Syrie: Les habitants de Raqqa privés de soins médicaux d’urgence
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«Les malades et les blessés vivant à Raqqa et aux alentours parviennent difficilement à recevoir des soins médicaux d’urgence en raison des combats pour le contrôle de cette ville du nord de la Syrie», déclare MSF.
« Les patients nous racontent qu’il y a de nombreux blessés et malades coincés à Raqqa, qu’ils n’ont pas ou peu d’accès aux soins et des chances très limitées de quitter la ville. Samedi, en l’espace de quelques heures, notre équipe a traité quatre patients dont un enfant de cinq ans blessé par balle alors qu’ils fuyaient Raqqa. Nous sommes très inquiets pour les vies de ceux qui ne peuvent pas partir », explique Vanessa Cramond, coordinatrice médicale de Médecins Sans Frontières (MSF) en Turquie et au nord de la Syrie.
«Si vous n’êtes pas mort durant une frappe aérienne, vous serez tué par un tir de mortier»
Les rares patients à avoir fui Raqqa et qui sont traités par MSF dans le nord-est de la Syrie, racontent que l’unique moyen de quitter la ville est par le biais des passeurs, ce qui entraîne des retards critiques afin d’accéder à des traitements médicaux d’urgence.
« Certains patients restent bloqués derrière les lignes de front pendant des jours, voire des semaines. S’ils sont chanceux, ils reçoivent des soins de base sur place mais le temps qu’ils atteignent nos hôpitaux, leurs blessures sont souvent sérieusement infectées et il est rarement possible de sauver les membres touchés. Quant aux patients gravement blessés originaires des villages proches de Raqqa, ils traversent les lignes de front plus rapidement », ajoute Vanessa Cramond.
« A Raqqa, si vous n’êtes pas mort durant une frappe aérienne, vous serez tué par un tir de mortier, si ce n’est pas un mortier, ce sera la balle d’un sniper, et si ce n’est pas la balle d’un sniper, vous marcherez sur une mine. Si vous survivez malgré tout, vous serez alors en proie à la faim et à la soif car il n’y a ni nourriture, ni eau, ni électricité », raconte un patient de 41 ans, blessé à la poitrine par un éclat d’obus en fuyant la ville après que sept membres de sa famille aient été tués. Suite à une frappe aérienne, la mère du patient est restée coincée sous les décombres d’un immeuble pendant 15 heures avant qu’elle soit secourue et puisse quitter la ville.
Au nord-est de la Syrie, 415 patients traités depuis juin
Depuis juin, les équipes médicales de MSF dans le nord-est de la Syrie ont traité 415 patients, majoritairement des civils originaires de Raqqa et des villages alentours. Leurs blessures sont principalement dues à des mines antipersonnel, des engins explosifs improvisés, des munitions n’ayant pas explosées, des éclats d’obus et des armes à feu.
Dans le gouvernorat de Raqqa, de nombreux civils retournent chez eux mais sont victimes des conséquences du conflit. Villes et villages sont piégés. « Il y a de nombreux restes d’engins explosifs dans ces villes ce qui empêche la population de retrouver une vie normale. A Hazima, au nord de Raqqa, nos équipes avaient relancé les services médicaux dans une école mais nous avons été contraints d’arrêter lorsque des engins explosifs ont été découverts dans le bâtiment. »
Les structures soutenues par MSF à Raqqa
MSF est l’une des rares organisations médicales à répondre aux besoins urgents de la population dans le gouvernorat de Raqqa. MSF gère huit ambulances en partenariat avec les autorités locales à proximité de la ligne de front avec des points de collecte à l’est et à l’ouest de la ville de Raqqa. L’organisation soutient un poste médical avancé à l’extérieur de Raqqa où les patients sont stabilisés avant d’être transférés vers les hôpitaux de Tal Abyad ou de Kobané, à plus de 100 kilomètres. MSF dispose également d’une clinique dans le camp de Ain Issa et travaille dans des zones récemment prises à l’organisation Etat islamique.
MSF appelle les parties au conflit et leurs alliés à garantir la protection des civils et à permettre l’accès aux soins et aux évacuations médicales pour les blessés de guerre. MSF insiste sur la nécessité de faciliter l’accès au nord-est de la Syrie aux organisations internationales de déminage afin que les habitants puissent rentrer chez eux et que les acteurs humanitaires puissent fournir l’aide d’urgence.
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