Méditerranée centrale: 22 personnes portées disparues et une décédée lors d’un naufrage
© Anna Pantelia/MSF
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Au moins 22 personnes sont portées disparues, et une femme enceinte est décédée, suite au naufrage d'un bateau pneumatique en Méditerranée centrale le 27 juin. L'équipe de recherche et de sauvetage du Geo Barents, le bateau de Médecins Sans Frontières (MSF), a secouru 71 survivants. MSF appelle maintenant les autorités maltaises et italiennes à assigner un lieu sûr pour le débarquement de ces personnes dès que possible.
Hier, un bateau en détresse a été intercepté par les garde-côtes libyens avant que le Geo Barents ne puisse lui porter assistance. Quelques heures plus tard, Alarm Phone, un système d’alerte à destination des embarcations en détresse en Méditerranée Centrale, a émis une alerte pour un autre bateau en détresse dans la zone, à laquelle les équipes MSF ont répondu. Le Geo Barents a navigué pendant trois heures avant d'atteindre ce canot pneumatique qui était en train de couler. Ses passagers luttaient pour ne pas se noyer, et beaucoup d'entre eux étant déjà à la mer.
L'équipe MSF a secouru les personnes encore en vie et a ramené à bord une femme enceinte qui n'a pas survécu malgré les efforts de l’équipe médicale pour la réanimer. Trois autres personnes ont dû recevoir des soins d'urgence, dont un bébé de quatre mois qui a ensuite été évacué vers Malte avec sa mère. Aujourd'hui, l'équipe MSF s'occupe des autres survivants, dont la plupart sont extrêmement faibles et en état de choc.
« Hier, nous avons été confrontés à un cauchemar. Lorsque nous nous sommes rapprochés de ce bateau en détresse et que nous avons pu le voir avec nos jumelles, nous avons compris à quel point ce sauvetage serait compliqué », explique Riccardo Gatti, chef de l'équipe de recherche et de sauvetage à bord du Geo Barents.
Le bateau était en train de couler avec des dizaines de personnes à bord, alors que beaucoup d’autres étaient déjà dans l'eau.
Alors que l'équipe continue de recueillir des informations sur les personnes disparues, deux femmes ont déjà affirmé à nos équipes qu'elles avaient perdu leurs enfants en mer ; une autre jeune femme a expliqué avoir perdu son petit frère. Les équipes mènent actuellement des entretiens avec les survivants afin de récolter des précisions sur la disparition de plus d'une douzaine d'autres personnes.
« Nous sommes restés en mer pendant 19 heures avant d'être secourus », déclare un homme originaire du Cameroun qui a été secouru la nuit dernière et qui est maintenant en sécurité à bord du Geo Barents. « Pendant toutes ces heures, j'ai vu de nombreuses personnes se noyer. Je suis heureux d'avoir été sauvé mais c’est une joie mêlée aux larmes. »
« Les survivants sont épuisés ; beaucoup ont ingéré de grandes quantités d'eau de mer et plusieurs personnes ont souffert d'hypothermie après avoir passé de nombreuses heures dans l'eau », explique Stephanie Hofstetter, chef de l'équipe médicale de MSF à bord. « Au moins 10 personnes, principalement des femmes, souffrent de brûlures moyennes à sévères à cause du carburant. Elles ont besoin de soins plus importants que ceux qui peuvent être délivrés à bord. »
« Cet événement choquant est la conséquence de l'inaction et du désengagement des pays Européens, en particulier l'Italie et Malte, en mer Méditerranée », explique Juan Matias Gil, responsable des activités de recherche et de sauvetage de MSF.
Des milliers de personnes continuent de perdre leur vie aux portes de l'Europe, dans un silence et une indifférence absolus de la part des États de l'UE.
Aujourd'hui, la mer Méditerranée reste la frontière la plus meurtrière au monde, avec 24 184 migrants disparus recensés depuis 2014 et 721 pour la seule année 2022. Les États membres de l'UE et les États frontaliers de la mer Méditerranée condamnent des personnes à se noyer à cause de leurs politiques de non-assistance. MSF demande à tous les États membres de l'Union européenne de garantir un dispositif de recherche et de sauvetage dédié et proactif en Méditerranée centrale, et d'apporter une réponse rapide et adéquate à tous les appels de détresse.
Le Geo Barents se dirige maintenant vers l'Italie et a contacté les autorités maltaises et italiennes pour trouver un port sûr.
© Anna Pantelia/MSF