Protéger nos équipes : la sécurité chez MSF
© Juan Carlos Tomasi/MSF
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Le mandat de MSF est de travailler au cœur des crises, à proximité des lignes de front ou dans des zones très reculées. Joan Arnan, référent sécurité pour MSF, explique comment l’organisation limite et temporise les menaces et les risques auxquels les équipes pourraient être exposées dans ces contextes.
La charte MSF indique : « Volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu'ils accomplissent ». D’abord, quels sont les risques réels auxquels sont exposés les équipes ?
Avant de parler de risque, on s’intéresse aux menaces. On analyse le contexte : quelles sont les menaces pour nos équipes, pour nos patients et pour nos opérations ? Ensuite, une fois la liste établie, on évalue quelle est la probabilité pour que chacune des menaces ait lieu dans un projet MSF et quel serait son impact sur, encore une fois, nos équipes, nos patients, nos opérations. L’analyse du contexte et de l’environnement va donc permettre de définir des risques réels, et non ceux imaginés. La possibilité existe toujours, mais la probabilité se définit selon l’analyse historique de la zone et l’évolution en cours. La population locale, en particulier les équipes nationales sont les meilleures des sources pour évaluer les risques.
Du coup, avant de partir, les personnes qui s’engagent ont-elles conscience des risques ?
Avant tout départ, le prérequis est un volontaire informé qui décide sciemment de partir dans une zone potentiellement à risque. C’est ce qu’on appelle le consentement éclairé, un principe clé de notre organisation. D’un projet à l’autre, les risques varient complètement. Mais tout au long du processus de recrutement et de déploiement, des étapes expliquent les risques propres à chaque projet. Pour les zones où les risques sont avérés et l’impact est très important, il y a une procédure supplémentaire : tous les détails sur le contexte ainsi que l’analyse de risque et les mesures en place pour y répondre sont envoyés en amont à l’employé avant qu’il signe son contrat. Il a la possibilité de poser toutes les questions qu’il souhaite. Bien sûr, à chaque étape, il peut refuser de partir sur ce projet et cela n’aura aucune conséquence sur les futures propositions de mission.
Ensuite, pendant la mission, comment s’assure-t-on que les risques sont atténués au maximum ?
Ce sont les communautés au sein desquelles nous intervenons qui nous protègent. Les activités de MSF doivent être perçues comme pertinentes et de qualité par les populations. Malgré ces efforts, des mesures supplémentaires sont, parfois nécessaires pour limiter la probabilité d’occurrence ou l’impact. Elles sont des mesures orientées sur la protection (des gardiens par exemple) ou la dissuasion (via la prise de parole publique notamment).
Des incidents peuvent toujours arriver, et dans ce cas, comment MSF vient-elle en aide à ses équipes ?
Des plans de contingence sont toujours prévus en amont. Par exemple, s’il y a des échanges de tirs autour, il y a des salles sécurisées, sortes d’abris antiatomiques bien connu en Suisse (sans la dimension antiatomique mais qui protègent des balles de petits et moyens calibres), où les équipes peuvent être « en hibernation » selon notre vocabulaire. Ce sont des lieux prédéfinis à l’avance, dans lesquels il y a de quoi manger et boire, dormir et se soigner. Si un incident critique arrive, dans ce cas, une cellule de crise est constituée et travaille sans discontinuer pour répondre à toutes les conséquences que peuvent engendrer cette situation. La priorité est toujours la santé et la sécurité des volontaires MSF.
© Juan Carlos Tomasi/MSF