Kenya: le plus grand camp de réfugiés au monde affiche complet

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Au Kenya, dans la province du Nord Est, 30 000 personnes ont trouvé refuge dans un désert de broussailles et de sable en marge des camps de réfugiés de Dadaab. Après avoir traversé la frontière somalienne, à quelques 80 kilomètres des camps, ces familles survivent dans des abris de fortune sous un soleil brûlant.

En effet, les trois camps de réfugiés de Dadaab sont déjà pleins. A leur arrivée, les réfugiés – principalement des femmes et des enfants – n’ont ni argent, ni nourriture, ni eau, ni abri. Il faut compter une douzaine de jours avant de recevoir une première ration de nourriture (statistique provenant d’une étude réalisée par MSF en janvier 2011, sur 687 familles installées en-dehors des camps) et 34 jours pour recevoir les ustensiles de cuisine et les couvertures donnés par le HCR, l’agence onusienne en charge des réfugiés, qui gère les camps.

A Dadaab, la température peut dépasser les 50 degrés Celsius. Les familles s’installent dans des abris de fortune à la merci des hyènes. Les branchages et les broussailles courbés et attachés ensemble sont utilisés pour former une sorte de dôme qui est ensuite recouvert de carton, de plastique et de tissus usés – tout ce qui peut servir de protection contre un soleil tenace et une poussière étouffante.

Un camp de la taille d’une ville

Ensemble, les trois camps de Dadaab (Dagahaley, Hagadera et Ifo) sont décrits comme le plus grand camp de réfugiés au monde. Ils ont été construits il y a 20 ans pour héberger un maximum de 90 000 personnes fuyant les violences et la guerre civile en Somalie. Alors qu’aucune issue au conflit n’est en vue, 350 000 personnes (chiffres du HCR) s’entassent dans l’enceinte des camps.  Les vagues d’arrivants s’amplifient. En 2011, 44 000 nouveaux réfugiés ont été enregistrés. D’ici la fin de l’année, 450 000 personnes auront  élu domicile dans les camps de Dadaab, l’équivalent de deux fois la population de la ville de Genève.

Un quatrième camp – baptisé Ifo 2 –  offrant une capacité de 40 000 réfugiés est inachevé et vide. Les autorités kenyanes et le HCR ont rompu les négociations.

«Nous n’avons que ce que nous portons sur nous»

Mahmoud est arrivé avec sa femme, ses cinq enfants et sa mère, veuve. Ils vivent chez sa sœur dans un abri de fortune fabriqué à leur arrivée. «Je suis arrivé après neuf jours de voyage. Nous n’avons que ce que nous portons sur nous. En Somalie, nous étions des éleveurs, mais tout le cheptel est mort avec la sécheresse. Il n’y avait pas de combat dans notre village, mais un groupe armé a exigé que nous leur payions des taxes. Je ne pouvais pas payer, alors on a décidé de s’en aller. J’étais terrifié à l’idée d’être arrêté en cours de route et qu’on nous empêche de traverser la frontière kenyane. Nous nous cachions sur la route.»

Les zones frontalières sont un endroit dangereux et sans protection légale, que bon nombre de réfugiés traversent en étant victimes de violence, d’extorsions et de harcèlement. Ils constituent des proies faciles.

Au bord de l’explosion

Les nouveaux réfugiés arrivent en très mauvaise santé dans les camps. Le système sanitaire somalien est proche de l’effondrement total. La majorité des habitants vivent depuis des années sans soins médicaux de base. La sécheresse qui sévit actuellement rend la situation sanitaire désastreuse et la population a urgemment besoin d’une assistance médicale.
Tous les jours, une équipe MSF part à la recherche des Somaliens nécessitant un traitement médical dans le camp et aux alentours. Les plus touchés sont majoritairement des enfants présentant une malnutrition modérée ou sévère avec souvent des complications médicales. MSF gère l’unique hôpital du camp de Dagahaley et cinq  centres de santé. L’équipe s’assure que les réfugiés savent où se rendre en cas de besoin pour accéder à des soins médicaux gratuits.

Sans vaccination

Les besoins de ces nouveaux arrivants augmentent à une telle vitesse que MSF a dû déployer dans l’urgence du personnel et des ressources supplémentaires. Dans les centres de santé, les équipes rencontrent surtout des infections respiratoires, des cas de diarrhée, de tuberculose, de la malnutrition. Le nombre de patients souffrant de complication augmente constamment.
40% des enfants nouvellement arrivé dans le camp n’ont jamais été vaccinés ce qui, combiné à une malnutrition et à des conditions de vie très difficiles , représente une grave menace à la santé publique. MSF a entrepris des campagnes de vaccination éclair afin de prévenir toute épidémie.

La pression monte à l’hôpital

La pression monte également à l’hôpital de MSF (170 lits), au milieu du camp de Dagahaley. Une équipe de volontaires expatriés, de Kenyans et de Somaliens travaille nuit et jour afin d’offrir des soins médicaux gratuits. Cet unique hôpital couvre les besoins médicaux de 110 000 réfugiés du camp et absorbe le nombre croissant de réfugiés nouvellement installés dans le désert à la lisière du camp. «Encore récemment, le taux d’occupation des lits était de 80%,explique le Dr Gedi Abdi Mohammed, directeur de l’hôpital. Mais avec les nouveaux arrivants, nous voyons désormais des taux d’occupation allant de 90 à 110%.»

MSF fournit des soins médicaux au Kenya depuis 1992 et travaille dans les camps de Dadaab depuis 14 ans. Depuis 2009, MSF est le seul et unique prestataire en soins médicaux du camp de Dagahaley.. Dans ses cinq centres de santé et son hôpital de 170 lits, MSF fournit des soins aux 113 000 résidents du camp.