Syrie: l’intensification de l’offensive condamne les habitants d’Idlib à une fuite éperdue

Dans le camp de Qadimoon au nord-ouest de la Syrie le 17 février 2020.

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Dans le nord-ouest de la Syrie, les frappes aériennes associées à une offensive terrestre menées par les forces armées syriennes et leurs alliés russes ont déclenché une immense vague de déplacements de populations dans le dernier bastion rebelle du pays, condamnant les civils à fuir vers un étau qui se resserre, entre la ligne de front à l’est et la frontière turque à l’ouest.

Les 14 et 15 février derniers, une attaque a visé des camps situés près de la ville de Sarmadah. Depuis le 13 février, la ville de Takad, à une vingtaine de kilomètres à l’est, a aussi été la cible de tirs à plusieurs reprises qui ont provoqué la fuite de la plupart des habitants de la ville. Selon Moustafa Ajaj, directeur du centre de santé soutenu par MSF à Takad, les seules personnes qui sont restées sont celles qui n’ont pas les moyens de se déplacer ou ne savent où aller. 

Les gens sont dans une situation désespérée. Les attaques visent maintenant des zones qui étaient avant considérées comme sans danger et qui accueillaient des personnes déplacées dans des camps aux conditions déjà terribles. Si l’offensive militaire se poursuit, la situation sera encore plus dramatique.

Julien Delozanne, chef de mission MSF en Syrie.

A Al-Atareb, l’hôpital soutenu par MSF, qui avait récemment reçu des kits d’urgence a dû fermer le 16 février à la suite d’attaques sur la ville et l’hôpital de Darat-Izaa a dû aussi fermer le 17 février de peur d’être bombardé. Résultat, il n’y a plus un hôpital ouvert dans la province d’Alep ouest. 

Plus de 875 000 personnes déplacées dans le nord-ouest de la Syrie

« Personne ne sait ce qui se passera demain, on sait seulement qu’il y a des bombardements et que l’armée avance, dit une médecin MSF travaillant dans le camp de Deir Hassan à 30 km à l’ouest d’Alep. Nous vivons dans la peur et le stress. » 

Selon les Nations unies, plus de 875 000 personnes ont été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie depuis le 1er décembre dernier. La situation changeant constamment, les habitants du nord de la province d’Idlib et de l’ouest de la province d’Alep – dont beaucoup ont fui à plusieurs reprises - sont complètement perdus. Les camps de personnes déplacées sont surpeuplés. N’ayant nulle part où aller, les gens installent des tentes sur des collines et le long des routes ou ils dorment dehors. 

« Il y a la mort sous les bombes et il y a une autre mort dans le camp, pas immédiate mais retardée », observe un homme récemment arrivé avec sa famille dans un camp où MSF intervient. 

Le nord de la province d’Idlib et l’ouest de la province d’Alep sont maintenant parsemés de campements où les déplacés vivent dans des conditions très dures, au cœur d’un hiver particulièrement froid. Une famille de quatre personnes est morte étouffée pour avoir utilisé du carburant de mauvaise qualité pour chauffer leur tente. 

La réponse des équipes MSF

En réponse à cette situation, les équipes de MSF ont distribué des biens de première nécessité – couvertures, vêtements, combustibles - dans différents endroits de la province d’Idlib, pour répondre en urgence aux besoins vitaux de plus de 13 000 personnes récemment arrivées dans une vingtaine de camps et campements à Harim, Salqin, Sarmadah, Killi et Marrat Misrine. MSF distribue par ailleurs de l’eau potable à des dizaines de milliers de personnes dans des camps.

Quant aux équipes médicales de MSF, elles ont traité de nombreux patients pour des infections respiratoires, dues aux conditions de vie et aux températures hivernales. Les équipes ont aussi  pris en charge ces dernières semaines un nombre important de femmes enceintes et d’enfants. 

« Les besoins restent immenses et malgré nos efforts, il est de plus en plus difficile pour MSF de fournir aux personnes déplacées l’aide dont elles ont besoin», conclut Julien Delozanne. « La guerre dure depuis presque neuf ans, observe la médecin MSF, mais cette seule année vaut les neuf années passées si l’on pense à toutes les difficultés que l’on traverse aujourd’hui. »