MSF dénonce l’arrêt du mécanisme onusien de l’aide humanitaire dans le Nord-Ouest de la Syrie

Un camp de personnes déplacées dans le gouvernorat d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Le camp a accueilli de nouvelles familles déplacées à la suite du tremblement de terre. Mai 2023, nord-ouest de la Syrie

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L’incapacité du Conseil de sécurité des Nations Unies à renouveler la résolution permettant aux organisations humanitaires l’acheminement transfrontalier de l’aide au nord-ouest de la Syrie depuis la Turquie est inexcusable. Les habitants de cette région viennent de perdre leur seul moyen de recevoir de manière impartiale et sûre une assistance humanitaire qui leur est vitale.

Le 11 juillet, la résolution autorisant l’utilisation des points de passage frontaliers entre Turquie et nord-ouest de la Syrie n’a pas été renouvelée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette résolution, qui avait été approuvée pour la première fois en 2014, a été renouvelée pour la dernière fois en janvier 2023.

La résolution a expiré il y a déjà un mois et aucune solution ne se dégage à l'heure actuelle. C'est tout simplement déplorable, l’acheminement de l’aide humanitaire a été instrumentalisé au service des querelles politiques, et ce sont les personnes en difficulté dans le nord-ouest de la Syrie qui en subissent les conséquences

Sébastien Gay, chef de mission MSF en Syrie.

« Depuis 12 ans, ces personnes souffrent et vivent dans des conditions qu'aucun être humain ne devrait endurer. Avec la fin du seul mécanisme transfrontalier impartial qui existait, leur situation va encore se dégrader » déclare Sébastien Gay, chef de mission Médecins Sans Frontières (MSF) en Syrie.

Pendant des années, la résolution transfrontalière a permis aux agences des Nations unies et à leurs partenaires internationaux et nationaux d’acheminer de l’aide humanitaire au nord-ouest de la Syrie par le poste frontière de Bab al-Hawa de manière impartiale, en les dispensant de négociations avec les autorités syriennes et turques limitrophes. 

Plus de quatre millions de personnes, dont 2,9 millions de déplacés, vivent dans cette région de la Syrie où elles souffrent du long et violent conflit syrien. Le séisme dévastateur qui a frappé la région le 6 février dernier a encore aggravé la situation et amplifié les besoins médicaux et humanitaires. Six mois plus tard, nombreux sont ceux qui peinent à trouver un abri sûr et à avoir un accès suffisant à l’eau, à la nourriture et aux soins.  

Le non-renouvellement du mécanisme transfrontalier entrave la continuité de l’aide, contribuant à renforcer l’isolement du nord-ouest syrien alors que les besoins augmentent. En outre, l’absence de renouvellement de la résolution empêche les agences et organisations humanitaires de se préparer efficacement aux situations d’urgence et de mettre en œuvre de projets de long terme, car les cycles de financements sont liés au vote de la résolution. 

« MSF ayant une présence établie de longue date dans le nord-ouest de la Syrie, nous trouverons des moyens pour maintenir nos activités, mais nous sommes très inquiets des conséquences à venir pour la population de la région, car de nombreuses agences et organisations pourraient être plus impactées que nous par la fin de la résolution transfrontalière », poursuit Sébastien Gay. « Les besoins immenses de quatre millions de personnes ont été ignorés, les négociations politiques étant, semble-t-il, prioritaires ». 

L’acheminement transfrontalier de l’aide est une composante essentielle d’un mécanisme d’accès humanitaire à la Syrie sécurisé, régulier et préservé de toute instrumentalisation politique. MSF exhorte les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies à trouver de toute urgence une solution qui garantisse un accès humanitaire impartial, non politisé et durable. Abandonner le nord-ouest de la Syrie relèverait de l’irresponsabilité et d’une indignité collective.