Les difficultés poursuivent les réfugiés au Soudan

Soudan, 27.03.2018

Soudan6 min

Le centre d’accueil du camp de Kario est la première étape pour les nouveaux arrivants sud-soudanais avant qu’ils ne s’installent. Chaque jour, les réfugiés sont enregistrés, la plupart d’entre eux viennent du Soudan du Sud.

« Nous n’avions plus de nourriture, plus de travail et n’avons plus eu de maison après que la pluie l’ait détruite. C’est pour cela que je suis partie avec mes enfants de cinq et six ans. J’ai dû laisser mon fils de neuf ans car je ne pouvais pas payer le ticket de bus pour nous quatre. » Amel est  une Sud-soudanaise originaire de Gok Mashar qui vit dans le camp de Kario, dans l’est du Darfour au Soudan. « Je suis venue ici, dans le camp de Kario, dans l’espoir que la vie soit meilleure, mais depuis un mois, je vis dans cette tente d’accueil avec tous les nouveaux arrivants, sans abri convenable. »

Les équipes mobiles MSF se rendent deux fois par semaine pour évaluer les états de santé des nouveaux arrivants, notamment en termes de malnutrition. Elles effectuent des vaccinations et réfèrent, si besoin, les patients vers les structures de santé MSF du camp de Kario.

Des Sud-soudanais poussés vers le Soudan

La violence et le conflit au Soudan du Sud ont déplacé des millions de personnes. Environ un tiers de la population a fui sa maison. Dans le Darfour Est, la majorité a quitté le Soudan pour le Soudan du Sud après l’indépendance en 2011, mais ces personnes sont maintenant forcées de retourner au Soudan à cause du conflit en cours. D’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, actuellement, plus 750 000 Sud-soudanais sont réfugiés au Soudan et 100 000 d’entre eux vivent dans l’est du Darfour où MSF a installé son hôpital dans le camp de Kario en juillet 2017. Abritant autour de 20 000 réfugiés, Kario est le plus grand camp du Darfour Est.

Soudan, 28.03.2018

Avec ses 20 000 réfugiés Sud-soudanais, le camp de Kario est le plus grand de l’est du Darfour.

© Jinane Saad/ MSF

Vanessa Rossi, la coordinatrice terrain MSF dans l’est du Darfour, décrit les conditions de vie des réfugiés dans le camp de Kario : « La plupart d’entre eux n’ont pas de revenu régulier, parfois ils travaillent dans des fermes avec les locaux, mais bien sûr, c’est en fonction des saisons. Ils vivent dans des abris faits de matériaux locaux comme du bois et végétaux. Habituellement, les familles nombreuses de cinq à dix personnes vivent dans de petits espaces surpeuplés, ajoute-elle. Le camp est plein en ce moment, les gens partagent des latrines qui sont à l’extérieur de leurs abris en plus d’être sales et boueuses. La saison des pluies approche et ces difficultés risquent de durer. A la fois dans le camp et autour, il va y avoir beaucoup de zones marécageuses et des eaux stagnantes. »

Les conditions de vie dans le camp sont inquiétantes. Les populations n’ont rien à manger et les enfants sont particulièrement touchés ainsi que les femmes enceintes et celles qui allaitent. Si la tendance se poursuit, il est fort probable que les cas de malnutrition sévère augmentent en particulier au début de la période de soudure, entre mai et octobre.

Mohamed Zakria, médecin MSF, décrit la situation sanitaire dans le camp : « à cause de la chaleur et de la poussière, nous voyons beaucoup de cas d’infection des voies respiratoires supérieures, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans, ainsi que des pneumonie, des cas de déshydratation et quelques cas de paludisme.  Nous traitons aussi de nombreuses nouveau-nés atteints de septicémies (une infection bactérienne de leur sang), poursuit-il, et des septicémies puerpérale (une infection génitale qui survient pendant ou après le travail) chez les femmes. Cela se produit car beaucoup d’accouchements ont lieu à domicile, sans condition d’hygiène appropriée. Nous devons faire plus en termes d’éducation à la santé, dans le camp et auprès des communautés locales. »

Pour répondre aux besoins de santé de la population et pour effectuer de la prévention, la présence de MSF dans la région est essentielle.

L’impact positif du projet MSF dans le camp de Kario

Ibrahim Korina, un responsable communautaire soudanais qui travaille dans l’équipe administrative du camp, est représentant de la communauté. A propos des activités de MSF à Kario, il précise : « Les soins dispensés par MSF sont disponibles et accessibles à la fois aux réfugiés et aux communautés qui vivaient à Kario avant leur arrivée. »

MSF est intervenue à Kario en juillet 2017 durant une épidémie de diarrhée aqueuse aigüe. MSF a immédiatement ouvert un centre de traitement de 20 lits, jusqu’à ce que le nombre de cas diminue. En parallèle, MSF a transformé le centre de santé de Kario en hôpital qui dispense des soins de santé primaire et secondaire incluant une maternité et des programmes de vaccination et de nutrition à l’attention de 40 000 personnes qui vivent dans la région.

La structure de santé reçoit entre 200 et 300 consultations par jour dans le service ambulatoire à l’attention des réfugiés et des membres des communautés hôtes. L’unité d’hospitalisation comprend 20 lits et les cas urgents sont référés vers l’hôpital de la ville d’Ed-Daein.

Dar Alnaeem, 20 ans, vit dans le village de Kario. « Auparavant, nous avions l’habitude d’accoucher à domicile avec l’aide d’une sage-femme traditionnelle de la communauté, car il n’y avait aucun centre de santé par ici, explique-t-elle. Quand j’ai appris l’ouverture de la maternité dans le centre MSF, j’ai décidé de donner naissance ici, c’est plus sûr. Après l’accouchement, je suis restée en observation avec mon bébé pendant 24h, c’est ainsi que l’on a découvert qu’il avait besoin de rester en observation plus longtemps. »

Depuis l’épidémie de diarrhée aqueuse aigüe de l’année dernière, la prévention est l’une des principales préoccupations. « Maintenant que nous sommes ici, nous pouvons détecter tout foyer potentiel d’épidémie et rapidement mettre en place des mesures pour éviter la transmission et contenir la propagation » conclut Vanessa Rossi.

En décembre, MSF a vacciné contre la rougeole 19 000 enfants pendant une campagne d’immunisation d’une semaine. Chaque jour, une équipe de 25 travailleurs communautaires s’est déplacée dans le camp pour délivrer des messages de prévention.

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L’hôpital MSF de Kario continue d’améliorer son offre de soin afin de répondre aux besoins croissants des patients. Cependant, ces améliorations, les conditions de vie des personnes dans le camp sont terribles. L’inquiétude concerne les besoins primaires comme l’eau, la nourriture, l’assainissement, la disponibilité d’abris appropriés et de latrines qui ne sont pas satisfaits. En particulier, dans le centre d’accueil, les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les réfugiés impactent leur santé mentale. C'est pourquoi les autres acteurs humanitaires devraient améliorer la qualité de leurs services et veiller à ce que des mécanismes de suivi appropriés soient en place pour évaluer leur impact. Actuellement, l'aide fournie à Kario est bien en deçà des standards humanitaires.