Un marathon pour accéder aux soins médicaux de base
© Marta Soszynska/MSF
République démocratique du Congo (RDC)3 min
Dans la province du Sud-Kivu, comme dans le reste du pays, les routes praticables sont rares, les structures de santé sont peu nombreuses et éloignées les unes des autres. Pour de nombreuses personnes vivant en dehors des villes et des zones urbaines, il est normal de marcher des dizaines de kilomètres pour accéder aux soins médicaux les plus élémentaires. Dans le centre de santé de Lulingu, Médecins Sans Frontières (MSF) offre ses services à la population, qui n'a que peu d'accès au soins.
Moulasi vit au Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo. Elle est fatiguée car pour rejoindre l'hôpital de Lulingu, soutenu par les équipes MSF, elle a marché durant deux jours.
Maman de huit enfants, elle a parcouru environ 40 kilomètres depuis son village, Byangama, pour se rendre dans un lieu qui lui prodiguerait des soins de santé gratuits. Une si longue route serait pénible pour n'importe qui. Néanmoins, elle l’est encore plus pour Moulasi, enceinte de huit mois.
Des routes impraticables
Pour MSF, le transport du personnel, du matériel et la référence des patients est un défi. Les moyens de transport utilisés le plus fréquemment sont la moto et la marche. Les défis augmentent durant la saison des pluies où les sentiers se transforment en rivières de boue. Des déplacements de quelques heures prennent alors des journées.
Manque d'accès aux traitements
Le manque d'infrastructures au Sud-Kivu peut avoir des conséquences très graves pour les patient(e)s comme Moulasi. Celle-ci a souffert de complications lors de ses précédentes grossesses et son médecin a insisté pour que cette fois-ci elle accouche à l'hôpital. Toutefois, femmes enceintes et enfants ont plus de difficultés à faire le voyage et sont donc plus exposés. Avec une population de près de six millions d’habitants au Sud-Kivu, des milliers d’individus sont vulnérables face aux maladies et ont peu d’accès aux traitements.
Accoucher sans assistance médicale comporte des risques pour la santé de la mère et de l’enfant.
« Toutefois la plupart des femmes n’ont pas d’autre choix, car les trajets sont trop difficiles à effectuer à pied vu leur état de santé », poursuit Luz Linares.
Les femmes et les enfants ne sont pas les seuls à souffrir du manque d'infrastructures dans la région. De nombreux hommes pris au piège dans des conflits intermittents se retrouvent blessés et ne peuvent pas correctement se soigner. Ces affrontements engendrent par la suite des déplacements de population.
Des maladies endémiques pouvant être mortelles
Par ailleurs, des maladies telles que le paludisme et le choléra sont endémiques dans la région et peuvent être mortelles si elles ne sont pas traitées. L´ensemble de ces facteurs résulte en une combinaison redoutable pour les patients, ainsi exposés à de hauts niveaux de risques et n´ayant que peu de possibilités d´accéder à un traitement rapide.
MSF continue à soigner tous les patients qui arrivent aux centres de santé et renvoie les cas les plus urgents aux zones urbaines, tout en prenant en charge les frais de transport. Cependant, sans amélioration des infrastructures de base, sans routes praticables et sans liens avec les communautés isolées, les patients vulnérables demeureront contraints de faire de longs et périlleux trajets pour accéder aux soins de santé.
© Marta Soszynska/MSF