République centrafricaine: des affrontements font des milliers de déplacés

Les équipes de MSF ont aussi mis sur pied trois dispensaires mobiles par semaine afin de fournir des soins à 2 100 personnes déplacées.

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Parmi les enfants déplacés, les équipes de MSF constatent des signes de malnutrition et une augmentation du nombre de cas de paludisme.

A Batangafo, non loin de la frontière tchadienne, Médecins Sans Frontières (MSF) vient de terminer une distribution de biens de première nécessité, dont des bâches en plastique, des moustiquaires et des couvertures. Ces biens étaient destinés à plus de 5 000 personnes ayant dû fuir leurs villages qui ont été brûlés lors de violents affrontements avec des bergers nomades en provenance du Tchad.
L’absence de forces de sécurité dans la région après le coup d’Etat mené en mars 2013 par le groupe d'opposition de la Seleka («Coalition») contre le gouvernement de François Bozizé a conduit à de violents et persistants affrontements entre les agriculteurs d'Afrique centrale et des tribus de bergers nomades. Entre février et mai, une trentaine de villages ont ainsi été incendiés et leurs habitants contraints de se cacher en brousse. En raison du ralentissement des activités agricoles suite au coup d’Etat, une urgence nutritionnelle est à craindre. Les équipes de MSF ont donc évalué l'état de santé des enfants de la région.

Vieux différends

Depuis dix ans, des différends opposent des agriculteurs centrafricains à des tribus des bergers nomades, en l’occurrence les «Mbarara» venant du Tchad voisin. Ces heurts ont lieu lorsque les nomades franchissent la frontière à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux. Les vaches envahissent les champs de manioc, de maïs ou d’arachide, aliments de base dans la région. Les agriculteurs locaux se défendent en tuant des animaux et les Mbarara répondent par la force.
«Auparavant, les forces armées centrafricaines (FACA) essayaient de contenir ces différends, mais, cette année, personne ne contrôle les Mbarara», explique Carlos Francisco, coordinateur MSF à Batangafo. Le premier village a été brûlé en février et le dernier en mai. Au total, dans un rayon compris entre 14 et 89 kilomètres autour de Batangafo, 25 villages et six hameaux ont été brûlés. La population s’est réfugiée dans la brousse, dans les champs ou dans les villages à proximité où elle a été accueillie par des parents ou des voisins.

«Tout perdu»

«Ces gens ont tout perdu, leurs biens ont été brûlés, tout comme leurs maisons en toit de chaume désormais inhabitables», poursuit Carlos Francisco. Selon le coordinateur MSF, les tribus nomades ont quitté la région et une partie de la population déplacée peut rentrer chez elle. «Dans les villages qui n’ont pas été totalement brûlés, certaines familles de retour utilisent les bâches en plastique que nous avons distribuées pour servir de toits temporaires. Dans les endroits totalement détruit, le retour est impossible. Et les habitants ont peur de reconstruire, car ils craignent de nouvelles attaques l’année prochaine.»
Les équipes de MSF ont aussi mis sur pied trois dispensaires mobiles par semaine afin de fournir des soins à 2 100 personnes déplacées. Des agents de santé communautaire et des médecins MSF ont également profité de la distribution pour évaluer l'état de santé des enfants, une population vulnérable à la malnutrition.
«Nous commençons à noter une augmentation des taux de malnutrition. Ce n’est pas encore alarmant, mais de nombreuses familles ont perdu leurs stocks de céréales. Or la prochaine récolte n’aura lieu que dans trois ou quatre mois. Cet été, nous pouvons donc assister à une augmentation alarmante de la malnutrition», conclut le coordinateur terrain. Les équipes MSF s’attendent à une augmentation du nombre de cas de paludisme. En effet, de nombreux déplacés cachés dans la brousse ont été exposés aux moustiques porteurs de la maladie. Cette hausse des cas de paludisme a déjà été constatée dans les hôpitaux et les centres de santé où MSF travaille.