Témoignage de patient
© Alexander Glyadyelov
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"Je m'appelle Nikiwe Mahlaba, j'ai 30 ans et je vis à Thunzini, dans la région de Shiselweni au Swaziland. Mère célibataire de deux enfants, je vis dans une maison de deux pièces avec le reste de ma famille, c'est-à-dire ma mère et mes deux frères."
"Ma mère est la seule à avoir un revenu : elle reçoit une pension de 600 Emalangeni (54 euros).
J'ai attrapé la tuberculose pour la première fois en 2002. Je toussais beaucoup et transpirais la nuit. J'ai perdu du poids et me suis sentie très faible pendant tout un mois. A la clinique Lavumisa, ils m'ont donné un médicament contre le rhume et mon état ne s'est pas amélioré.
Je me suis alors rendue à l'hôpital de Matsanjeni où, après une radio des poumons, on m'a annoncé que j'avais la tuberculose et mise sous traitement. J'ai pris mes médicaments pendant six mois et j'ai été guérie.
En 2006, j'ai fait une rechute. On m'a fait des injections de streptomycine pendant deux mois puis j'ai pris des médicaments par voie orale pendant un an. J'ai dû arrêter de travailler pendant le traitement et n'ai pu reprendre une activité qu'en juillet 2007.
En août 2008, J'ai dû à nouveau arrêter de travailler car je toussais en permanence. J'ai pensé que c'était la grippe et espéré que cela s'arrêterait vite, mais cela ne fut pas le cas. J'ai erré de clinique en clinique pour trouver un traitement et ma santé ne cessait de se détériorer.
Arrêter de travailler, ce n'est pas une décision facile à prendre. Je dois prendre soin de mes enfants et je me sens vraiment mal de dépendre de ma mère dèjà âgée. Elle nous nourrit et c'est d'elle que je tire la force de continuer.
En janvier dernier, je me suis rendue à nouveau à l'hôpital de Matsanjeni, au service de prise en charge de la tuberculose. Les premières analyses qu'ils m'ont faites ont révélé que j'avais à nouveau la tuberculose. Et d'autres analyses plus poussées, qui ont pris deux mois, ont montré que j'étais atteinte d'une forme résistante de la maladie. J'ai donc commencé un traitement à base d'autres médicaments, qui combine injections et comprimés (traitement de seconde ligne).
Je suis censée recevoir les injections pendant neuf mois. Cela fait seulement quatre mois aujourd'hui, mais la douleur est insoutenable. J'aimerais vraiment qu'on puisse y substituer des comprimés. Je m'inquiète aussi, quand je vois d'autres patients qui reçoivent le même traitement et deviennent sourds en raison des effets secondaires. Je me demande ce que je vais devenir.
C'est un terrible dilemme. Il y a des effets secondaires terribles avec ce traitement contre la tuberculose, mais que choisir ? Devenir sourd à cause du traitement ou pas de traitement ? Je suis sûr que la plupart des gens choisiraient de survivre.
Les gens ont peur de moi, ils ne me parlent pas à cause de ma maladie et du coup je me sens encore plus mal et plus seule. Par exemple, à Lavumisa, où MSF loue une chambre pour moi, un des locataires de l'immeuble est allé voir la propriétaire pour lui dire que j'avais une forme dangereuse de tuberculose et qu'il fallait faire quelque chose. Il l'a aussi dit à l'ensemble des locataires. Ils ont commencé à m'éviter et j'ai eu l'impression de n'être rien que de la poussière.
La tuberculose peut se soigner si on suit son traitement avec attention, sans manquer d'injections ou de prise de comprimés à moins que le médecin ne le conseille. J'ai vu d'autres malades de la tuberculose dans un état épouvantable, je pensais qu'ils mourraient en commençant leur traitement. Mais leur état de santé, même pour ceux qui sont arrivés en chaise roulante, s'est maintenant considérablement amélioré. »
© Alexander Glyadyelov