Les combats font toujours rage dans la région de Misrata, dans la partie occidentale du pays. La situation des civils, otages du conflit, y est de plus en plus difficile. Le sort  des travailleurs émigrés est également très préoccupant. Beaucoup quittent le pays pour rejoindre l’Europe au péril de leur vie. D’autres ont fui en Tunisie, dans des camps de réfugiés où ils doivent affronter à nouveau les violences et l’insécurité.
MSF est arrivée en Libye le 25 février. Jusqu’à présent, le gouvernement libyen a décliné l’offre de MSF qui est prête à démarrer des activités dans les zones pro-Kadhafi.

Une situation toujours très difficile à Misrata

Dans les environs de Misrata, au milieu des combats, MSF concentre ses activités à l’hôpital d’Abbad sur la chirurgie de guerre et post-conflit – avec notamment des greffes de peau et des opérations de chirurgie plastique. MSF a aménagé deux salles d’opération dans l’hôpital de Kasr Ahmed afin de répondre à d’autres besoins chirurgicaux et médicaux. Chaque jour, le personnel de MSF  procède àune quinzaine d’accouchements à l’hôpital de Ras Tubah, avec l’aide du personnel médical libyen.
MSF a formé une équipe de 20 psychologues qui apportent à présent une aide psychologique au personnel médical et aux patients dans quatre hôpitaux de la ville. «Même si la ligne de front s’est déplacée en dehors du centre-ville, les habitants restent confrontés à des conditions de vie particulièrement difficiles. Ils ont assisté à de terribles affrontements pratiquement devant chez eux et vivent assiégés, ce qui constitue un réel traumatisme psychologique.», explique Renzo Fricke, coordinateur des urgences pour MSF à Misrata.
Le personnel médical libyen, qui ne disposait pas d’une expérience suffisante en chirurgie de guerre, a bénéficié d’une formation dispensée par des chirurgiens de MSF. Une formation de base a également été dispensée à des étudiants en médecine qui s’étaient portés volontaires pour assurer les soins infirmiers. Il faut en effet savoir que la plupart des infirmiers de la ville étaient d’origine étrangère et qu’ils sont nombreux à avoir quitté le pays.
En dehors de Misrata, MSF soutient des postes médicaux avancés à proximité de la ligne de front. Ces structures assurent les premiers secours aux blessés avant de les transférer en ambulance vers les hôpitaux de Misrata. Ce soutien inclut la formation du personnel médical à la stabilisation des blessés et l’approvisionnement de matériel médical et de communication.

Poursuite des bombardements à Zintan.

À l’ouest du pays, une équipe MSF soutient l’hôpital de Zintan. Elle prend en charge l’afflux de patients – plus de 120 y ont été admis le mois dernier – blessés lors des combats dans la région montagneuse de Nafusa. MSF apporte également son soutien à l’hôpital en organisant des formations et via des dons en matériel médical et en médicaments.
Le 27 mai, l’équipe a été contrainte d’évacuer à la suite d’une succession de bombardements. Plusieurs roquettes sont tombées à quelques mètres seulement de l’hôpital. Une équipe restreinte de deux médecins est retournée à Zintan le 4 juin afin d’évaluer la situation et de redémarrer les activités médicales. Sur le plan de la sécurité, la situation demeure extrêmement précaire. La ville et ses environs continuent de subir des bombardements. Les patients admis à l’hôpital sont actuellement transférés vers des structures situées en Tunisie ou dans la ville libyenne voisine de Jadu.

Soutien psychologique et soins de santé mère-enfant à Benghazi

Le calme étant revenu à Benghazi, MSF concentre ses activités sur les soins de santé mentale en ciblant les femmes et les enfants ainsi que le personnel médical qui travaillait lorsque les combats ont commencé dans la ville. Un psychologue de MSF forme des psychologues libyens au dépistage des patients présentant un traumatisme ou des syndromes connexes, notamment la dépression.
En dehors de Benghazi, MSF soutient les services de gynécologie et de consultations prénatales sur trois sites situés entre Benghazi et la ville d’Ajdabiya.

Flux de réfugiés en direction de la Tunisie et de l’Italie

Des milliers de familles libyennes ont fui la région de la montagne de Nafusa et sont parvenues à passer la frontière tunisienne. Entre le début du mois d’avril et du mois de juin, plus de 60.000 Libyens ont fui le conflit pour se réfugier le long de la frontière entre la Tunisie et la Libye.
MSF aide les structures locales de santé à faire face aux besoins médicaux de plus en plus importants. MSF aégalement installé des cliniques mobiles dans les camps de réfugiés de la région de Remada et de Dehibat. L’accent est mis sur les soins médicaux et de santé mentale de la population réfugiée. La situation est particulièrement tendue à Dehibat, les combats et les bombardements s’étendent à présent jusqu’en Tunisie, de l’autre côté de la frontière.
Dans les camps de transit de Ras Adjir, au nord de la frontière entre la Tunisie et la Libye, près de 4.000 réfugiés – principalement d’origine subsaharienne – ne peuvent toujours pas être rapatriés en raison de la situation dans leur pays d’origine. Leur avenir est incertain. Au début du mois de mars, MSF a démarré un programme de santé mentale dans les camps. L’objectif est d’apporter un soutien aux nombreux réfugiés qui ont été victimes ou témoins de violence alors qu’ils fuyaient la Libye.
À Shousha, le camp le plus important, la situation toujours précaire a aggravé les tensions. A la  fin mai, quatre réfugiés ont perdu la vie dans un incendie volontaire qui s’est propagé dans le camp. Cet incident grave a été suivi de violentes manifestations contre les conditions de vie déplorables dans le camp. Ces heurts, auxquels des résidants locaux ont pris part,  ont fait au moins deux morts et de très nombreux blessés. Les deux tiers du camp ont été détruits par le feu. Le lendemain, MSF a distribué des vivres, de l’eau et des produits non alimentaires à environ 4.000 personnes. Nous avons aussi assuré soins médicaux et soutien psychologique. Depuis la fin du mois de mai, MSF organise également des soins de santé primaire pour les habitants du camp de Shousha. Un certain nombre de réfugiés, victimes des récentes violences, présentent en effet des blessures. D’autres pathologies sont liées aux conditions de vie très précaires dans les camps surpeuplés.
Sur l’île de Lampedusa, MSF supervise le triage des patients dans le port ainsi que leur suivi médical dans les centres de détention et d’accueil. Entre février et mai, MSF a ainsi aidé sur l’île près de 12 000 migrants ayant fui le conflit libyen. À Mineo, en Sicile, MSF gère également un projet de santé mentale. Environ 3 500 migrants de diverses nationalités y ont été transférés depuis le mois de mars. En outre, MSF a également décidé d’évaluer les conditions de vie et l’accès aux soins des migrants dans les centres de détention en Italie continentale.