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Le tragique destin des femmes enceintes au Darfour
Soudan 4 min
La guerre au Soudan a des conséquences profondes pour les femmes enceintes et leurs bébés. En laissant les gens sans emploi et en coupant l’accès à la nourriture et à l’eau, la guerre expose les femmes enceintes à la malnutrition, ce qui affecte directement la santé de leurs bébés et peut causer des naissances prématurées. Les nouveau-nés sont fréquemment admis en observation afin de surveiller leur santé et assurer leur survie.
Nos équipes soutiennent l’hôpital de Zalingei, dans l’Etat du Darfour central, qui est l’unique structure médicale où accoucher pour environ 500 000 personnes vivant dans la région. Dans le Darfour occidental, les femmes enceintes peuvent se rendre dans l’hôpital de Murnei, soutenu par MSF, ou dans nos cliniques mobiles. Certaines ont accepté de partager leur histoire.
Halima : « notre seul moyen de transport est un âne. L’hôpital est trop loin, le trajet n’est pas facile. C’est pourquoi j’ai toujours accouché à la maison par le passé. »
« Je m’appelle Halima Ishaq Osman. C’est ma cinquième grossesse, et je me sens malade en permanence. La douleur ne s’en va jamais. C’est la première fois que je me rends dans cette clinique. Je vis très loin, à Ammoshush. Cela m’a pris une heure à dos d’âne pour venir… c’était très dur.

Halima Ishaq Osman, 38 ans, s’est rendue dans notre clinique mobile de Romalia, dans le Darfour occidental.
Nous n’avons pas de moyen de transport à proprement parler. C’est pourquoi j’ai toujours accouché à la maison par le passé. Je ne me suis jamais rendu à l’hôpital.
Se rendre rapidement à l’hôpital est quasiment impossible. Sans véhicule, nous utilisons des moyens de transport traditionnels, qui sont lents et peu sûrs. Parfois, les gens partent nous chercher un véhicule ou nous cherchons un Tuk Tuk pour emmener un patient à l’hôpital. Trop souvent, hélas, ce n’est pas suffisant et certaines personnes n’arrivent pas à temps. Ce fut le cas de ma grand-mère, qui est morte sur le chemin de l’hôpital. J’espère que les choses seront différentes pour moi, je ne sais pas ce qui va se passer, je suis inquiète. »
Afaf : « Lorsque nous sommes arrivés, il était trop tard… j’avais déjà perdu mon bébé. »
« Mon nom est Afaf Omar Yahya. Ma vie est pleine de peine et de souffrance. Il n’y a pas de moyens de transport là où nous vivons, donc je me suis rendu à l’hôpital avec mon âne, alors que je souffrais de douleurs insupportables. Nous sommes partis vers deux heures de l’après-midi, mais nous avons eu besoin de plusieurs heures pour arriver à l’hôpital de Zalingei. Le trajet était insoutenable et lorsque nous sommes arrivés, il était déjà trop tard… j’avais déjà perdu mon bébé. Cette fausse-couche a été dévastatrice pour moi.
J’ai dû subir une chirurgie. Bien que j’aie survécu, la perte de mon bébé est la plus grande perte que je n’ai jamais ressentie. J’ai donné la vie à neufs enfants, mais seulement cinq sont vivants – quatre de mes bébés sont morts. Mon plus jeune n’a que huit mois. Mon espoir pour l’avenir est d’aller bien, d’être en bonne santé et que mes enfants aient à manger, à boire et reçoivent une éducation. Tout ce que je veux c’est qu’ils grandissent en sécurité. »
Sameera : « J’ai donné naissance à la maison. Ce n’était pas facile. Après l’accouchement, j’ai développé une grave fièvre. »
« Je m’appelle Sameera Abkir, j’ai 25 ans. Je vis dans un village reculé appelé Ab Doui. J’ai accouché à la maison. Ça n’a pas été facile. Après l’accouchement, j’ai contracté une grave fièvre. Mon frère est allé me chercher des injections à la pharmacie. Ensuite, ma main a commencé à me faire mal. Je n’avais aucune idée de ce qui n’allait pas.

Sameera a été admise à la clinique mobile de Romalia, dans le Darfour occidental, à cause d’une forte fièvre et d’une infection au bras contractée après une injection de médicament mal réalisée. Nos équipes ont pu soigner et désinfecter sa blessure et lui proscrire des antibiotiques.
Initialement, je suis venu à la clinique pour obtenir un certificat de naissance pour mon bébé. Mais j’avais aussi l’espoir qu’ils puissent soigner ma main : la douleur devenant de plus en plus intense. Mon mari et moi avons voyagé en charrette car l’hôpital est trop loin pour s’y rendre à pied. La route a été difficile, mais nous n’avions pas d’autre option. Dans mon village, la plupart des femmes accouchent chez elles. Moi-même je viens d’accoucher à la maison, comme toujours. L’hôpital est simplement trop éloigné. J’espère que cela deviendra plus simple à l’avenir. »
Les effets considérables de la guerre risquent de piéger les femmes et jeunes filles dans un cycle sans fin de malnutrition, de détérioration de la santé et de décès maternels.