Philippines: Témoignages
© Frédéric Baldini / MSF
3 min
Centre d’évacuation de Pasig – Région de Manille – Dimanche 4 Octobre 2009
Marco travaille dans un supermarché du centre de Manille. Avant les inondations, il habitait à Pasig, tout près de la rivière. Mais, depuis plus d’une semaine, il a du s’installer avec toute sa famille, sa femme et ses trois enfants, dans un centre d’évacuation de la ville, une école. Comme des centaines de milliers de personnes à Manille et dans ses environs, il a été déplacé à cause des inondations. Toute sa famille est anxieuse et épuisée. Ils sont assis sur un bout de carton. Marco parle doucement, les yeux rougis par le manque de sommeil.
« Samedi, quand l’eau a commencé à monter, je travaillais au supermarché. J’ai reçu un sms de ma femme qui me disait : « Reviens vite à la maison. L’eau est en train de monter ! » J’ai demandé la permission à mon superviseur de partir et j’ai couru prendre le train. Malheureusement, les trains étaient déjà bloqués par les inondations. Dans la ville, il y avait de l’eau partout. Je ne pouvais plus rentrer chez moi. J’étais terrifié. Après quelques heures, ma femme m’a appelé en me disant : « Je suis au deuxième étage et j’ai de l’eau jusqu’aux hanches. S’il te plaît reviens vite ! » Mais je ne pouvais rien faire.
Je suis resté dehors toute la nuit et le dimanche matin j’ai réussi à revenir à Pasig où j’ai retrouvé deux de mes enfants. Ma femme et mon bébé de quatre mois étaient encore dans la maison. Avec un si petit bébé elle ne pouvait pas sortir. Je suis allé la secourir alors que l’eau commençait à descendre.
Nous avons reçu de la nourriture, des habits et les kits d’hygiène que MSF nous a amenés aujourd’hui, mais nous vivons toujours dans ce couloir. C’est très bruyant, il y a du vent…ce n’est pas un endroit pour vivre en famille.
Cela fait une semaine que nous sommes là et nous allons essayer de retourner chez nous lundi. Tant pis si la maison est encore recouverte de boue et de déchets, au moins nous avons la chance d’avoir toujours notre maison. Nos voisins eux ont tout perdu. »
Amy, la voisine de Marco et de sa famille est assise à côté d’eux. Elle est fatiguée et nerveuse et lorsqu’elle parle des larmes lui remplissent les yeux.
« Lorsque l’eau montait, c’était horrible. Cela est arrivé si rapidement, certaines personnes se sont retrouvées bloquées à l’intérieur. Je pouvais les entendre appeler à l’aide. Certains ont même dû casser le toit de chez eux pour s’enfuir… c’était horrible.
J’ai tout perdu. Ma maison a été balayée par la crue. Je n’ai pu emporter que les habits que j’avais sur moi. Il ne me reste rien et je n’ai plus d’argent. Avant, je travaillais en tant que serveuse et je gagnais 2 dollars par jour. Je vais peut-être retourner dans mon village que j’ai quitté il y a deux ans. Peut-être que j’essaierai d’y rentrer à pied… Je ne sais pas quoi faire… j’ai tout perdu. »
© Frédéric Baldini / MSF