
Fil d'Ariane
- Accueil
- Nos actualités
- Communiqués de presse
- Vous êtes actuellement sur la page:À Goma, MSF appelle à un retou...
À Goma, MSF appelle à un retour digne et volontaire des personnes déplacées et à une aide urgente
Depuis la baisse des affrontements et la prise de contrôle de la région par le M23/AFC, de nombreux mouvements ont été observés dans les camps de déplacés et sur les routes. Certains camps se vident de façon précipitée, avec de vastes mouvements dans les territoires environnants, y compris vers les lieux d’origine. Les équipes de MSF observent que des déplacé·e·s se dirigent aussi vers la ville, tandis que de nouvelles personnes, en provenance d’autres camps détruits, arrivent dans les camps encore existants à l’ouest de Goma.
Cette semaine, certains camps se sont largement vidés en quelques heures à peine. Les personnes déplacées partent avec le peu qu’elles ont. Nous ignorons dans quelles conditions elles feront le trajet jusqu'à chez elles et ce qui les attend là-bas. Mais il est crucial que ces déplacements soient volontaires et que les conditions d’accueil dans leurs zones d’origine soient sécurisées.
Les raisons de ces départs précipités sont multiples. De nombreux·euses résident·e·s des camps mentionnent des ordres d’évacuation qui auraient été donnés par des membres du M23, d’autres reçoivent des messages officiels contraires. D’autres expriment le désir sincère de quitter ces camps précaires après des années de survie dans des conditions atroces. D'autres, au contraire, font le choix d’attendre ou de rester, face à l’incertitude de ce qu’ils trouveront chez eux et des conditions de sécurité.
Ce qui est certain, c’est que la population est très inquiète, oscillant entre rumeurs et réalité.
« La vulnérabilité des familles est extrême. Pour celles qui partent comme pour celles qui restent, l’assistance humanitaire reste plus que requise. Malheureusement, nous constatons sur le terrain que plusieurs ONG n’ont pas pu reprendre leurs activités ou ont suspendu leurs services, démantelant leurs structures dans les camps », poursuit Thierry Allafort-Duverger.
Signe de cette vulnérabilité, les équipes de MSF ont assisté depuis quelques jours au démantèlement d’installations humanitaires par certain·e·s déplacé·e·s préparant leur départ, emportant tout ce qui pourra les aider lors du retour : chaises, tôles, bâches, cordes. D’autres déplacé·e·s cependant ont essayé de protéger nos structures des pillages. « Cela s’est produit sur plusieurs sites où MSF intervenait, comme à Lushagala, où une clinique MSF et un centre de traitement du choléra ont littéralement disparu en quelques heures ce lundi », explique Thierry Allafort-Duverger.
Pour les personnes quittant les camps, MSF s’inquiète notamment du niveau d’accès aux services médicaux dans leurs localités d’origine. Après plusieurs années de guerre, beaucoup de structures de soins ne fonctionnent plus, ont été abandonnées ou pillées, et ne seront pas en mesure d’assurer des soins adéquats à des populations en ayant besoin maintenant et sur le plus long terme.
Depuis trois ans, la situation dans les camps était désastreuse, scandaleuse même. Mais elle risque de l’être également dans les lieux de retour si les ONG, les agences de l’ONU ou les autorités n’y assurent pas le minimum en termes de services essentiels. L’accès humanitaire doit être garanti dans tous les lieux de retour, y compris l’accès aux services médicaux essentiels et de soutien aux victimes de violences sexuelles.
Afin d’assurer un minimum d’accès aux soins dans les zones de retour, des cliniques mobiles destinées à soutenir des structures plus éloignées de Goma ont été mises sur pied sur les routes de l’est du nord de la ville, et des évaluations sont menées dans des villages d’origine. Alors que la situation évolue rapidement autour de Goma, MSF continue d’y apporter, autant que possible, une aide vitale à celles et ceux qui résident encore dans les camps (soins médico-nutritionnels, prise en charge du choléra et des violences sexuelles, distribution d’eau et de nourriture, renforcement des mesures d’hygiène), tout en prenant en charge les blessé·e·s de guerre dans les hôpitaux de Kyeshero et de Virunga.