Pakistan : dans les cliniques mobiles, des besoins toujours plus grands

Une équipe médicale de MSF offre des consultations aux personnes touchées par les inondations dans le district de Dera Murad Jamali, dans l'est du Baloutchistan.

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Un tiers du Pakistan a été inondé par les fortes pluies de la mousson, qui a débuté en juin. Selon les rapports, plus de 1 500 personnes ont perdu la vie et 33 millions sont touchées. Des villages entiers sont coupés du monde extérieur, faute d’infrastructures, souvent détruites.

Sur place, nos équipes ont déjà traité plus de 10 000 patients dans le Sind, le Baloutchistan et le Khyber Pakhtunkhwa, à l’aide de cliniques mobiles. Elles ont également distribué plus de 300  000 litres d'eau potable et 5 000 colis de produits de première nécessité.

« On voit des gens assis le long des routes. Beaucoup ont déjà reçu de l'aide comme de la nourriture, des moustiquaires ou des produits d'hygiène. Mais il y en a aussi beaucoup qui sont dans des régions plus reculées et qui attendent toujours de l'aide parce qu'ils sont difficiles à atteindre. Nous avons rencontré un groupe qui a attendu en vain depuis le début des inondations. Notre équipe les a immédiatement pris en charge et leur a prodigué des soins médicaux » rapporte Shahid Abdullah, coordinateur des urgences de Médecins Sans Frontières au Baloutchistan. 

Des millions de personnes ont été chassées de chez elles par les inondations et vivent dans des abris provisoires. De nombreux villages sont toujours inaccessibles en raison de la destruction des routes et des ponts. Les infrastructures telles que les établissements de santé publique ont également été gravement touchées. Cela a un impact sur l'accès des personnes aux soins de santé. Dans certaines régions, le traitement des maladies chroniques ou les examens préventifs des femmes enceintes sont massivement limités.

« Les défis sont nombreux et de taille. Les médicaments et le personnel sont rares, qu'il s'agisse de médecins ou d'infirmiers. Et dans de nombreuses régions, il est très difficile d'atteindre les gens », souligne Shahid Abdullah. « Dans notre hôpital, nous voyons beaucoup d'enfants qui naissent déjà sous-alimentés. C'était le cas avant les inondations, mais la situation actuelle contribue à aggraver leur état. » 

Une situation qui risque fortement d’empirer

Nos équipes observent une forte augmentation du nombre de patients atteints de paludisme et s'inquiètent de la pénurie actuelle de médicaments antipaludiques. De plus, le nombre de personnes souffrant de diarrhée aqueuse aiguë, de dengue, d'infections respiratoires, cutanées et oculaires est en augmentation. Cette situation est liée au manque d'accès à l'eau potable, aux mauvaises conditions d'hygiène et à l'eau stagnante qui sert de lieu de reproduction aux moustiques, lesquels peuvent être à l'origine de maladies à transmission vectorielle.

Au Baloutchistan, deux cliniques mobiles sont opérationnelles à Dera Murad Jamali et Dera Allahyar. Deux autres sont en route à Dadu, dans le Sindh. Les équipes atteignent ici par bateau les villages coupés du monde par les inondations. Nous distribuons plus de 20 000 litres d'eau potable par jour aux personnes vivant dans des camps de déplacés à Dadu. D'autres camions d'eau seront mis à disposition afin d'atteindre encore plus de personnes touchées. Dans la ville de Sukkur, les équipes d'eau et d'assainissement ont également commencé à fournir de l'eau potable en installant des réservoirs d'eau d'une capacité de 24 000 litres, qui sont remplis quotidiennement. Trois lignes mobiles sont également en route à Sara sang, Bela et Miaonlay dans le Khyber Pakhtunkhuwa. Au Pendjab, nos équipes évaluent en permanence les besoins et préparent une intervention.

Médecins Sans Frontières travaille au Pakistan depuis 1986. Aujourd'hui, plus de 1 790 collaborateurs locaux et 53 collaborateurs internationaux travaillent sur sept projets réguliers. L'organisation d'aide médicale d'urgence a régulièrement lancé des interventions d'urgence, comme en 2005 après le tremblement de terre et en 2010 et 2016 après de graves inondations ou des épidémies comme celles de rougeole ou de dengue.