Israël doit mettre un terme à son entreprise de mort et de destruction à Gaza

Bombardement à Rafah. 10 mai 2024.

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Alors que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunissait en urgence ce mardi 28 mai à la suite des frappes israéliennes sur des camps de déplacé·e·s dans le sud de la bande de Gaza, Médecins Sans Frontières (MSF) demande l'arrêt immédiat de l'offensive sur Rafah et des atrocités qui l’accompagnent. La stratégie militaire d'Israël, qui consiste à bombarder des zones densément peuplées, conduit immanquablement à des massacres de civils.

« Des familles entières, composées de dizaines de personnes, sont entassées dans des tentes et vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Plus de 900 000 personnes ont à nouveau été déplacées de force depuis que l’armée israélienne a intensifié son offensive sur Rafah au début du mois de mai », déclare Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.

Ce mardi, selon les autorités sanitaires locales, 21 Palestinien·ne·s ont été tué·e·s et 64 blessé·e·s après que les forces israéliennes ont à nouveau bombardé un camp de déplacés à Al-Mawasi, à l'ouest de Rafah. 

Le personnel médical et les patient·e·s d’un centre de stabilisation soutenu par MSF à Tal Al-Sultan, à Rafah, ont été contraint·e·s de fuir dans la nuit du 27 au 28 mai, alors que les hostilités aux alentours s’intensifiaient, mettant à nouveau un terme à toutes les activités médicales de la structure.

Les civils se font massacrer. Ils et elles sont poussé·e·s dans des zones qu’on leur a désignées comme sûres, où ils et elles sont soumis·e·s à des frappes aériennes incessantes et à des combats violents.

Christopher Lockyear

La veille, une frappe aérienne de l’armée israélienne a tué au moins 49 personnes et blessé environ 250 autres dans un camp de déplacé·e·s situé à proximité. 180 d’entre elles ont alors été prises en charge par le personnel du centre de Tal Al-Sultan, qui a aussi reçu 31 morts. Les patient·e·s souffraient de brûlures graves, de blessures par éclats d’obus, de fractures et d’autres lésions traumatiques. Ils et elles ont été stabilisé·e·s et dirigé·e·s vers des hôpitaux de campagne situés vers Al-Mawasi, plus à l’ouest, car il n’y a plus d’hôpitaux fonctionnels, capables de faire face à un tel afflux de blessé·e·s.

La semaine dernière, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël de cesser "immédiatement" son offensive militaire à Rafah et de laisser entrer et permettre le déploiement de l'aide humanitaire qui fait cruellement défaut. Mais l'offensive israélienne dans le sud de Gaza s'est encore intensifiée, aucune aide significative n'est entrée dans l'enclave depuis le 6 mai, et les attaques systématiques contre les infrastructures de santé se sont poursuivies.

Durant toute la nuit dernière, nous avons entendu des combats, des bombardements et des tirs de roquettes. Personne ne sait ce qui se passe exactement. Nous avons peur pour nos enfants et pour nous-mêmes. Tout se déchaîne si soudainement. Où sommes-nous censés aller ?

Dr Safa Jaber, médecin de MSF, qui vit dans le camp de Tal Al-Sultan avec sa famille

Tous les pays qui soutiennent les opérations militaires d'Israël dans ces circonstances sont moralement et politiquement complices. MSF appelle les pays, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et les États européens alliés d’Israël, à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour convaincre Israël de mettre fin au siège et aux attaques indiscriminées contre les civils et les infrastructures civiles à Gaza. 

Près de huit mois après le début de la guerre, il n'y a plus un seul établissement de santé à Gaza capable de prendre en charge un afflux massif de blessés, comme celui du 27 mai. Le jour-même de la fermeture du centre de traumatologie de Tal Al-Sultan, soutenu par MSF, l’hôpital koweïtien de Rafah a été mis hors service par une frappe aérienne qui a tué deux membres du personnel. Presque tous les hôpitaux de Rafah ont été évacués et sont soit hors service, soit à peine fonctionnels, privant des milliers de civils de toute possibilité de prise en charge.  

Des centaines de milliers de civils sont victimes d’une punition collective qui dure depuis huit mois. Outre les bombardements, les entraves à l’aide humanitaire empêchent toute forme de secours.

Karin Huster, référente médicale du projet MSF à Gaza.

Les bombardements israéliens et les violents combats continuent également de dévaster le nord de l'enclave, presque totalement inaccessible aux travailleurs humanitaires. Les hôpitaux du nord sont exposés aux combats et ont subi d’importantes destructions, notamment ceux d’Al-Awda et Kamal Adwan, ce dernier, l’un des derniers fonctionnels, ayant été bombardé par les forces israéliennes ce mardi. L’hôpital Al-Aqsa à Deir al Balah et l’hôpital Nasser à Khan Younis signalent des pénuries de carburant et pourraient également se retrouver hors d’état de fonctionner.  

MSF demande aux belligérants de respecter et protéger les établissements médicaux, leur personnel et leurs patient·e·s 

Israël doit cesser immédiatement son offensive sur Rafah et ouvrir le point de passage de Rafah, afin de permettre l’entrée de l’aide humanitaire à une plus grande échelle.

MSF réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et durable dans toute la bande de Gaza.