Nouvelle tragédie en mer Méditerranée: 25 personnes retrouvées mortes et 246 secourues
© Borja Ruiz Rodriguez/MSF
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Dans la soirée du 25 octobre 2016, 25 personnes sont mortes en mer Méditerranée. Leurs corps ont été découverts par le Bourbon Argos, le bateau de recherche et de sauvetage de MSF, a à peine 42 km des côtes libyennes. Les 107 personnes qui étaient sur le même canot pneumatique ont pu être mises en sécurité, avec 139 autres qui étaient sur un autre bateau à proximité.
« Quand nous sommes arrivés au premier bateau, les 107 survivants sont montés à bord du Bourbon Argos mais nous n’avons pas eu le temps de nous occuper de ce qui nous semblait être des corps inertes parce que nous devions répondre à une autre urgence proche de là où nous étions » raconte Michele Telaro, coordinateur de la mission MSF.
Après avoir secouru les 139 personnes à bord du deuxième bateau, on est retournés au premier. 25 corps flottaient inertes dans un mélange d’eau de mer et de carburant, probablement victimes d’intoxications aux vapeurs de carburant. On a mis trois heures pour récupérer 11 de ces corps parce qu’il y avait tant d’essence qu’on ne pouvait pas risquer de rester exposés aux inhalations sur de longues périodes. C’était horrible.»
Soutien psychologique aux 246 survivants
Comme la nuit était déjà tombée et que nous ne voulions pas retarder l’opération jusqu’au lever du soleil, l’équipe MSF a demandé de l’aide à l’organisation non gouvernementale Sea Watch pour récupérer les corps qui étaient toujours coincés dans le canot pneumatique. Sea Watch a ensuite remis les 14 dépouilles au Bourbon Argos, plus une retrouvée en mer dans un incident sans lien avec celui-ci.
Parmi les personnes secourues, 23 ont été soignées pour des brûlures par des produits chimiques, dont 11 étaient sévères. Sept patients ont dû être évacués vers un hôpital et deux étaient dans des états si graves qu’ils ont dû être transférés en hélicoptère pour obtenir des soins d’urgence en Italie.
L’équipe médicale présente à bord du bateau a sauvé la vie d’une jeune femme en la stabilisant avant de procéder à son évacuation. Les survivants, dont le mari et le bébé de huit mois d’une des victimes, ont été pris en charge par l’équipe psychologique de MSF dès leur arrivée en Italie.
Une course contre la montre dans un cimetière marin
« C’est une tragédie, mais nous ne pouvons pas dire que ce soit un jour exceptionnel en mer. Les dernières semaines ont été épouvantables pour nos équipes de sauvetage et celles des autres bateaux. Beaucoup trop d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts. Les opérations en mer deviennent une course contre la montre dans un cimetière marin et nos équipes sont submergées à cause d’une crise qui est politique. On se sent impuissants, on n’arrive pas à mettre fin aux pertes humaines» dénonce Stefano Argenziano responsable des opérations liées aux migrations chez MSF. «2016 sera bientôt l’année la plus meurtrière en mer Méditerranéenne centrale. Combien de tragédies comme celle-ci doivent arriver pour que les chefs d’état de l’Union Européenne changent leurs priorités et assurent une alternative sûre à cette traversée? »
Les équipes MSF sont réparties au sein de trois bateaux en mer méditerranée centrale et ont secourues plus de 170 00 personnes cette année depuis le début des opérations en avril. MSF constate une fois de plus la nécessité vitale des opérations de recherche et de sauvetage, mais est persuadée que des itinéraires sûrs et légaux seront la seule façon de mettre fin aux décès en mer. D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, 327800 personnes sont arrivées en Europe en bateau en 2016 et 3740 ont perdu la vie.
© Borja Ruiz Rodriguez/MSF