MSF appelle à la protection des civils et à une intensification de l’aide humanitaire à Malakal
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Soudan du Sud4 min
L’attaque menée les 17 et 18 février 2016 sur un site de protection des civils à Malakal est un nouvel exemple de l’extrême violence du conflit qui, depuis deux ans, dévaste la région ainsi que la vie et la dignité des civils sud-soudanais.
Selon de multiples témoignages factuels et fiables reçus par MSF suite à l’attaque du site de protection des civils de Malakal, l’un des membres du personnel de MSF aurait été tué alors qu’il tentait de délivrer des soins aux personnes blessées au cours des affrontements. D’autres personnes auraient été délibérément ciblées et tuées alors qu’elles essayaient d’éteindre les incendies ou d’aider les blessés. Ces actes impitoyables s’inscrivent dans un contexte de deux années de violence indiscriminée à l’encontre des civils, victimes collatérales d’attaques ayant occasionné de nombreux décès et blessures irréparables, ainsi que la mise à sac de communautés sud-soudanaises déjà très vulnérables.
« Cette violence et cette terreur subies par les populations civiles ne peuvent plus durer. Nous sommes profondément attristés par le meurtre de nos deux collègues », déclare Raquel Ayora, directrice des opérations de MSF. « La violence déployée lors de l’attaque du camp de Malakal constitue la preuve que seul un changement de la conduite des hostilités par tous les belligérants permettra de protéger et d’apporter une assistance humanitaire aux civils. Il est absolument inacceptable que les civils soient contraints de devoir ainsi lutter pour leur survie, dans un contexte de chaos absolu, comme c’était encore le cas il y a deux semaines, et depuis le début de cette crise. Ceux ayant le pouvoir d’éviter que cette situation ne perdure et en capacité de protéger des vies humaines doivent se mobiliser. »
Au cours de l’attaque, des acteurs armés ont délibérément détruit l’ensemble des services humanitaires et des abris des réfugiés du site de protection des civils. Les 47 000 occupants ont déjà subi deux années de violence qui les ont obligés à venir se réfugier dans le camp surpeuplé de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) où ils vivent dans des conditions déplorables et insalubres, menacés par les épidémies. Suite à l’attaque, la plupart des personnes déplacées se retrouvent totalement démunies. MSF a confirmé le décès d’au moins 19 personnes, dont deux membres sud-soudanais de son personnel. Au total, 108 blessés ont été admis en urgence à l’hôpital de MSF, dont 46 cas de blessure par balle. Cette attaque aura encore des conséquences dans les mois à venir. Traumatisée, cette population particulièrement vulnérable aura besoin d’une assistance humanitaire d’autant plus accrue.
« Les gens sont terrifiés et se rapprochent le plus possible des zones du camp considérées comme étant sûres », ajoute Raquel Ayora. « Si la sécurité et la protection ne sont pas assurées et si les conditions de vie dans le camp ne sont pas améliorées, la situation générale et sanitaire en particulier de ces personnes risque d’encore se détériorer. »
À l’heure actuelle, les milliers de personnes restées dans le camp sont réfugiées dans des zones non adaptées. La quantité d’eau disponible n’est que de dix litres par jour et par personne, les abris sont quasiment inexistants et l’assainissement est limité. Dans l’hôpital de MSF, les équipes médicales prennent en charge des patients souffrant de maladies liées à ces conditions insalubres : infections respiratoires, diarrhées et paludisme. 4 500 autres occupants du camp ont été relocalisés dans la ville même de Malakal, où il y a très peu d’assistance humanitaire.
MSF condamne les actes de violence perpétrés dans la région et appelle les parties belligérantes à assurer une véritable protection, sur le long-terme, aux civils.
Une équipe composée de douze internationaux et de cent Sud-Soudanais travaille dans l’hôpital de MSF où elle délivre des soins d’urgence. L’organisation gère 17 projets médicaux au Soudan du Sud. En 2015, MSF a délivré des soins à plus de 800 000 personnes au Soudan du Sud.
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