Kenya : la réponse humanitaire dans les camps de Dadaab n’est plus suffisante
© Paul Odongo/MSF
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Alors que le plus grand camp de réfugiés au monde voit le nombre de nouveaux arrivants augmenter, MSF appelle à l'intensification de la réponse humanitaire et des vaccinations contre le choléra et la rougeole. Chaque semaine, des centaines de personnes arrivent de Somalie dans le complexe de camps de Dadaab, situé à la frontière entre la Somalie et le Kenya. Compte tenu des conditions de vie, le risque d'épidémies est élevé pour les 233 000 réfugiés accueillis.
Médecins Sans Frontières exhorte l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les autorités kenyanes à intensifier l'aide humanitaire et à lancer d'urgence des campagnes de vaccination.
Les personnes originaires de Somalie fuient une sécheresse dévastatrice, la violence et le conflit persistant. Un grand nombre de ces personnes arrivent du sud du pays, là où des épidémies de rougeole et de choléra se sont récemment produites. « Avec une faible couverture vaccinale en Somalie et aucun système en place pour accueillir et dépister les personnes arrivées au Kenya, les maladies infectieuses peuvent se propager rapidement, exposant les populations, dont les enfants, à un risque accru de tomber malade », explique Adrian Guadarrama, responsable adjoint du programme MSF au Kenya.
Même quelques cas isolés de rougeole et de choléra peuvent provoquer une véritable épidémie dans les camps surpeuplés, où l'eau potable est rare et où l'assainissement et l'hygiène laissent à désirer.
La semaine dernière, les équipes MSF ont enregistré trois cas de rougeole et deux cas suspects de choléra à Dagahaley, l'un des trois camps de Dadaab.
« Une campagne ciblée de vaccination contre la rougeole et contre le choléra dans les camps et au sein des communautés environnantes est désormais nécessaire pour prévenir les épidémies à grande échelle et sauver des vies, déclare Adrian Guadarrama. Nous sommes prêts à apporter notre soutien pour que démarrent ces vaccinations indispensables dans le camp de Dagahaley, où nous sommes le principal prestataire de soins. »
Pour prévenir au mieux la propagation des cas, les équipes de promotion de la santé MSF recherchent les nouveaux arrivants à Dagahaley, à qui un dépistage médical est proposé. Si ces personnes ont un besoin urgent de soins médicaux, elles sont orientées vers la structure sanitaire. Mais l'absence d'un système d'accueil pour les identifier et les accueillir retarde leur accès à l'aide humanitaire. Selon les données recueillies par nos équipes de sensibilisation, le nombre d'arrivées de familles somaliennes à Dagahaley a doublé entre août et septembre, atteignant plus de 800 personnes.
Le HCR, les donateurs et le gouvernement kenyan doivent saisir l’urgence de se mobiliser dès maintenant, en mettant en place un système d'accueil et de dépistage digne pour les personnes qui traversent la frontière vers le Kenya. Sans dépistage des nouveaux arrivants, les vaccinations seules auront peu d'impact.
« Beaucoup de celles et ceux qui arrivent dans les camps ont connu des traumatismes au cours du trajet, certains ont même perdu des membres de leur famille en chemin, et d'autres ont pu être victimes de violences. Il est donc essentiel de ne pas négliger le stress, la souffrance et les traumatismes psychologiques que beaucoup ont subis, et de s'efforcer d'intégrer des services de santé mentale dans la réponse », explique Adrian Guadarrama.
Dadaab accueille actuellement plus de 233 000 réfugiés enregistrés, dont beaucoup vivent dans les camps depuis plus de trois décennies (HCR, juillet 2022). Après que le Kenya a cessé d'enregistrer les nouveaux arrivants en 2015, le HCR a mené des exercices de vérification périodiques pour déterminer le nombre de réfugiés non enregistrés, afin qu'ils puissent encore recevoir une certaine assistance de base. Lors du dernier exercice de ce type, au début de l'année, le HCR a enregistré plus de 45 000 réfugiés non enregistrés. Parmi eux, quelque 11 000 seraient arrivés cette année seulement. Nous fournissons des soins de santé à Dadaab et dans ses environs depuis quasiment 30 ans, durée d'existence du camp. Nos programmes actuels se concentrent sur le camp de Dagahaley, où nous travaillons dans deux postes de santé et un hôpital de 92 lits pour soigner les réfugiés et communautés hôtes.
© Paul Odongo/MSF