Tchad : Célébration d’un jalon historique

Ces dernières années, les programmes de MSF se sont considérablement développés.

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Cela fait maintenant 30 ans que MSF est présente au Tchad. Il y a 30 ans, les équipes médicales sont arrivées dans le pays pour venir en aide aux personnes déplacées par la guerre civile et pour soutenir le système de santé national secoué par le conflit armé.

A N’Djamena, capitale dynamique, les membres de MSF, des plus anciens aux plus récents, commémorent ce jalon.
Pour le gestionnaire de stock, Timoleon Mallah Malandjigue, 2012 marque ses 25 ans de services au sein de MSF. « J’ai rejoint MSF en 1987 comme chauffeur », raconte ce père de trois enfants, « et en l’espace de trois mois, je suis devenu logisticien. »
Au cours de sa longue carrière, Timo a vu s’accroître la mission de MSF au Tchad. « MSF a fait beaucoup à Mayo Kebbi et à Logone, dans le sud-ouest du pays. L’hôpital de Doba comptait déjà quelques édifices mais l’équipement et les systèmes pour fournir des soins de santé à la population locale faisaient défaut », explique Timo. « MSF a collaboré avec le ministère de la Santé pour améliorer la situation. »

Établir des liens avec la population locale et le ministère de la Santé

Cela, dès le début, fait partie de la mission de MSF au Tchad. « À ce moment-là, nous avons recruté des coordonnateurs pour qu’ils se rendent dans les villages les plus reculés pour aider les gens à comprendre ce qu’était MSF », raconte Timo. « La participation de la communauté nous a beaucoup aidés et, aujourd’hui, la population locale gère elle-même quelques centres de santé. »
Ces dernières années, les programmes de MSF se sont considérablement développés. « MSF n’a cessé de se consacrer aux urgences », dit Timo. « Lorsque les réfugiés du Soudan ou de la République centrafricaine sont arrivés à l’est et au sud, MSF a pu leur fournir du soutien tout en continuant à aider la population tchadienne. »
L’année passée a été particulièrement intense pour MSF puisqu’elle a dû gérer huit projets différents dans 12 endroits. Cela comprend notamment le soutien apporté à l’hôpital du ministère de la Santé dans la ville d’Am Timan, dans la région du sud-est tchadien, où l’équipe a réalisé 1 700 accouchements, soigné presque 2 000 enfants âgés de moins de cinq ans et admis plus de 5 000 enfants dans un programme de nutrition. MSF a également mis en place un programme de lutte contre la tuberculose qui a permis à 88 patients de commencer le traitement.
Lorsque le conflit dans la Libye voisine a éclaté, la capacité de réaction de MSF a été mise à rude épreuve, avec des vagues de milliers de travailleurs migrants tchadiens qui traversaient la frontière. MSF a fourni une aide médicale à court terme dans trois centres de santé dans le nord du pays et a ainsi pu traiter plus de 3 000 rapatriés.

Campagne de vaccination contre la méningite

À la fin de l’année 2011, MSF a mené une campagne de vaccination contre la méningite dans le district de Mandelia, situé à 50 kilomètres de la capitale, au moyen d’un nouveau vaccin appelé MenAfrivac. Cette campagne massive a permis de vacciner plus de 100 000 personnes, ce qui équivaut à un taux de 91 pour cent. Non seulement ce vaccin révolutionnaire et peu onéreux protège les personnes pendant 10 ans mais en plus, il réduit la propagation de la bactérie causant la méningite.
En ce début d’année 2012, les équipes de MSF se préparent à d’éventuelles nouvelles urgences. La région du Sahel risquant fortement d’être touchée par une sécheresse dévastatrice, la priorité sera de lutter contre une crise nutritionnelle majeure, alors qu’on s’attend aussi à des épidémies de choléra et de rougeole.
Ainsi, 30 ans après, MSF continue d’avoir un impact sur la vie de nombreux Tchadiens, y compris son propre personnel. « Sans le savoir, MSF a influencé mon comportement de façon positive », témoigne Timo. « Aujourd’hui, je ne peux pas ignorer une personne blessée et ne pas l’aider. Il en va de même si je vois une personne malade sur un chariot; je vais l’aider à se rendre au centre de santé le plus proche. Ces actes sont devenues des automatismes, et c’est grâce à mon travail avec MSF. L’esprit humanitaire vit en moi. »