Niger: plus de 180 000 enfants reçoivent un nouveau traitement préventif contre le paludisme
© David Di Lorenzo/MSF
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MSF distribue un médicament de prévention contre le paludisme tout en renforçant la capacité à répondre aux crises nutritionnelles pendant cette période critique.
Chaque année, dès le mois de juillet avec l’arrivée de la saison des pluies et la prolifération de moustiques, le risque de contracter le paludisme au Niger est important. Afin de diminuer le nombre de cas de cette maladie pouvant parfois être mortelle, Médecins Sans Frontières (MSF) vient de terminer le premier tour de distribution d’une nouvelle méthode préventive recommandée depuis une année par l’Organisation mondiale de la santé (OMS): la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS).
Mise en œuvre pour la première fois au Niger par MSF et en collaboration avec le Ministère de la santé, ce traitement préventif pour les enfants de trois mois à cinq ans se prend en trois doses par mois durant une période de quatre mois, soit toute la durée de la saison des pluies au Niger. À ce jour, ce sont plus de 184 000 enfants qui ont reçu ce traitement préventif dans les aires de santé de Magaria, Guidan Sori, Moulé, Tafo, Sabon Guida, Bouza, Madaoua soit pas loin de 1 045 villages.
Dans le cadre de cette activité, plus de 1 850 agents communautaires locaux épaulés par des équipes internationales sillonnent les différents villages afin de sensibiliser la population, mettent en place la CPS et organisent la distribution des doses. Ils encouragent également les parents à ramener les enfants lors des trois prochaines distributions. Utilisée pour la première fois au Mali et au Tchad en 2012, la CPS avait donné des résultats extrêmement encourageants.
«La CPS n’est pas un remède miracle», tempère Anja Wolz, coordinatrice médicale de MSF-Niger. «Elle permet de réduire le taux de mortalité et les cas de paludisme dans des pays où l’accès aux soins est limité. La priorité est de continuer à promouvoir la distribution de moustiquaires, la pulvérisation d’insecticides, le diagnostic et le traitement de cas de paludisme.»Ce traitement préventif ne s’applique qu’aux régions où le paludisme est saisonnier et non endémique. Il est effectivement difficile d’administrer ce traitement toute l’année.
Paludisme et malnutrition: une combinaison mortelle
«Chaque année, à cette époque, les populations nigériennes et en particulier les enfants, sont non seulement confrontés au paludisme mais également à des crises alimentaires puisque la période des pluies coïncide avec la période de soudure. Et le paludisme et la malnutrition forment une combinaison mortelle», poursuit Anja Wolz.
La «période de soudure» correspond au moment où les ménages arrivent au bout de leurs réserves de nourriture et n’ont pas encore commencé à planter la récolte suivante. C’est un moment critique pour les foyers les plus démunis de ces régions: les stocks alimentaires s’épuisent et les denrées sont aux prix les plus hauts sur les marchés. La malnutrition et le paludisme représentent les deux pathologies principales affectant les enfants de moins de cinq ans durant cette saison.
Pour cette raison, simultanément à la CPS, un dépistage systématique de la malnutrition a été fait chez plus de 128 000 enfants âgés de six à 59 mois afin de permettre à MSF de prendre en charge les enfants sévèrement malnutris et d’éviter qu’ils arrivent trop tard avec des complications et des pathologies associées.
Les activités de MSF au Niger
Les activités de MSF au Niger ciblent principalement l’amélioration des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes en mettant l’accent sur la prévention et les traitements précoces, plus particulièrement concernant la malnutrition. En 2013, selon les chiffres des autorités nigériennes, l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans s’est légèrement amélioré. Dans l’ensemble du pays, la malnutrition aigüe globale atteint 13,3% et le taux de malnutrition aigüe sévère est de 2,6%, soit 376 000 enfants souffrant de malnutrition et 77 000 sévèrement atteints.
En revanche, à Marafounda, dans la région de Maradi, MSF a pris en charge en 2013 deux fois plus d’enfants souffrant de la malnutrition qu’à la même période en 2012 (5 455 contre 3 985). Les équipes affectées aux régions de Zinder, Maradi et Tahoua dirigent des programmes nutritionnels en ambulatoire dans 38 centres de santé afin de limiter au maximum les hospitalisations Les patients ayant besoin d’être hospitalisés sont pris en charge dans les centres nutritionnels des hôpitaux de Zinder, Magaria, Madarounfa, Guidan Roumdji, Madoua et Bouza.MSF travaille au Niger depuis 1985.
© David Di Lorenzo/MSF