Tchad: malgré une vaccination de masse, les cas de rougeole à N’Djamena ne diminuent pas
© Florence Fermon/MSF
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Vaccination et traitements doivent immédiatement être déployés par les autorités sanitaires tchadiennes pour enrayer l’épidémie.
Les efforts pour contenir l’épidémie de rougeole qui touche actuellement N’Djamena, la capitale, doivent être immédiatement renforcés, affirme l’organisation humanitaire médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). En dépit d’une récente campagne de vaccination effectuée par le ministère de la Santé, les patients continuent d’affluer dans les hôpitaux et les centres de soins assistés par MSF; plus de 2511 cas ont été recensés dans la capitale depuis début janvier.
MSF exhorte les autorités sanitaires tchadiennes à intensifier rapidement leur réponse face à l’épidémie en relançant la vaccination, en améliorant la prise en charge de la maladie dans les hôpitaux, et en s’assurant que les stocks de médicaments soient effectivement distribués dans les centres de soins.
Environ 80% des patients soignés par MSF affirment ne pas avoir été immunisés
«Faute de réponse adéquate à l’épidémie, de très nombreux patients risquent de mourir d’une maladie parfaitement évitable», assure Jérôme Alin, chef de mission de MSF au Tchad. «Typiquement, à la suite d’une campagne de vaccination de masse, nous devrions constater une baisse des cas de rougeole; mais un nombre significatif de patients continuent d’arriver dans les centres, bien que la campagne soit terminée depuis quatre semaines».
Les données médicales fournies par les unités d’isolement des hôpitaux prouvent que la majorité des patients n’ont pas été vaccinés. Rien que la semaine dernière, 80% des patients soignés par MSF ont affirmé ne pas avoir été immunisés.
MSF inquiète que l’épidémie ne se propage en dehors de la capitale
MSF travaille en collaboration avec le ministère de la Santé dans les hôpitaux de la Liberté et de l’Union, ainsi que dans sept centres de soins à N’Djamena. À ce jour, les équipes ont traité plus de 1765 patients atteints de la rougeole. Des cas sévères continuent d’arriver à l’hôpital de la Liberté. MSF, qui avait prévu d’appuyer l’hôpital jusqu’à la fin de la première semaine d’avril, va finalement prolonger son soutien au ministère de la Santé jusqu’à la fin du mois.
L’organisation s’inquiète de voir l’épidémie se propager, un nombre croissant de patients venant des zones périphériques de la capitale. «L’idéal serait de lancer une nouvelle campagne de vaccination en ciblant ces zones contaminées» poursuit Alin.
Les centres de soins manquent de traitements
De plus, le manque d’approvisionnement en médicaments des centres de soins est alarmant. Bien que les traitements de la rougeole soient disponibles à N’Djamena, ils n’ont pas été acheminés vers les populations touchées et MSF demeure l’unique fournisseur de traitements médicamenteux.
«Approvisionner les centres de soins en médicaments et en matériel médical doit être une priorité absolue» soutient Alin. «Quand nous aurons cessé notre aide aux centres d’ici quelques jours, les autorités sanitaires devront impérativement renforcer leur capacité à fournir ces soins essentiels gratuitement.»
MSF au Tchad
Au nord-est de N’Djamena, MSF s’attaque également à l’épidémie de rougeole dans le district de Massakory à Hadjer Lamis. L’organisation y effectue une campagne de vaccination d’un mois pour 42 000 enfants âgés de 6 à 59 mois. À ce jour, 193 cas ont été enregistrés, dont 112 traités par MSF à l’hôpital de Massakory.
MSF est implantée au Tchad depuis plus de 30 ans, et gère actuellement des programmes à Abéché, Am Timan, Massakory, Moissala et Tissi. MSF vient également de lancer deux programmes d’urgence à Bitoye et Sido en faveur des réfugiés centrafricains. Au sud-est du pays, des équipes mobiles évaluent les conditions sanitaires des Tchadiens retournés de République centrafricaine.
© Florence Fermon/MSF