La Libye n’est pas un endroit sûr
© Guillaume Binet/Myop
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Au cours des trois derniers jours, la vie des Libyens, des réfugiés et des migrants déjà particulièrement vulnérables est gravement menacée du fait de combats dans Tripoli.
Médecins Sans Frontières (MSF) n’a de cesse de dire que la Libye ne peut être considérée comme un pays sûr, et que les gouvernements européens doivent prendre leurs responsabilités pour venir en aide aux personnes extrêmes vulnérables qui sont bloquées en Libye.
Des vies en danger immédiat du aux combats à Tripoli
Le dimanche 26 août, un conflit a éclaté entre des groupes armés rivaux à Tripoli. Des tirs d’artillerie lourde dans des zones résidentielles ont causé un nombre encore indéterminé de blessés et de morts. La situation extrêmement précaire des quelques 8 000 réfugiés, demandeurs d’asile et migrants coincés et détenus arbitrairement dans les centres de détention de la ville est d’autant plus menacée par ce conflit. Après le début des violences dimanche, certains ont été pris au piège, bloqués pendant deux jours dans la zone des bombardements, et sans aucun accès à la nourriture. D’autres qui ont été relâchés, n’ont eu d’autres choix que de courir pour sauver leur vie, espérant ne pas être pris dans les tirs croisés et atteindre d’autres quartiers de Tripoli.
Depuis le début des combats, à l’intérieur et à l’extérieur des centres de détention, les besoins humanitaires, déjà alarmants, ont encore empiré. Les équipes MSF fournissent des consultations médicales, distribuent de la nourriture, des suppléments nutritionnels et de l’eau à une partie des personnes qui se trouvent encore en centres de détention. MSF ainsi que d’autres acteurs humanitaires ont toutefois un accès très limité à d’autres personnes ayant besoin d’assistance. Les communautés libyennes dans et autour de Tripoli sont également affectées par ces combats et ont des difficultés pour accéder aux soins de santé.
Ces combats démontrent que la Libye n’est pas un endroit sûr pour les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.
« Beaucoup de personnes ont fui des pays en guerre ou passé des mois dans des conditions terribles, retenues captives par des trafiquants, avant d’être enfermées dans ces centres de détention. Ce sont des individus extrêmement vulnérables, et maintenant ils se retrouvent pris au piège de combats, sans aucune possibilité de s’échapper. En premier lieu, ils ne devraient pas être retenus prisonniers simplement parce qu’ils cherchent un asile ou une vie meilleure. Ils doivent être immédiatement relâchés et évacués vers un pays où ils pourront être en sécurité », poursuit Ibrahim Younis.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près de la moitié des personnes bloquées dans les centres de détentions sont des réfugiés fuyant des zones de conflit, comme l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie et le Soudan. Tandis qu’ils sont en droit de recevoir une protection internationale en vertu du droit international, les autorités libyennes, les gouvernements d’Etats sûrs et les Nations unies ont échoué à mettre en place un mécanisme pour traiter ces demandes d’asile. Les Etats européens mettent au contraire en œuvre des mesures pour empêcher les demandeurs d’asile de quitter la Libye.
Parmi ces mesures, le soutien européen aux garde-côtes libyens permet d’empêcher les traversées de la Méditerranée en interceptant les gens en mer et en les ramenant sur les rives libyennes. La grande majorité des personnes qui se trouvent en ce moment dans les centres de détention ont été interceptées en mer et ramenées en Libye. De telles pratiques ont aggravé la surpopulation dans les centres de détention de Tripoli, et les conditions déjà épouvantables dans lesquelles les détenus y sont entassés. La détérioration observée au cours des derniers mois a des conséquences sur l’état de santé physique et psychologique des personnes détenues dans des conditions d’hygiène déplorables et avec un accès limité à l’eau et à des soins de santé.
MSF appelle les gouvernements européens à reconnaître que la Libye n’est pas un endroit sûr. Il faut faire plus pour venir en aide aux personnes qui y sont bloquées et surtout leur permettre d’en sortir.
Présente depuis 2011 dans le pays, MSF travaille dans les centres de détention de Tripoli depuis 2016, en fournissant des soins de santé primaire, du soutien psychologique et des services pour améliorer l’accès à l’eau et l’assainissement. MSF est la seule organisation qui réalise des références pour les urgences médicales pour les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dans les centres de détention. MSF travaille également dans les centres de détention de Khoms, Zliten, Misrata et gère des activités médicales à Bani Walid.
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