Typhon Haiyan: premiers soins et défis logistiques
© Caroline Van Nespen/MSF
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L’équipe d'urgence de MSF, œuvrant dans l’est de l'île de Samar où le typhon a touché terre en premier, met actuellement en place des services médicaux et commence à examiner des patients.
Pour apporter des secours dans les zones côtières et îles plus isolées, l'équipe prévoie de mettre en œuvre des cliniques mobiles qui offriront une prestation de soins intégrée et, dans la ville de Guiuan même, elle fournira des services ambulatoires. La clinique de Guiuan sera en mesure de garder les personnes les plus gravement malades pendant la nuit.
Premiers soins
«Une grande partie du travail consiste à traiter les personnes ayant des blessures existantes qui se sont infectées», explique le Dr Johan Von Schreeb, qui est arrivé avec l'équipe jeudi. «Dans la journée écoulée, nous avons fait 25 chirurgies mineures, et les files d'attente se remplissent de plus en plus de patients souffrant de pneumonie et de diarrhées.»
Guiuan: l’hôpital n’est plus fonctionnel
Guiuan a vu la quasi-totalité de ses bâtiments détruits, et l'hôpital de la ville n’est plus fonctionnel. Les personnes les plus grièvement blessées ont été évacuées. En outre, MSF offrira dès que possible des services d'eau et d'assainissement et aidera également à construire des abris. Aujourd’hui, vendredi 15 novembre, d'autres membres de l'équipe évaluent par hélicoptère les petites îles voisines. Si les conditions le permettent, ils commenceront bientôt à utiliser des bateaux pour organiser des cliniques mobiles sur ces îles et le long de la côte est de Samar.
Tacloban: mis en place d’un hôpital de campagne
Après avoir passé plusieurs jours à chercher comment acheminer des équipes et des fournitures dans la ville de Tacloban située dans la province de Leyte, hier, une équipe de MSF composée de six personnes a finalement atteint la ville et tente de mettre en place un hôpital de campagne dans les prochains jours. L'équipe a également visité Palo, au sud-est de Tacloban, où l'hôpital a été gravement endommagé par le typhon.
Le personnel de MSF, qui a mené une évaluation à Ormoc, dans l'ouest de Leyte, a constaté que la plupart des bâtiments de la ville ont été détruits et que l’hôpital, auparavant d’une capacité de 200 lits, ne dispose plus que d’un service des urgences de 25 lits. Cette équipe explorera également la zone située entre Ormoc et Tacloban, et une autre équipe évaluera les besoins dans le sud de Leyte.
Roxas: la moitié de la ville endommagée
À bord d’un hélicoptère, une équipe de MSF a constaté que près de la moitié de la ville de Roxas, dans la province de Capiz sur l'île de Panay, avait subi des dégâts considérables. Cette équipe va procéder à des évaluations supplémentaires dans les petits villages environnants de Roxas. Une autre équipe, celle-ci composée de deux infirmières, d’un logisticien et d’un spécialiste de l'eau et de l'assainissement, ira par avion de Manille à Iloilo, puis tentera de rejoindre les municipalités de San Dionisio, Estancia et Balasan dans le nord-est de l’île de Panay.
Des défis logistiques importants
Les efforts des équipes de MSF ont été limités jusqu'à présent par d'énormes obstacles logistiques que la tempête a laissé dans son sillage. Les zones touchées par le typhon sont réparties sur une zone très large. La plupart des routes principales et les aéroports de la région sont soit détruits, soit fermés, soit jonchés de débris. Certaines pistes sont trop petites pour permettre à de gros avions d’atterrir, et l'électricité et le carburant sont très limités. C’est pourquoi, il a été difficile d’acheminer la marchandise nécessaire, dans les quantités nécessaires, afin de mettre en place des programmes d’aide et de fournir des soins médicaux.
Par conséquent, MSF explore actuellement toutes les éventualités et tous les modes de transport pour envoyer du personnel et du matériel dans les zones sinistrées, en particulier dans les régions reculées qui se trouvent loin de l’endroit où sont déployés les secours.
L’expérience de MSF
«Quand nous nous heurtons à un obstacle et que le plan A ne fonctionne pas, nous devons passer au plan B, ou au plan C, ou dans certains cas même au plan D ou E», explique Natasha Reyes, médecin et coordonnatrice des urgences de MSF à Cebu. «Nous devons sortir des sentiers battus et être ingénieux, car il y a des gens qui ont besoin de notre aide. Cela fait longtemps que MSF répond aux urgences. Nous avons de l’expérience dans ce domaine, alors nous savons ce que nous devons faire maintenant, et ce, le plus rapidement possible.»
Par exemple, MSF a pu faire atterrir des avions-cargos à l'aéroport de la plus grande ville de la région, Cebu, et utiliser de plus petits moyens de transport, comme des avions, des hélicoptères et des bateaux, pour envoyer de petites équipes évaluer la situation médicale et humanitaire dans les villes et les îles à proximité.
Priorité: soutenir les hôpitaux locaux
Selon le contexte, la nature de l’intervention de MSF variera d'un endroit à l'autre. Mais il est clair que la priorité de MSF est de soutenir les hôpitaux locaux, dont beaucoup ont été endommagés, et de mettre en place des cliniques mobiles pour venir en aide aux personnes les plus isolées. Pour ce faire, MSF pourrait créer des bases mobiles à bord de bateaux qui pourraient se déplacer d'un endroit à un autre en fonction des besoins. Quel que soit l’endroit et les obstacles rencontrés, le personnel humanitaire de MSF continuera de chercher les meilleurs moyens d'aider les personnes en détresse.
© Caroline Van Nespen/MSF