Côte d’Ivoire: la population civile ne doit pas être prise pour cible
© Didier Assal/MSF
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Le 31 mars 2011.La recrudescence des combats réduit considérablement les quelques possibilités d’accès aux soins pour les populations civiles. Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, l’avancée de la ligne de front a de nouveau provoqué la fuite de milliers d’habitants ces derniers jours, tandis qu’à Abidjan, il est maintenant extrêmement difficile, voire impossible, de se déplacer dans plusieurs quartiers de la ville. Des hommes armés tirent dans les rues ou se livrent à des pillages. Dans ces conditions, l’accès aux soins devient une gageure.
« L’accès aux soins est critique. Il est impératif que les populations civiles ne soient pas ciblées par les combats et que les patients puissent accéder à des soins médicaux, observe le Dr Mego Terzian, responsable des urgences à MSF ».
A Abidjan, MSF en collaboration avec les autorités sanitaires a pris en charge 450 patients, dont 314 victimes de violences, depuis début mars. Les équipes travaillent dans l’hôpital d’Abobo Sud, le seul qui soit fonctionnel dans les quartiers nord. Et le 31 mars, 15 blessés par balle ont été amenés à l’hôpital alors que les services d’ambulances ne sont plus opérationnels depuis un bon moment.
Certes un exode de la population s’est produit à Abidjan le week-end dernier. Mais il reste nombre d’habitants qui se sont réfugiés dans des familles d’accueil ou se terrent chez eux. Depuis jeudi, les scènes de pillage et les échanges de tirs se multiplient un peu partout dans la capitale économique. Les gens ont peur de sortir, les patients ne viennent qu’en dernière extrémité dans les quelques établissements médicaux encore fonctionnels. La plupart du personnel médical est parti ou ne vient pas travailler quand l’insécurité est trop grande. A cela s’ajoute le manque de médicaments et de matériel médical.
Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Médecins Sans Frontières a pris en charge ces trois derniers jours plus de 230 patients blessés dans les villes de Bangolo et de Duékoué. « La population subit une fois encore les conséquences des combats, explique Renzo Fricke, coordinateur des urgences MSF. Nos équipes transfèrent des patients qui ont besoin d’une opération d’urgence, comme par exemple trois femmes blessées par balle, mais de nombreux autres patients souffrant de paludisme sévère, d’accouchements compliqués… nécessitent aussi une prise en charge rapide, ajoute Renzo Fricke. Or les déplacements très difficiles peuvent mettre en danger la vie des patients ».
A Duékoué, durement touchée par les combats, une équipe MSF soigne sur place certains patients et stabilise ceux qui doivent être transférés à Bangolo, à 30 km de là, pour être opérés par une autre équipe MSF qui travaille dans le seul hôpital ouvert à proximité. Dans la ville de Duékoué, la Mission catholique abrite un camp de personnes déplacées dont le nombre a doublé en quelques jours. Les affrontements dans la région ont également provoqué l’arrivée de milliers de personnes sur la ville de Guiglo où les besoins sanitaires ont augmenté en conséquence. Une équipe MSF donne des consultations dans la mesure de ses moyens mais a le plus grand mal à évacuer les blessés sur les hôpitaux de Duékoué ou Bangolo, du fait de l’insécurité.
Dans le centre du pays quand des blessés ont afflué, le 30 mars, dans l’hôpital de Yamoussoukro et Bouaké, une équipe de MSF a pu faire des donations de matériel médical pour soigner les blessés. « Mais il s’agit d’un problème général dû à la paralysie de la vie économique, remarque Renzo Fricke, les établissements médicaux manquent de médicaments et de matériel médical. »
MSF est une organisation médicale humanitaire qui intervient en toute impartialité, dans le strict respect de la neutralité. Ses activités en Côte d’Ivoire sont exclusivement financées par des donateurs privés, ce qui lui assure une totale indépendance.
© Didier Assal/MSF