Brésil: des conditions de vie difficiles pour les migrants et demandeurs d’asile vénézuéliens

26 juillet 2019, Boa Vista, Brésil

Venezuela3 min

Des milliers de personnes ont fui le Venezuela, pays ravagé par la crise, et vivent désormais dans des conditions précaires, contraints de lutter pour accéder à des soins médicaux dans l'État brésilien de Roraima. L'État de Roraima, situé dans le nord du pays, constitue la principale porte d'entrée au Brésil pour les Vénézuéliens qui fuient la crise économique, politique et sociale qui secoue leur pays.

L'afflux de migrants et de demandeurs d'asile au Brésil s'est fortement accru depuis 2017. Actuellement, environ 600 vénézuéliens pénètrent au Roraima chaque jour. Selon les chiffres officiels, environ 40 000 migrants et demandeurs d'asile vivraient désormais à Boa Vista, capitale de l'État. Cependant, des estimations informelles dénombrent environ 100 000 vénézuéliens à Roraima, soit un cinquième de la population de l'État, dont la plupart vivent dans des conditions particulièrement difficiles. Cet État présente l'économie la moins prospère du pays et dispose d'un système de santé fragile, où pénuries de médecins et de produits médicaux sont monnaie courante. Les infrastructures de l'État peinent à gérer cet important afflux.

26 juillet 2019, Pintolandia, Brésil

Des femmes lavent leurs vêtements au refuge de Pintolandia, à Boa Vista, où l’approvisionnement en eau et l'assainissement sont en mauvais état. 26 juillet 2019, Pintolandia, Brésil

© Victoria Servilhano/MSF

Des infrastructures inadaptées dans un système exangue

Les autorités de Roraima ont établi treize refuges officiels qui fonctionnent tous à plein régime. Ils accueillent environ 6 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, car la plupart des vénézuéliens qui ont fui au Brésil l’ont fait avec leurs familles. Un nombre bien plus conséquent de migrants et de demandeurs d'asile vivent hors des abris, dans des bâtiments vétustes ou abandonnés, voire même dans la rue. À Boa Vista, environ 23 000 vénézuéliens vivent actuellement dans des bâtiments très endommagés et plus de 3 000 vivent dans la rue.

Ces difficultés que connaissent les migrants et les demandeurs d'asile non hébergés dans des abris officiels ont un impact direct sur leur santé.

Nous soignons des problèmes liés au manque d'hygiène et d'assainissement, tels que la diarrhée. De nombreuses personnes présentent également les symptômes de la grippe, de la pneumonie, de la sinusite et de l'otite. Les parasites intestinaux et la gale sont également répandus.

Mariana Valente, médecin MSF à Boa Vista

Chaque jour, à la tombée de la nuit, plus d'un millier de migrants et de demandeurs d'asile se rassemblent et établissent une petite « ville de tentes » autour de la gare routière. Certains possèdent une tente, mais la plupart bénéficie de celles mises à disposition par l'armée à ceux qui n'en ont pas, généralement des toutes petites dans lesquelles s'abritent deux à trois personnes. Les matelas ne sont pas fournis et ceux qui n'en ont pas sont contraints de dormir à même le sol.

26 juillet 2019, Boa Vista, Brésil

Des habitants du refuge Pintolandia, à Boa Vista, en train de cuisiner avec du bois de chauffage dans la cuisine collective. 26 juillet 2019, Boa Vista, Brésil

© Victoria Servilhano/MSF

À Pintolândia, plus de 500 membres du groupe ethnique des Waraos et 30 membres du groupe ethnique des E´ñepás vivent dans des dizaines de tentes et des centaines de hamacs.  « Non seulement la zone est inondable, mais on se trouve dans une région équatoriale où les pluies sont diluviennes » explique Sara Lopes, technicienne de MSF responsable de l'assainissement et de l'approvisionnement en eau. « Une partie de notre plan d'évacuation des eaux a été mis en œuvre, mais il reste encore beaucoup à faire. » Pour le moment, les points d'eau restent trop limités.

26 juillet 2019, Boa Vista, Brésil

Vue du Centre de Santé 13 de Setembro, à Boa Vista. Les médecins MSF offrent des consultations de soins de santé primaires aux migrants et demandeurs d'asile vénézuéliens ainsi qu’à la population locale brésilienne. 26 juillet 2019, Boa Vista, Brésil

© Victoria Servilhano/MSF

À Pintolândia, les résidents désespèrent de voir leur situation s’améliorer, n’étant pas inclus dans le programme « d'intériorisation » brésilien. Ce programme gouvernemental soutenu par les Nations unies permet aux migrants et aux demandeurs d'asile ainsi qu'à leurs familles d'être transférés sur la base du volontariat dans d'autres zones du pays, mais les populations indigènes ne peuvent s'y inscrire.

Fin 2018, MSF a débuté ses activités dans l'État brésilien de Roraima. Depuis, son objectif est d'améliorer les soins médicaux apportés aux migrants et aux demandeurs d'asile vénézuéliens, ainsi qu'à la population locale. MSF effectue des consultations médicales, fournit une aide psychologique et des conseils techniques sur l'assainissement et l'approvisionnement en eau, et gère des activités de promotion de la santé.