Afghanistan: après la prise de pouvoir par les Talibans, les besoins médicaux sont plus urgents que jamais
© Evangeline Cua / MSF
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La semaine dernière, après des semaines de combats intenses, l'Émirat islamique d'Afghanistan (EIA, également connu sous le nom de Talibans) est entré dans la ville de Kaboul alors que le gouvernement s'effondrait. L'EIA a déclaré que la guerre était terminée et a pris le contrôle du pays.
Alors qu’une partie de la population et de nombreuses organisations ont fui l'Afghanistan, nos équipes restent actuellement sur place pour fournir des soins médicaux essentiels aux habitants du pays. La raison pour laquelle nous sommes en mesure de poursuivre notre travail en Afghanistan alors que d'autres se retirent est principalement due à nos principes humanitaires : neutralité, indépendance et impartialité.
Nos équipes sont guidées uniquement par la nécessité médicale. Nous ne refusons jamais un patient, qu'il s'agisse d'un soldat du gouvernement, d'un combattant taliban, d'une femme enceinte ou d'un accidenté de la route. Nous travaillons selon l'éthique médicale, et non en fonction de qui est considéré comme un criminel, un terroriste, un soldat ou un politicien. C'est la seule façon de pouvoir travailler dans les conflits.
Cela signifie également que nous parlons à toutes les parties au conflit dans la mesure du possible, que nous refusons l'argent des gouvernements et n'acceptons que les dons privés, que nous nous identifions clairement afin de ne pas être confondus avec d'autres groupes et que nous faisons de nos hôpitaux des zones sans armes. Quiconque vient dans une de nos cliniques ou un hôpital MSF doit laisser son arme à la porte.
Compte tenu de l'instabilité actuelle, des déplacements de population et des besoins sanitaires aigus, nous sommes préoccupés par l'accès aux soins pour tous. Nos activités médicales continuent dans nos cinq projets : Kunduz, Herat, Kandahar, Khost, et Lashkar Gah.
Augmentation du nombre de patients dans la clinique d'Herat
A Herat, nous avons constaté une légère diminution du nombre de patients se présentant à notre centre de traitement Covid-19 et à notre centre d'alimentation thérapeutique pour patients hospitalisés (ITFC). Cependant, à la clinique de Kahdestan, où nous fournissons des soins ambulatoires et des traitements pour les maladies non transmissibles, nous avons constaté une augmentation du nombre de patients, les autres cliniques de la région ayant suspendu leurs activités.
Soins de traumatologie à Kunduz
Le lundi 16 août, nous avons transféré tous nos patients de l'unité de traumatologie d'urgence de Kunduz (KETU) au nouveau centre de traumatologie de Kunduz (KTC). Le KTC comptera au départ 30 lits et une salle d'opération. Nous traitons les personnes blessées dans des accidents, ainsi que les personnes blessées dans les combats. Entre le 9 et le 14 août, nous avons traité 63 patients, la majorité pour des débridements de plaies (l'élimination des tissus cutanés morts ou infectés pour aider une plaie à guérir). Depuis la fin des combats, à Kunduz, nous avons constaté un changement dans les besoins des personnes qui se présentent dans nos projets et beaucoup de nos installations sont maintenant à capacité maximale. Outre les personnes qui ont été blessées pendant les combats et qui nécessitent des soins de suivi, nous traitons à nouveau des patients souffrant d'une grande variété de problèmes de santé qui, maintenant que les combats ont cessé, ont plus facilement accès à nos installations.
Accès aux soins de maternité à Khost
Nos activités se poursuivent dans l'unité de maternité de Khost et dans les huit centres de santé complets que nous soutenons (CHC). En juillet, nous avons assisté 1 450 naissances à la maternité de Khost et plus de 870 dans les différents centres de santé.
Lorsque Khost a subi l’avancée des Talibans, les gens ont eu du mal à accéder aux structures de santé. La maternité de MSF, qui se concentre normalement sur les cas compliqués, a décidé d'élargir ses critères d'admission pour garantir des soins maternels et néonatals sûrs.
Personnes déplacées à Kandahar
Pendant les combats, nous avons pu continuer à soigner les patients atteints de tuberculose résistante aux médicaments (TB-RD) en offrant des consultations à distance. Ces consultations leur ont permis d’éviter d'avoir à traverser les lignes de front pour accéder à leur traitement. Nos soins antituberculeux se poursuivent aujourd'hui.
Le camp de Haji, où vivaient 5 000 personnes, est désormais largement vide. Nos équipes ont pour objectif de relocaliser une clinique dans un endroit plus proche de notre centre de traitement de la tuberculose, afin de continuer à fournir des soins aux enfants de moins de cinq ans. Avant que nous arrêtions de travailler dans le camp de Haji, les principaux problèmes de santé que nous rencontrions étaient la diarrhée, les infections des voies respiratoires supérieures, l'anémie et les infections des yeux et de la peau.
Répondre à un large éventail de besoins à Lashkar Gah
Les personnes qui n’ont pas pu accéder à une aide médicale alors que les combats étaient intenses arrivent progressivement dans notre hôpital pour y recevoir des soins. Ces derniers jours, la salle d'urgence a été remplie par de nombreuses personnes présentant des problèmes respiratoires, des problèmes gastro-intestinaux et des traumatismes liés aux combats et aux accidents de la route. Entre le 12 et le 16 août, nous avons assistés 215 naissances, réalisé 105 interventions chirurgicales et traités quelques 65 patients blessés par les combats. Au total, nos équipes ont reçu environ 800 personnes par jour aux urgences.
© Evangeline Cua / MSF