Burkina Faso: Portrait de personnes déplacées
© Nisma Leboul/MSF
Burkina Faso4 min
Au Burkina Faso, 2,06 millions de personnes déplacées internes ont été enregistrées par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) au 31 mars 2023. Après le Sahel, le Centre Nord est la deuxième région burkinabè avec le plus grand nombre de déplacements internes.
Ces personnes déplacées ont été forcées de quitter leurs foyers pour fuir les violences perpétrées par les groupes armés. Kongoussi l’une des principales villes de la région, subit régulièrement des tentatives d’incursions de ces groupes, repoussées par les forces de sécurité burkinabè. La ville, devenue le refuge de centaines de milliers de déplacés des villages environnants, est submergée par les nouveaux arrivants.
J’ai laissé toute ma vie derrière moi. Nous discutions sous un arbre, quand il y a eu une explosion, nous avons fui. Les vêtements que je porte aujourd’hui sont les mêmes avec lesquels je suis venu il y a 4 mois.
Des conditions de vie extrêmement difficiles
Les familles de déplacés vivent dans des conditions extrêmement difficiles avec peu de nourriture, un accès à l’eau potable et aux soins de santé restreints. Les équipes de Médecins Sans Frontières répondent à ces besoins en fournissant soins de santé, eau potable et kits de produits de première nécessité.
Cet afflux de déplacés pèse également sur les communautés d'accueil. Abidina et ses 16 enfants ont été accueillis par une famille hôte. Le trajet qu’il a effectué avec sa famille, de son village natal de Zana à Kongoussi fût difficile et semé d’embûches. Abidina a passé cinq mois à Bourzanga, une année à Rollo et cela fait maintenant 41 jours qu’il est au camp Lasalle. Avec sa famille, il aura passé 18 mois et 11 jours en mouvement, se déplaçant en charrette. Trois de ses enfants sont nés durant leurs déplacements. Abidina garde espoir même si la situation est compliquée pour ses enfants déscolarisés. L’un d’eux, Azera, a bénéficié d’un référencement de MSF vers l’hôpital de Ouagadougou après avoir été renversé par une moto.
« Nous avons souffert avant d’arriver à Kongoussi. Souffert de la soif et de la faim, nos conditions de transport étaient extrêmement difficiles » nous dira l’épouse d’Abidina.
Le « Club des femmes », ressource précieuse pour la santé des mères et des nouveau-nés
De nouvelles initiatives lancées par MSF ont vu le jour comme le Club des femmes. Chaque semaine, depuis presqu’un an des clubs réunissent au camp Yennanga 259 mamans déplacées, pour améliorer la santé maternelle et celle des nourrissons à travers des séances de sensibilisation, il y en a eu à ce jour 87 qui ont permis d’informer plus de trois cents mères.
Réparties en trois groupes : les femmes enceintes, les mères allaitantes de 0 à 6 mois et les mères allaitantes de 7 à 24 mois, des kits de produits pour bébés leurs sont distribués tous les trois mois. Ladifatou, 23 ans et mère de deux garçons est la « maman leader » de l’un de ces clubs. Elle conseille d’autres mères du camp sur la santé reproductive, la planification familiale, la vaccination ou l’allaitement inclusif. Depuis l’ouverture du club, il n’y a plus de grossesses rapprochées, l’hygiène s’est grandement améliorée et la malnutrition a diminué. Ce club a changé sa vie et celles des femmes qui y participent.
Le club est devenu un lieu de rencontres, d’échanges et d’épanouissement. C’est comme une thérapie.
« Les déplacés » - une bande dessinée d'El Marto
En janvier 2023, le dessinateur de BD franco-burkinabé Grégory Dabilougou, de son nom d'artiste "El Marto", s'est rendu dans la région et a accompagné les équipes locales de Médecins Sans Frontières (MSF) dans leur travail quotidien. Il a relaté ses expériences dans le reportage BD suivant.
Médecins Sans Frontières soutient le ministère de la Santé du Burkina Faso à Kongoussi et Kaya, deux villes de la région Centre-Nord où la plupart des personnes déplacées cherchent refuge.
Nos équipes s'engagent à améliorer l'accès aux soins des personnes déplacées, même si l'accès à la région est de plus en plus difficile. Nos équipes apportent également un soutien aux populations déplacées en leur fournissant de l'eau potable et des biens de première nécessité.
© Nisma Leboul/MSF