Les arrestations massives poussent les migrants vers la clandestinité

19 février 2019, Nuevo Laredo, Mexique

Mexique3 min

L’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières alerte sur la recrudescence des raids et des arrestations massives de migrants à la frontière sud du Mexique poussant les migrants à voyager dans la clandestinité et les plaçant à la merci de réseaux criminels, ce qui les empêche de recevoir des soins médicaux.

La semaine passée, les équipes de MSF à Coatzacoalcos et Tenosique ont été témoins de nombreuses arrestations de grande ampleur. Un raid à Coatzacoalcos s’est ainsi déroulé sous les yeux d’une équipe de MSF qui se trouvait aux côtés de migrants afin de leur fournir des soins médicaux et psychologiques et de leur distribuer des kits d'hygiène. 

À cause de ces raids, les migrants évitent de plus en plus les lieux où ils pourraient être vus et arrêtés par la police – dont les endroits où ils pourraient recevoir des services médicaux de base.

La criminalisation des migrants et des demandeurs d'asile a des conséquences que nous observons déjà: ils sont poussés à la clandestinité

Sergio Martín, chef de mission de MSF.

« Ces derniers jours, moins de personnes se sont rendues aux consultations médicales et les personnes qui pourraient avoir besoin de ces services vont en être privées » regrettte Sergio Martín, chef de mission de MSF.

19 février 2019, Nuevo Laredo, Mexique

En février 2019, une équipe de MSF travaille à Piedras Negras, Coahuila, (nord du Mexique) suite à l'arrivée d'une caravane de 1 700 migrants. Février 2019

© Juan Carlos Tomasi

La politique des États-Unis toujours plus répressive

Les raids de la semaine dernière à Coatzacoalcos et Tenosique se sont déroulés alors que les Etats-Unis annonçaient un accord avec le Mexique afin de renforcer l'application de la loi anti-immigration au Mexique et de freiner les mouvements de populations, en particulier à la frontière sud. 

« Aujourd'hui, les gens voyagent clandestinement en petits groupes » ajoute Sergio Martín. « Ils sont obligés de suivre des itinéraires dangereux exploités par des réseaux criminels et n’ont pas accès à un abri ou à des services de santé de base au moment même où ils en ont le plus besoin. Un plus grand nombre de migrants sont susceptibles d'avoir recours à des passeurs de clandestins qui sont visiblement les grands gagnants de ces mesures répressives. »

19 février 2019, Nuevo Laredo, Mexique

56% des migrants et réfugiés assistés par MSF à Nuevo Laredo ont subi un événement violent en attendant de passer aux Etats-Unis. Ils évitent de quitter les refuges, de peur d'être kidnappés. Février 2019

© Juan Carlos Tomasi

Dans le même temps, près de la frontière nord du Mexique, des villes comme Mexicali, Tijuana, Nuevo Laredo, Reynosa et Matamoros sont les refuges temporaires d’un grand nombre de migrants et de demandeurs d'asile qui risquent d'être exploités par des groupes criminels pendant qu’ils attendent une opportunité de poursuivre leur voyage. De nouvelles lois américaines obligent les demandeurs d’asile aux Etats-Unis à attendre leurs audiences depuis le Mexique. Dans le nord, comme en Amérique centrale, les équipes traitent un nombre croissant de patients en provenance de pays comme Cuba, la République démocratique du Congo, l'Angola ou le Cameroun.

Dans ces villes dangereuses, les migrants sont de la chair à canon et sont à la merci des gangs qui s’enrichissent en les extorquant.

Sergio Martín, chef de mission de MSF

Dans le nord du Mexique, les équipes MSF soignent régulièrement des blessures ou des troubles psychologiques chez les migrants qui ont été agressés ou kidnappés par des gangs criminels. Ces groupes cherchent à extorquer de l’argent aux proches des migrants en échange de leur libération, et ce, que les familles vivent aux Etats-Unis ou dans leur pays d’origine.

Ces dernières années, MSF a dénoncé à plusieurs reprises les dangereuses conséquences des politiques répressives à l'encontre des migrants du Salvador, du Honduras et du Guatemala qui prennent la route du Mexique. Ayant fui la pauvreté et la violence dont les équipes de MSF travaillant dans ces pays peuvent témoigner, ils se retrouvent exposés à l’extrême violence du Mexique.

« Loin d'être humaine, cette politique répressive du gouvernement mexicain aux frontières condamne les migrants - de plus en plus d'enfants, de femmes et des familles entières - à davantage de souffrance » déclare Sergio Martín. « C'est une douleur de plus infligée aux migrants et aux demandeurs d'asile. »

Depuis 2012, le long de la route migratoire mexicaine, MSF dispense des soins médicaux et un support psychologique aux migrants, qui viennent principalement du Honduras, du Guatemala et du Salvador. Nos équipes ont apporté leur assistance dans les Etats de Baja California, Tabasco, Veracruz, Tamaulipas, Oaxaca, Chiapas, Hidalgo, Etat du Mexique, San Luis Potosi, Jalisco et Mexico City.