Méditerranée: les survivants de l’Ocean Viking débarquent à Lampedusa
© Hannah Wallace Bowman/MSF
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Six jours après que les premiers survivants aient été secourus en mer, Médecins Sans Frontières (MSF) est soulagée que les 82 rescapés à bord de l'Ocean Viking, le navire de recherche et sauvetage exploité conjointement avec SOS MEDITERRANEE, aient trouvé un lieu de débarquement à Lampedusa, en Italie.
Le débarquement des 82 survivants intervient après qu'une coalition d'Etats européens ait trouvé une solution pour permettre le débarquement et le transfert des rescapés.
Un pas positif vers une réponse plus humaine
Les autorités italiennes ont proposé un lieu sûr dans les six jours suivant le premier sauvetage en mer, un pas positif vers une réponse plus humaine à la souffrance qui continue dans la Méditerranée.
« Pour les personnes qui ont fui des situations désespérées dans leur pays d'origine et qui ont subi d'horribles abus en Libye, la sécurité n'arrive jamais assez tôt », déclare Erkinalp Kesikli, coordinateur de projet MSF à bord de l’Ocean Viking.
Des enfants à bord racontent à notre équipe médicale qu'en Libye, leur peau a été brûlée avec du plastique fondu, qu’ils ont été battus avec des bâtons et mordus par des chiens.
« Nous entendons des histoires horribles d'abus sexuels contre des hommes, des femmes et des enfants. L’exploitation et la détention arbitraire ont laissé de nombreuses personnes avec de profondes blessures psychologiques. Nous sommes soulagés de savoir que grâce à la solidarité apportée par les Etats européens, il n’y aura plus d’attente en mer » affirme Erkinalp Kesikli, coordinateur de projet MSF à bord de l’Ocean Viking.
Mettre en place une procédure systématisée
Plus tôt, dans le courant de la semaine du 9 septembre, alors que l'Ocean Viking attendait toujours qu'on lui assigne un lieu sûr, une femme enceinte et son mari ont dû être évacués par hélicoptère lorsque l'état de santé de celle-ci s'est détérioré. À chaque sauvetage, les personnes sauvées ne devraient pas être obligées de subir de longs délais d'attente à cause de la pantomine politique inutile des gouvernements européens. Il est urgent de mettre en place une procédure systématisée pour le débarquement des personnes secourues en Méditerranée.
MSF appelle les Etats européens à :
- Mettre en place une procédure de débarquement systématisée qui assure le bien-être des survivants et protège leurs droits.
- Mettre fin à leur soutien politique et matériel au système de retours forcés en Libye, où les réfugiés et les migrants sont placés en détention arbitraire et inhumaine. Les personnes fuyant la Libye ne peuvent tout simplement pas y être renvoyées.
- Mettre en place une réponse européenne de recherche et de sauvetage proactive et suffisante. Jusqu'à présent, en 2019, une personne sur 20 fuyant la Libye par la mer serait morte en tentant cette traversée.
L'Ocean Viking a secouru 84 personnes lors de deux opérations de sauvetage distinctes.
Moins de 9 heures après son entrée dans la zone de recherche et sauvetage assignée à la Libye, l’Ocean Viking a commencé son premier sauvetage le 8 septembre.
Le deuxième sauvetage et le deuxième transfert, le 9 septembre, ont eu lieu dans des conditions météorologiques qui se détérioraient rapidement, tandis que le sauvetage des personnes à bord du Josefa, un voilier de 14 mètres, devenait une urgence.
Bien que nous ayons constamment tenté de contacter le Centre conjoint de coordination des secours libyen (JRCC) avant et après chaque sauvetage, nous n'avons reçu aucune instruction avant le 10 septembre. Celle-ci nous proposait d'aller à Zawiyah en Libye, pour débarquer les survivants, en violation du droit international. L'Ocean Viking a demandé une alternative, en vain.
Le 11 septembre, l'Ocean Viking s'est dirigé vers le nord pour l'évacuation médicale vers Malte d'une femme enceinte de neuf mois et de son mari.
Après cette évacuation médicale, 82 personnes secourues sont restées à bord: 75 hommes, dont 20 mineurs non accompagnés (âgés de moins de 18 ans sans parent ou tuteur les accompagnant), 6 femmes (dont une enceinte) et un enfant d'un an.
Après de nouvelles demandes au Centre de coordination des sauvetages en mer (MRCC) de Malte et d'Italie, le samedi 14 septembre, l'Ocean Viking a été informé par le Centre de coordination du sauvetage maritime (MRCC) de Rome et par email, que Lampedusa avait été désigné comme lieu sûr.
© Hannah Wallace Bowman/MSF