Nord-Ouest de la Syrie: des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire pour survivre
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En Syrie, 2.7 millions de ces personnes sont déplacées internes et plus de la moitié vivent dans des camps gérés par des organisations humanitaires. La plupart d’entre elles dépendent totalement de l’assistance des ONG pour survivre. Beaucoup souffrent des conditions de vie difficiles, du manque de soutien en santé mentale ou d’accès à des services médicaux tels que la vaccination. Il est fréquent de voir de voir des personnes souffrant de problèmes dermatologiques telles que la gale ou la leishmaniose ou de conditions médicales telles que le diabète ou d’autres maladies chroniques.
Muhammad Hassan et sa famille ont été déplacés vers un camp du nord-ouest de la Syrie quand leur maison a été détruite par des bombardements intenses en 2019. Muhammad a été grièvement blessé au niveau de la jambe et il a dû subir une opération chirurgicale difficile, impliquant l’insertion de plaques de métal dans sa cuisse. Aujourd’hui encore, il souffre de douleur chronique et sa santé psychologique est également affectée. Il est toutefois compliqué de traiter ses souffrances mentales et physiques sans que ses besoins les plus basiques ne soient comblés. Et cela semble presque impossible, compte tenu de ses conditions de vie.
« Les activités de beaucoup d’organisations humanitaires ont réduit ces derniers mois, en particulier au niveau des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène ainsi qu’au niveau des distributions de paniers alimentaires et de kits d’hygiène », explique Osama Joukhadar, Manager de la logistique pour MSF. « Avec nos activités du mois dernier, nous avons essayé de combler ces manques. Mais nous souffrons de cette augmentation des besoins et du manque de ressources au nord-ouest de la Syrie et cela ne va qu’empirer si Bab-al-Hawa, le dernier point d’entrée dans cette zone, est fermé. »
Tension et inquiétude permanentes
« Notre vie dans le camp est faite de soucis, d’angoisse et de souffrance », raconte Muhammadd. « On souffre du froid en hiver et de la chaleur extrême en été ».
Muhammad est fermier. La terre qu’il possédait était son seul moyen de subsistance et en la perdant, il a aussi perdu son moyen le plus basique de survie. Aujourd’hui, il dépend entièrement de l’aide humanitaire. Pour le traitement de sa jambe, il se rend dans un hôpital cogéré par Médecins Sans Frontières (MSF), où il peut être soigné gratuitement.
Muhammad est l’une des 4 millions de personnes qui vivent dans le nord-ouest de la Syrie. Parmi elles, les Nations Unies estiment qu’environ 3 millions ont besoin d’une forme quelconque d’aide humanitaire. Les dix ans du conflit syrien, la pandémie de Covid-19 et la crise économique sévère qui touche le pays n’ont fait qu’aggraver la vulnérabilité de la population, ainsi que sa dépendance vis-à-vis de l’assistance humanitaire dans la région.
Une dépendance croissante à l'égard de l'aide humanitaire
Au nord-ouest de la Syrie, MSF offre des soins médicaux gratuits et de qualité, au sein des camps et en dehors. Nos services vont du traitement des blessures traumatiques, aux soins de maternité et de pédiatrie, aux campagnes de vaccinations ayant pour objectif de prévenir la transmission de maladies mortelles. MSF soutient actuellement huit hôpitaux, dont une unité de brûlés, ainsi que 12 centres de santé primaire, 5 ambulances et 14 cliniques mobiles dans plus de 80 camps dans la région.
En entendant ces chiffres, on peut penser que les organisations humanitaires font déjà beaucoup mais les besoins restent énormes. Des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire dans cette zone, et peu importe où l’on regarde, on ressent le besoin de faire plus pour aider cette population. Mais c’est extrêmement difficile. L’insécurité constante, ainsi que les contraintes d’accès et d’approvisionnement limitent énormément la capacité de MSF et d’autres acteurs de fournir cette assistance humanitaire dont les gens ont désespérément besoin.
Dans un autre camp du nord-ouest de la Syrie, Omar Sarhan, qui vit également dans un camp de déplacés, souffre de diabète et d’hémiplégie. Il ne peut pas bouger sa main ou sa jambe et il a besoin de l’aide de ses proches pour se déplacer. Omar ne peut pas travailler et dépend totalement de l’assistance des ONG. « J’ai été déplacé de mon village l’année dernière et j’ai trouvé refuge dans ce camp. La vie ici est vraiment difficile. On reçoit peu de nourriture et les conditions sanitaires sont très sommaires ».
L’un des problèmes les plus basiques que rencontre Omar est sa capacité à se rendre aux toilettes. Dans le camp, les latrines sont loin des tentes et partagées par tous les habitants. La route pour y accéder est boueuse et n’est pas pavée, ce qui rend l’accès particulièrement difficile pour les personnes en situation de handicap ou en fauteuil roulant.
La fermeture du poste frontalier aggraverait considérablement la situation
En complément de ses activités médicales, MSF offre des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène dans environ 90 camps pour personnes déplacées dans le nord-ouest de la Syrie. L’organisation distribue des kits d’hygiène (composés de savon, de serviettes et autres produits hygiéniques), construit des latrines et des toilettes, mène des travaux d’assainissement et de collecte des déchets et installe des réservoirs d’eau. Au moins de juin 2021, MSF a distribué 6 000 kits d’hygiène dans 60 camps, et près de 29 000 mètres cubes d’eau à plus de 30 000 personnes déplacées. Les équipes de MSF ont aussi construit 100 latrines et distribué 240 chaises adaptées pour que les personnes âgées et en situation de handicap puissent aussi utiliser les latrines installées dans 17 camps.
La population au nord-ouest de la Syrie redoutent la date du 10 juillet 2021, jour d’expiration de la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies (UNSCR 2533) concernant l’aide transfrontalière pour l’acheminement d’aide humanitaire dans la zone. Plus de 4 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des déplacés internes, risquent de perdre accès à une aide humanitaire et médicale dont ils ont désespérément besoin si cette résolution n’est pas renouvelée.
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