Tanzanie : sauver des vies dans le camp de Nduta en améliorant les services de santé maternelle et néonatale

Bayubahe Jerome, promoteur de santé, informe les futures mères sur les soins prénatals à l'hôpital du camp de Nduta

Tanzanie4 min

Dans le district de Kibondo, situé au nord-ouest de la Tanzanie, le risque de décès des femmes et de leurs bébés pendant l'accouchement touche de nombreuses familles. En concentrant ses efforts sur l’accès à des soins de santé adaptés, l’action de Médecins Sans Frontières entend profiter autant aux réfugiés burundais du camp de Nduta qu’à la communauté vivant dans le district hôte. Elda Kyando, responsable de l'équipe médicale de MSF au camp de Nduta, a observé l'impact significatif des services de soins maternels et néonatals fournis par MSF et ses partenaires sur la santé des femmes enceintes et des nouveau-nés, grâce à la confiance croissante en ces services.

« Je suis heureuse de voir des mères venir à l’hôpital pour accoucher et repartir avec le sourire, leurs nouveau-nés dans les bras », déclare Elda. « Nous avons pu maintenir l'accès aux services de santé pour la population de réfugiés de Nduta et les communautés environnantes. Nous avons continué à offrir des soins hospitaliers comprenant une salle d'urgence (ER), service pour adultes, pédiatrie, y compris les soins intensifs, la néonatologie avec soins intensifs, ainsi que la maternité. » 

«J'ai accouché de mes trois enfants à l'hôpital de Nduta. Lorsque nous venons du village au camp, nous recevons un permis et un logement près de notre résidence »,  explique Lilian, du village voisin de Malolongwa. « Les services sont de qualité et le personnel est aimable. Ils sont à l'écoute et prennent soin de vous », ajoute-t-elle. 

Service de pédiatrie au Centre de santé de Nduta, Kibondo, Tanzanie.

Service de pédiatrie au Centre de santé de Nduta, Kibondo, Tanzanie.

© Godfrida Jola/MSF

Le service de maternité de MSF, qui compte 15 lits, se concentre sur les conditions médicales connues pour augmenter considérablement le risque de mortalité maternelle, telles que les hémorragies post-partum, l’éclampsie, la septicémie, le travail obstructif et les avortements dangereux. Pour les patientes nécessitant une orientation vers l’hôpital de district pour des soins plus avancés, MSF et ses partenaires ont mis en place un système de transfert efficace, conçu pour gagner du temps dans le processus et, en fin de compte, augmenter les chances de survie des patientes. 

Depuis janvier 2024, MSF a permis un total de 624 références vers l’hôpital de Kibondo pour les personnes vivant au camp de Nduta et dans le district, en particulier pour les grossesses à haut risque nécessitant une chirurgie d’urgence. Maintenir une banque de sang stable a été crucial pour atténuer les risques d’hémorragie pendant ou après l’accouchement dans les deux hôpitaux.  

Elda se souvient : « Une nuit, j’ai reçu un appel de l’hôpital de Kibondo concernant une patiente que nous avions référée et qui saignait gravement. L’hôpital n’avait pas de poche de sang compatible et il était difficile de trouver un donneur. Nous avons réussi à envoyer rapidement trois unités de sang de notre banque de sang, ce qui a permis au personnel de l’hôpital de sauver la vie de la femme. » 

Niyomwugere Jeanine, sage-femme, observe une mère après l'accouchement dans le service de maternité de Nduta.

Niyomwugere Jeanine, sage-femme, observe une mère après l'accouchement dans le service de maternité de Nduta.

© Godfrida Jola/MSF

« Nous avons également constaté l'impact important des programmes de promotion de la santé communautaire dans l'autonomisation des individus à prendre en charge leur santé, ce qui leur est bénéfique à terme», explique-t-elle. En effet, la mise en œuvre de programmes de promotion de la santé a accru la sensibilisation à la santé maternelle et néonatale dans et autour du camp, renforçant la confiance envers les services existants et encourageant les femmes à rechercher des soins de santé en temps opportun. 

Malgré les nombreux défis de santé persistants à Kibondo pour les réfugiés et les communautés hôtes, investir dans les services maternels et néonatals ainsi que dans la prévention a conduit à une réelle amélioration de l'accès aux soins de santé pour les futures mères et leurs nouveau-nés. 

MSF en Tanzanie 

  • En 1993, MSF a lancé ses premiers programmes d'urgence en Tanzanie pour aider les réfugiés du Burundi, du Rwanda et de la RDC à Kigoma. De 1995 à 2001, diverses interventions de santé ont été mises en œuvre, notamment le contrôle du paludisme, la fourniture d'eau et les soins de santé de base à Kasulu, Mtwara et Kigoma. Ces projets ont été suivis d'autres initiatives axées sur la préparation aux épidémies de choléra, les réponses aux épidémies de paludisme, ainsi que sur le traitement et la prévention du VIH/SIDA. 
     
  • En 2015, MSF a commencé à travailler dans les camps de réfugiés de Nyarugusu et Nduta, à Kibondo, où ses équipes ont ouvert un hôpital de 175 lits offrant des soins de santé de base et une promotion de la santé. 
     
  • En 2023, MSF a continué à soutenir le ministère de la Santé dans ses efforts pour répondre aux épidémies de choléra et de fièvre Marburg ainsi qu'à d'autres urgences sanitaires, y compris la réponse au paludisme et la vaccination de masse. Dans le sud de la Tanzanie, dans la région de Lindi, MSF a lancé un programme à l'hôpital du district de Liwale pour améliorer l'accès aux soins de santé de base et spécialisés pour les femmes enceintes et les enfants.