Une femme se déplaçant avec un pulvérisateur à insecticide.

En quoi pulvériser de l'insecticide dans les domiciles aide à lutter contre le paludisme ?

Le paludisme demeure l’un de plus grand tueur en République démocratique du Congo (RDC), deuxième pays africain le plus touché après le Nigeria avec près de 20 millions de cas enregistrés chaque année. Médecins Sans Frontières déploie ses équipes pour soutenir les autorités sanitaires dans la lutte contre cette maladie depuis plusieurs années. Dans les zones rurales où il est difficile d’accéder aux soins en raison de l’éloignement des structures de santé, du mauvais état des routes, de l’insuffisance de personnel qualifié, et de la difficulté d’approvisionnement en médicaments, la situation est très complexe. C’est le cas de la zone de santé d’Angumu, dans la province de l’Ituri où le paludisme est endémique.

Pour faire face à cette maladie à Angumu, les équipes MSF sont à pied d’œuvre pour prendre en charge des patients. Au-delà des soins, elles mènent aussi des activités préventives afin de limiter la prolifération de moustiques vecteurs de la maladie.  La pulvérisation intra domiciliaire d'insecticide (appelée aussi IRS : indoor residual spraying), permet de prévenir le paludisme dans la zone.

En quoi consiste cette technique de prévention du paludisme ? Comment est-elle mise en place à Angumu ? Quelle est son degré d’efficacité ? Voici les cinq faits à savoir sur la pulvérisation intra domiciliaire d'insecticide à Angumu.

En quoi consiste la pulvérisation intra domiciliaire ?

C’est l’une des techniques de prévention du paludisme. Elle consiste à appliquer l’insecticide sur les murs intérieurs des habitations pour réduire le nombre de moustiques anophèles qui sont les vecteurs de transmission du paludisme. D'une durée d’efficacité estimée à trois mois, l'insecticide utilisé pour la campagne ne constitue aucun danger pour les habitants et habitantes des villages concernés. Les moustiques se posant sur les surfaces imprégnées d’insecticides en meurent. La transmission du paludisme est donc limitée, et cela aura pour finalité la réduction de la morbidité et la mortalité dues au paludisme dans une région donnée.

Comment les activités sont-elles mises en place dans la zone de santé d’Angumu ?

Les équipes MSF mènent cette activité dans la zone de santé d’Angumu depuis juin 2022. Pour l’année 2025, la pulvérisation est mise en œuvre dans cinq aires de santé de la zone : Cawa, Abia, Linga, Awasi et Ara. Constituée de plusieurs phases, cette stratégie repose sur une approche communautaire. Ce sont les membres des communautés qui ont la charge de ces activités en lien avec les autorités sanitaires de la zone de santé. MSF s’occupe principalement de l’approvisionnement d’insecticides, des équipements de protection, ainsi que de la formation des équipes et prend en charge les transports vers les zones de pulvérisation. Pour soutenir la mise en oeuvre, MSF a installé des structures temporaires par aire de santé à l’usage des agent communautaires en charge de la pulvérisation, incluant un vestiaire, une zone de préparation de solutions d’insecticides (avec un circuit complet de traitement des eaux usées), une aire de séchage, ainsi qu’un espace de stockage. Un total de 3 485 agents pulvérisateurs ont été mobilisés pour cette phase à Angumu.

Quels produits sont utilisés pour la pulvérisation ?

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un insecticide. Il faut en avoir en grande quantité et de bonne qualité. Les appareils pulvérisateurs, au nombre de 70, sont essentiels, ainsi que l’équipement de protection individuelle pour chaque agent.

Quels sont les chiffres marquants à ce jour ?

Depuis que nous avons commencé la quatrième phase en novembre 2024, plus de 18 900 domiciles ont déjà été pulvérisés. C’est plus de 92 000 personnes qui sont protégées contre le paludisme dans 63 villages et huit sites des personnes déplacées.

Quelle est la situation actuelle du paludisme dans cette région et quels sont les effets de ces activités de pulvérisation pour réduire la transmission de la maladie ?

Au premier trimestre 2025, nous avons constaté une baisse des nombres d’admissions pour le paludisme dans les structures de santé soutenues par MSF à Angumu. Á titre illustratif, lors des trois premiers mois de l’année 2025, nous avons enregistré 8 212 cas contre 11 746 à la même période en 2024 dans les centres de santé soutenus, 4 864 cas contre 5 109 dans les sites de soins communautaires et 353 contre 477 cas à l’hôpital général de référence d’Angumu. L’ensemble des mesures mises en place depuis quelques années (prises en charge médicale, distributions de masse des médicaments antipaludéens, distributions des moustiquaires, sensibilisations communautaires, pulvérisations intra domiciliaire d’insecticide) pourraient expliquer cette baisse.

Dans la zone de santé d’Angumu, MSF soutient l’hôpital général de référence, sept centres de santé et 13 sites de soins communautaires pour la prise du paludisme, notamment pour les enfants de moins 14 ans et les femmes enceintes. Plus de 52 015 patients y ont été soignés en 2024.