L’insécurité à Leer a des conséquences dévastatrices pour la population cachée dans la brousse
© Jean-Pierre Amigo/MSF
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La sécurité se détériore de jour en jour, les conditions de vie sont précaires et MSF a désormais perdu tout contact avec les deux tiers de son personnel
Il y a à peine deux semaines, les 240 employés locaux de Médecins Sans Frontières (MSF) travaillant à l’hôpital de Leer ont été contraints de fuir dans la brousse avec plusieurs dizaines de blessés parmi les plus graves aux cotés de milliers de gens de la région.
«De nombreux habitants de Leer sont ici – la population a faim, l’apport en nourriture et en eau est un problème pour tous, les gens boivent l’eau des rivières souillées. Nous nous cachons pendant la journée et nous nous déplaçons la nuit parce que c’est plus sûr», explique un des membres de l’équipe, qui se cache actuellement dans la brousse près de Leer.
«La situation sur le terrain est chaotique et hostile, et il est très difficile de savoir où les civils ont trouvé refuge après avoir quitté la ville», affirme Raphael Gorgeu, chef de mission de MSF au Soudan du Sud. «Les contacts sporadiques que nous avons pu établir avec notre personnel trahissent leur profond désespoir, mais aussi celui de milliers d’inconnus qui vivent dans des conditions terribles, menacées par les maladies, la déshydratation, la malnutrition et les attaques.»
Les soins continuent dans la brousse, mais le matériel se fait rare
Le personnel de MSF continue de fournir les meilleurs soins possibles aux patients, mais il manque de médicaments. Quinze cas chirurgicaux sont toujours pris en charge par l’équipe, mais leurs pansements ne sont plus changés par manque de matériel.
«Le personnel qui reste en contact avec l'organisation raconte que la détérioration de la sécurité les a poussés à s’enfoncer davantage dans la brousse. Ils se sont scindés en deux groupes plus petits afin de réduire les risques d’attaque et ont divisé leurs stocks de médicaments qu’ils rationnent pour ne traiter que les patients dont la vie est en danger», explique Gorgeu.
Une des équipes traiterait chaque jour au moins 45 patients dans un état critique. Les pathologies les plus fréquentes sont la diarrhée aqueuse, les infections respiratoires et le paludisme – des pathologies directement liées à la précarité des conditions de vie, à l’absence d’abris et de moustiquaires. Le personnel a également rapporté des cas alarmants de violence sexuelle.
«Pendant combien de temps pourront-ils tenir le coup ?»
«C'est désolant d'entendre notre personnel faire état de la précarité de leur situation et du manque de denrées, en sachant que le peu de soins de santé qu’ils fournissent sont les seuls qui sont offerts dans le sud de l’État de l’Unité», affirme Gorgeu. «Nous avons besoin de prendre contact avec les civils et de ravitailler notre personnel en médicaments, mais c'est tout simplement trop dangereux vu la persistance des combats. Nous ne savons pas pendant combien de temps ils pourront tenir le coup.»
MSF est présente à Leer depuis 25 ans, où elle offre des consultations externes et des soins en milieu hospitalier aux enfants et adultes, des services de chirurgie et de maternité, des traitements contre le VIH et la tuberculose, ainsi que des soins intensifs. Le dernier employé de MSF a quitté l’hôpital de Leer le 30 janvier et MSF n’a plus de nouvelles de l’hôpital qui était le seul établissement de soins secondaires en activité dans le sud de l’État de l’Unité et qui desservait 270 000 personnes. L’organisation est disposée à retourner à Leer pour y poursuivre ses activités médicales dès que les conditions de sécurité le permettront
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