Maladies non transmissibles, des tueuses silencieuses
Dans les situations de crise, les maladies chroniques non transmissibles, telles le diabète, l’hypertension ou l’asthme, impactent durement les plus vulnérables. S’engager auprès des patients qui en souffrent s’inscrit dans la mission de MSF, car sans traitement, des vies sont en danger.
Définition
Les maladies non transmissibles (MNT) que sont les maladies cardiovasculaires (hypertension, hypothyroïdie), de diabètes de types 1 et 2, de maladies respiratoires chroniques (asthme, bronchopneumopathie obstructive) ont un impact très important sur la mortalité globale.
En effet, selon l’Organisation mondiale de la Santé, les MNT sont responsables annuellement de 36 millions de morts dans le monde. Par ailleurs, 90% des décès prématurés dues aux MNT ont lieu dans des pays à revenus moyens ou faibles.
D’évolution lente pour beaucoup d’entre elles, les MNT sont rarement diagnostiquées tôt dans les contextes de crise, faute d’accès aux soins et donc aux tests de dépistage et aux analyses. Souvent, les personnes arrivent lorsque leur maladie est à un stade avancé, lorsqu’elles ont, par exemple, des lésions au niveau des nerfs ou des vaisseaux sanguins qui pourraient causer une cécité ou la nécessité d’amputer un membre par exemple.
De même, les patients atteints de MNT ont souvent des comorbidités multiples (ils souffrent de nombreuses maladies à la fois qui nécessitent plusieurs médicaments et peuvent augmenter le risque de complications). Afin d’éviter des complications qui peuvent être irréversibles, il est urgent de les soigner en amont. Suivant leur prévalence dans ses missions, l’incidence qu’elles ont sur la vie du patient et la possibilité pour MSF de les traiter dans des environnements limités en ressources, les équipes peuvent intervenir.
Une approche innovante et une prise en charge globale
Au Liban, dans la vallée de la Bekaa, MSF fournit des soins aux réfugiés syriens et aux populations hôtes dont 9 000 patients qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, les malades cardiovasculaires, etc.
Les profils de populations que nous assistons sont assez différents d’auparavant. Il est donc essentiel pour notre organisation d’avoir une approche innovante et de proposer une prise en charge globale.
Dans les projets, la majorité des MNT sont traitées dans les centres de santé primaire. Le patient est vu en consultation et le diagnostic est confirmé par un médecin sur la base d’investigation et d’analyse. Une fois stabilisé, les visites ont en général lieu tous les trimestres, sinon, le patient revient tous les mois. L’objectif est de pouvoir simplifier le dépistage, d’avoir une liste de médicaments essentiels à disposition, de transférer certaines tâches des médecins aux infirmiers, et des infirmiers aux travailleurs communautaires, et d’engager les patients et leur entourage dans le contrôle de la maladie. Pour ce faire, en parallèle du suivi médical en consultation, la sensibilisation à une hygiène de vie et l’éducation sont primordiales. Lors de séances de promotion de la santé ou de sessions individuelles, le patient pourra mieux saisir sa maladie, comprendre l’importance qu’il se prenne en charge et suive son traitement, il pourra aussi apprendre comment se servir d’un glucomètre, d’une seringue à insuline ou d’un inhalateur par exemple.
S’engager contre ces “tueuses silencieuses” que sont les maladies non transmissibles est au cœur de notre mission, afin de soulager la souffrance qui en résulte. La prise en charge de la maladie à un stade précoce est bien moins coûteuse que lorsque le patient souffre de complications, et avec un traitement régulier, ces complications peuvent être évitées ou retardées et des vies cessent d’être en danger.
Mais pour les populations déplacées ou réfugiées qui vivent dans des conditions difficiles, qui habitent des tentes ou des abris de fortune, les privations sont telles que les recommandations ou le suivi du traitement est un défi quotidien. Il est souvent difficile de trouver de bons aliments, les glucides (pain, riz, pomme de terre) étant les aliments les moins chers et bien plus facile à obtenir qu’un régime alimentaire équilibré comprenant des fruits et des légumes qui seraient recommandés pour quelqu’un de diabétique ou qui souffre d’hypertension.
La prise en charge inclut donc les difficultés et les contraintes des patients et les traumatismes et l’état psychologique qui sont les leurs. Cela signifie que la santé mentale occupe une grande place, car quelqu’un d’anxieux ou déprimé ne pourra pas se prendre en charge. Il est alors essentiel de s’adapter aux contextes et surtout aux cultures des patients, et toujours avoir une approche centrée sur eux.